Montbrun
2021-04-19 22:49:08
Extrait de "La Gauche est une maladie mentale" d'Adrien Abauzit pages 103, 104, 105, 106, 107, 108 et 109 :
La Réalité
L'homme de gauche se caractérise par le fait qu'il organise sa vie de façon à ce qu'il n'ait pas à mettre en pratique ses convictions politiques. Mais si par accident il se retrouve face au monde que ses idées et ses actes ont construit, alors, dans les faits, souvent, il déguerpit et renie ses convictions sans demander son reste. Ce phénomène est le signe que l'homme de gauche doute souvent du bien-fondé de sa bonne conscience. Pour illustrer ce propos, penchons-nous sur l'eclairante affaire de l"évitement solaire".
Il est bon de rappeler que les bourgeois de gauche sont les premiers à "tricher" avec les cartes scolaires pour éviter que leurs enfants ne partagent leurs bancs avec les fils et filles de l'immigration extra-européenne ; immigration qu'ils appellent pourtant de leurs vœux lors de chaque élection. Pour l'homme de gauche, il est acquis que ceux qui luttent contre l'afro-islamisation de la France, et qui en conséquence plaident pour la remigration, sont des crypto-nazis.
Dans les faits, le gauchiste cohérent avec ses principes devrait donc se fondre avec joie dans l'afro-islamisation du territoire français. Mais ainsi que nous allons le voir, loin d'accepter la réalité qu'il a façonnée, le gauchiste se comporte comme les crypto-nazis qu'il dénonce en pratiquant ce qu'il convient d'appeler une véritable ségrégation raciale.
Un article de Libération en date du 17 janvier 2018, *Les Parents déchirés par l'école*, nous révèle à quel point les bonnes conscience de gauche sont convaincues par leur idéaux :
"C'est un iceberg que personne ne voit venir. **Qui met à l'épreuve, parfois violemment, dans les familles de gauche, des valeurs qui semblaient ancrées pour la vie.** Une déchirure intime, un rite de passage citoyens et politique, **La Première occasion majeure, souvent, de confronter ses actes à son discours politique.** L'aîné entre en sixième.
Ceux qui y sont confrontés étaient partis gentrifier les quartiers populaires, ils s'étaient éloignés du centre-ville parce que l'immobilier n'y était plus accessible, **ils aimaient croiser leurs voisins d'origine et de classe sociale diverses le dimanche matin au marché [sic]. Ils comprennent désormais que vivre dans le quartier, dans cette Banlieue, c'est aussi faire grandir les enfants ensemble.** Mais le collège public du secteur a mauvaise réputation. Dans les palmarès des meilleurs collège, il est moins bon que celui du pâté de maisons d'à côté. D'année en année, les collégiens n'y reflètent plus vraiment la diversité du quartier. Parfois même, il est devenu un "collège ghetto", tant de nombreux parents ont déjà préféré l'éviter à leurs enfants.
Dans les dîner entre copains, dans les familles et au sein du couple, les discussions se tendent. Puis il y a cette phrase qui résume tout : **"La mixité sociale ne se fera pas sur le dos de ma fille !"** Un cri de désespoir que le philosophe Patrick Savidan comprend bien :
«Parce qu'il n'a pas pris au sérieux le problème de la mixité à l'école, l'État met les parents en demeure de choisir entre leur enfant et la solidarité.» «A mes amis qui trichent avec la carte scolaire», avait suscité de nombreuses réactions tant de la parts des "tricheurs" que des parents excédés par les petits arrangements de leurs voisins.
Comment articuler, au plus profond de soi, cette décision de ne pas scolariser son enfant dans le quartier, quand on se réclamait en primaire de l'esprit laïque de l'école de la République, et qu'on se faisait élire représentant FCPE aux conseils d'école ? Comment justifier quotidiennement ce grand écart entre le dire ("je pense qu'il est important que chacun s'engage pour lutter contre les inégalités";) et le faire ("je préfère garantir à mon enfant un entre-soi rassurant";) ?
La mort dans l'âme
Certains parents, lucides, **assument d'avoir fait le deuil de certaines convictions** et expliquent, sans fierté mais sans faux-semblant, **avoir établi, la mort dans l'âme**, une priorité : **mon enfant vaut plus que mes principes.** D'autres tentent la quadrature du cercle et plaidant le cas particulier. Le petit dernier est trop "fragile". Le grand s'est prit d'une soudaine passion pour le tuba... Ça tombe bien, le collège réputé d'à côté propose justement une option instruments à vent. Ou, version plus politique : "Tant que le privé ne sera pas contraint à jouer le jeu de la mixité, pas de raison que je le fasse (et en attendant je met l'enfant dans le ledit privé)". Entre les mots, il s'agit de se persuader qu'on est toujours de gauche. Qu'on pense toujours "bien".
«Des parents qui ont toujours joué le jeu du public et de la mixité se retrouvent dans certains quartiers face à un choix cornélien - ghetto ou privé - à cause d'un manque de coordination de la puissance publique», estime Julien Grenet, enseignants à l'école d'économie de Paris, qui a participé au projet de multisectorisation mis en place à la rentrée dernière à Paris visant à casser certains ghettos scolaire. On ne peut pas leur en vouloir de dire non. Ce qui est choquant, c'est que certains parents, très armés intellectuellement, s'aveuglent et nient la ségrégation avec de faux arguments."
Il faut souvent que le sujet arrive sur la place publique pour qu'on prenne conscience de ses contradictions... Dans le regard des autres. Philippe Darriulat, adjoint PS aux affaires scolaires de la Mairie du XVIIIe, y est constamment confronté. Entre la très chic avenue avenue Junot et les difficultés sociales de la porte Montmartre, l'arrondissement est sans doute, à Paris, celui où le grand écart est le plus net.
Du coup, toute modification, même marginale, de la carte scolaire prend une dimension quasi traumatique. «Quand j'ai voulu envoyer 30 élèves plutôt favorisés de l'autre côté du boulevard Barbès car leur établissement était plein, ça a été le branle-bas de combat et les menaces judiciaire. **Les parents ont finalement alerté la presse,** et là effet boomerang, ils ont compris que leur combat n'était pas si consensuel...» Tout à leur combat de vouloir le mieux pour leurs enfants, ils n'avaient pas perçu que, cette fois-là, au yeux des leurs, ils n'étaient pas du bon côté.
Injonction contradictoire
«Les parents se trouvent pris dans un tissu d'injonction contradictoire. **Ce ne sont pas des égoïstes ni de mauvais citoyens. Mais ils tranchent désormais en faveur d'une solidarité restreinte,** la solidarité intergénérationnelle en faveur de leur enfant, au détriment d'une solidarité publique», analyse Patrick Savidan, qui a justement consacré un livre à ces choix terribles, *Voulons-nous vraiment l'égalité* (Albin Michel 2015) : comment se fait-il qu'en France, où la passion de l'égalité est bien réelle, nous optons pour des choix (contourner la carte scolaire, "optimiser" ses impôts...) Qui creusent les disparités sociales ? Le philosophe, professeur de philosophie politique à l'Université Paris-Est - Créteil et président de l'Observatoire des inégalités, a un joli mot pour résumer ces mauvais choix : l'akradia. «En philosophie depuis l'antiquité, c'est une faiblesse de la volonté. Agir de manière contraire à ce qu'on sait être le meilleur. Ce n'est pas vraiment immoral, pas vraiment irrationnel, c'est le résultat d'une injonction contradictoire. Il serait trop facile de dire que les parents sont hypocrites. La question importante c'est : pourquoi ?»