Si vous préférez les Stones à Beethoven, Metallica à Miles Davis, vous tenez une piste pour connaître votre statut hormonal. Les causes des différences individuelles concernant les préférences musicales ne sont pas élucidées à ce jour mais les recherches récentes dans ce domaine révèlent les relations entre les préférences musicales et le taux de testostérone. Les hommes dont le taux de testostérone est élevé sont moins susceptibles d'apprécier une musique sophistiquée : musique classique, jazz et musique d'avant-garde.
Fonction endocrinienne et préférences musicales
Les hormones sont des messagers chimiques qui remplissent de nombreuses fonctions dans notre organisme. Elles interviennent dans de nombreux processus : la croissance, la nutrition, la reproduction, les rythmes biologiques etc. De nombreux traits comportementaux sont également influencés par le statut hormonal des sujets. Une équipe de chercheurs, Hirokazu Doi et al. de l'université de Nagasaki [1], à partir de ce constat, a exploré les relations entre la fonction neuroendocrinienne et les préférences musicales.
L'étude a impliqué 37 auditeurs japonais de sexe masculin et 39 auditrices, âgés d'une vingtaine d'années dont la majorité étaient des étudiants. Un questionnaire rempli par les participants précisait des données démographiques, l’expérience musicale ; un autre évaluait les traits de personnalité des participants selon le « Big Five »[2]. Les chercheurs ont mesuré le niveau hormonal de chaque auditeur et auditrice en analysant les concentrations de testostérone salivaire.
Chaque auditeur était amené à écouter 25 extraits musicaux de quinze secondes sélectionnés pour représenter une large gamme de styles de musique classés selon cinq dimensions, les effets émotionnels, et à les évaluer selon une échelle allant de « j’aime beaucoup » à « je n’aime pas du tout ».
La conclusion principale des chercheurs est de constater une corrélation négative significative entre le niveau de testostérone et la préférence pour la musique sophistiquée, la musique classique, le jazz et la musique d'avant-garde.
« Je pense, déclare l’auteur principal de l’étude Hirokazu Doi de l'Université de Nagasaki, que le taux de testotérone influence d’une manière ou d’une autre le fonctionnement cérébral de certaines régions cérébrales ».
Pourquoi la testostérone influence nos goûts musicaux ?
La testostérone selon ces chercheurs pourrait affecter l’amygdale, la zone de cerveau qui contrôle les émotions et réagit aux expériences agréables.
« Il s’agit à notre connaissance, écrit l’auteur de cette étude publié dans le journal Personality and Individual Differences, de la première démonstration du lien entre prédisposition biologique et préférence musicale. »
Les chercheurs soulignent que cette relation testostérone et préférences musicales n’est pas retrouvée chez les femmes, tout simplement parce que les femmes ont un taux de testostérone significativement plus faible.
Les chercheurs ont avancé une hypothèse explicative. Les sujets avec de haut taux de testostérone, en particulier les hommes, ont une plus forte inclination à la recherche de domination et un comportement plus antisocial, « rebelle ». De ce fait ces sujets sont plus enclins à apprécier des musiques bien moins acceptées par les normes sociales et les figures parentales, une musique moins sophistiquée mais plus « rebelle », comme le hard rock, le heavy metal.
Hirokazu Doi et son équipe n'ont trouvé aucune corrélation convaincante entre la préférence musicale et le type de personnalité mesuré dans cette étude par le Big Five. Mais pour autant ces relations ont fait l’objet d’études antérieures réalisées sur d’autres bases [3]. La plupart des recherches sur les goûts musicaux se sont orientées sur le rôle de la personnalité d’un individu ; les extravertis ont tendance à aimer la musique pop par exemple, mais ces recherches sont insuffisantes pour apporter des réponses définitives à ce sujet.
Hirokazu Doi commentant ces résultats explique que si la testostérone influence le choix musical, il est fort probable qu'il y ait d'autres hormones qui jouent un rôle important dans la formation de nos préférences musicales, sans parler des autres formes d'art.
La musique fait partie intégrante de la vie quotidienne. Il y a de grandes variations dans les modèles de préférence pour la musique et on peut penser si on fait une analyse critique en mentionnant l'intérêt de cette recherche, que la testostérone reste une part probablement faible de ce que la préférence musicale constitue.