19h42 : L’audience reprend. Un dernier témoin va déposer. C’est un ami de Nordahl Lelandais, c’est le patron de la femme qui a fait la fête avec l'ancien maître-chien après les faits.
19h45 : "Nordahl était un ami très proche. Qui est entré dans ma vie et que j’ai aimé comme il était. Et aujourd’hui c’est plus le cas. Je n’ai que des moments sympas avec lui, des vacances, des barbecues, des bonnes tables , des bons verres… et aujourd’hui on se retrouve ici (au tribunal)."
"Il était attentionné avec ses proches, avec nos enfants. C’était un super pote."
L’homme est très éprouvé : "Je comprends ce qui passe mais j’arrive pas à l’associer à ça. Qu’une seule personne puisse faire ce grand écart".
19h48 : "Même si je prévenais au dernier moment pour m’aider, il était là. Toujours agréable au contact. Un ami que j’aimais recevoir chez moi même quand c’était pas prévu. Il venait dans mes locaux professionnels, c’était ma récréation. Des amis qui s’aiment, qui se respectent. On a tous nos secrets mais…. pas des secrets comme ça."
19h53 : "Il était dans le cercle le plus intime que j’ai. J’avais confiance en lui. Il était au baptême de ma fille, un des jours les plus beaux de ma vie."
Le président demande comment est née leur amitié, car les deux hommes ont deux visions du monde du travail très différentes, le témoin étant chef d’entreprise.
"C’était Nono le rigolo, on faisait des conneries de jeunes de 30 ans. Je me fiche de savoir combien il gagne ou combien il gagne pas."
20h04 : "C’était pas un foudre de guerre au travail. Je lui rappelais, il pouvait l’entendre parce qu’on était potes. Mais je le jugeais pas. Les relations amoureuses c’était pareil. Je lui disais ‘apprends à te séparer’, t’es pas obligé de te séparer en mauvais termes, d’être ennemis."
L’homme est particulièrement ému mais il témoigne avec beaucoup de dignité : "Dans mon cerveau, c’était évident que c’était pas lui parce que je l’avais mis dans mon cercle intime. Je disais à sa mère de lui transmettre mon soutien et que bientôt on en rigolerait autour d’un verre. Mais le jour où il y a eu cette preuve pour Maëlys et les aveux, j’ai appelé la maman de Nordahl pour lui dire que je ne pouvais plus soutenir Nordahl. J’étais son ami et j’ai choisi de ne plus l’être".
20h17 : Le soir du 11 avril 2017, Nordahl Lelandais avait dîné chez le témoin. Le président de la cour demande s’il avait observé un changement de comportement en 2017. "Il était comme nous tous. Des jours avec et des jours sans."
Le témoin se trouvait aussi à la soirée au carré Curial 36 heures après les faits, à laquelle Nordahl Lelandais s’était invité : "On avait passé un bon moment. C’était une très bonne soirée".
"Je ne savais pas qu’il prenait de la cocaïne. Une de ses ex-compagnes m’avait alerté mais je ne l’avais pas prise au sérieux. Je pensais que c’était une rupture qui se finissait pas très bien."20h22 : Le témoin explique que Nordahl Lelandais devenait grave quand il parlait de l’armée. "Mais peut-être que ce qu’il m’a raconté il l’avait vu dans un film". Nordahl Lelandais avait relaté à son ami des scènes de guérilla en Guyane qui n’ont jamais eu lieu.
20h29 : Me Boulloud demande au témoin s’il croit à la version de Nordahl Lelandais.
Réponse : "J’en sais rien. J’y étais pas. Ce que je sais c’est qu’Arthur est mort et que Nordahl était ensuite à la fête."
Le témoin s'adresse à Nordahl Lelandais : "Soulage toi de la vérité, soulage ton âme. Le mal est fait. Vis ce qu’il te reste à vivre plus léger. Mais il faut bien se rendre compte d’une chose, c’est les dommages collatéraux. À côté de la famille d’Arthur Noyer, à côté de la famille de Nordahl, je suis un petit dommage, mais ça me fait énormément souffrir. Et par respect pour toi-même faut arrêter ce cinéma. D’habitude c’est aux États-Unis ce genre d’histoires, à la télé. Et là je suis devant vous tous pour le sujet le plus grave, un être humain qui fait du mal à un autre. Du groupe de potes, je suis le dernier à avoir cru à ton innocence. Tous les autres l’ont lâché… et m’ont lâché."
20h32 : "Beaucoup d’amis ont de la haine en pensant à Nordahl. Moi j’en ai pas… que de la peine. Il s’est bousillé lui-même".
20h33 : Me Jakubowicz au témoin : "Je veux juste vous dire que je suis heureux de vous avoir rencontré. Merci pour ce moment d’humanité dans cette audience qui en avait tant besoin".
20h38 :
Nordahl Lelandais à son ancien ami : "T’as tout dit. Tu as reparlé du moment où tu m’as demandé pour la cocaïne, je regrette de pas te l’avoir dit. T’étais comme mon grand frère. À côté de toi je suis pas courageux… en tout… le travail, les filles. Je parle souvent de toi avec mon avocat, les soignants. Je sais pas quoi te dire tellement j’ai honte. Toi tu resteras toujours dans mon cœur. T’es pas venu au parloir, je le comprenais largement."
Le président demande : "Le courage n’est-ce pas faire un pas vers la vérité ?"
Nordahl Lelandais : "J’essaye de la dire depuis le début mais tout le monde me dit c’est pas comme ça."
Nordahl Lelandais a dit au témoin "Merci d'avoir été mon ami". En quittant la salle, ce dernier lui a fait un signe de la main en direction du box des accusés. L'ancien maître-chien lui a répondu du même geste avant de se prendre la tête dans la main.