zarathoustra45
2021-04-11 22:28:32
https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/mon-corps-mappartient-la-sterilisation-volontaire
À 27 ans, Florence, ambulancière-pompier à Besançon, fête les 4 ans de sa stérilisation volontaire et définitive. Elle ressemble à une amazone rousse et tatouée, comme ces femmes de plus en plus jeunes et sans enfants qui font ce choix politique et féministe, contre vents et marées.
À 27 ans, Florence est ambulancière et pompier. Son enfance, au même titre que sa venue au monde, a été compliquée. Après un déni de grossesse et des tentatives d’auto-avortement, sa mère accouche pour divorcer rapidement. Les seuls souvenirs qu’elle conserve ne sont guère heureux.
L’arrivée sur terre était pas top. À deux ans, les parents divorcent. Jusqu'à mes dix ans, ça a été compliqué.
Montrant peu d’affection, sa mère ne l’épaule pas lorsque la puberté arrive précocement - notamment les règles à 9 ans et demi.
J’ai un peu cherché des réponses toute seule, et pas forcément de la meilleure des manières. Quand j’ai eu treize ans, j’ai vécu des choses pas forcément drôles avec un garçon, beaucoup plus âgé que moi, et qui a profité de ma naïveté pour pouvoir tirer des choses de moi.
Florence se retrouve enceinte à 14 ans. Une grossesse qu’elle découvre par accident, en demandant à sa mère pourquoi elle n’a pas ses règles. Chez le médecin de campagne, elle connait sa première IVG médicamenteuse.
Ce premier IVG n’a eu aucune conséquence sur moi à l’époque, parce que je n’en avais pas conscience. Je l’ai su bien plus tard, j’avais peut être seize ou dix-sept ans.
Rapidement, la jeune femme devient la Cendrillon de sa famille, au milieu de son frère et de sa soeur. Elle ne connaît pas la vie sociale de son âge : pas de week-end, pas de fêtes, pas de sorties avec les copains et les copines.
Dès que j’ai été en capacité de gérer une maison, j’ai vraiment été une petite adulte à m’occuper de mes frères et soeurs comme si c’étaient mes enfants, et à avoir des responsabilités. Tout ça, ça me permettait d’exister [dans la famille]. […] Je pouvais pas rentrer de l’école à 16H30 et aller me poser dans ma chambre. C’était inimaginable.
À 15 ans, Florence fréquente des filles, ce qui ne plaît pas forcément à sa mère :
Ma mère me disait : « Bah non, ma fille, tu vas te marier comme tout le monde, tu vas nous pondre des gamins comme tout le monde, et puis c’est tout quoi ! ». Mais je n’avais aucune envie de reproduire ça.
Elle finit toutefois par sortir de cette emprise à sa majorité. Elle annule son baptême, se maquille, se rase et se fait tatouer.
J’ai vraiment eu l’impression de sortir de ma campagne quand j’ai eu 18 ans. J’ai commencé à aller où mes jambes me menaient. J’ai découvert pleins de trucs, j’allais dans des bars LGBT, où l’on discutait de trop de trucs ; j’ai rencontré des personnes trans, alors que je ne savais pas ce que c’était à l’époque ; je sortais avec des hommes, des femmes, un peu de tout à vrai dire. Je me suis rendue compte que j’avais un avis sur tel sujet, un avis sur un autre, et en fait on m’avait jamais permis de penser.
Alors qu'elle se construit en tant que femme, le schéma social qui pèse sur elle ne lui plaît pas. Florence souhaite échapper au prisme de la maternité. Sa sensibilité à la cause écologique renforce d'ailleurs son absence d'instinct maternel : elle ne se voit pas avec un enfant. Pour couronner le tout, les moyens de contraceptions "traditionnels" échouent :
En tout, j’ai fait sept IVG dans ma vie, si on compte celui que j’ai fait jeune. On dit que la pilule est efficace à 99% : bah il reste forcément 1%, et ce pour-cent a été deux fois pour ma pomme. Il y a eu des ratés.
Je vous laisse découvrir la suite les kheys