HAGRITE
(peut-être : D’Agar).
Apparemment un peuple de bergers qui résidaient dans des tentes à l’E. de Guiléad. Sous le règne de Saül, les Israélites vivant à l’E. du Jourdain battirent les Hagrites et prirent 100 000 captifs et des milliers de chameaux, d’ânes et de moutons (1Ch 5:10, 18-22). Le psalmiste mentionna les Hagrites parmi d’autres ennemis d’Israël, tels que les Édomites, les Moabites, les Ammonites et les Amaléqites (Ps 83:2-7). Cependant, sous le règne de David, Yaziz le Hagrite était responsable du petit bétail du roi. — 1Ch 27:31.
De nombreux spécialistes pensent que les Hagrites étaient probablement les Agraïoï dont parlaient Strabon, Ptolémée et Pline, géographes de l’Antiquité. On ne peut établir avec certitude qu’ils descendaient d’Agar, comme certains le supposent.
YEBOUS
(peut-être d’une racine qui signifie “ fouler aux pieds, piétiner ”), YEBOUSITE.
Yebous était une ancienne ville des Yebousites sur l’emplacement de ce qui est Jérusalem aujourd’hui.
À l’époque d’Abraham, avant l’an 1900 av. n. è., ce lieu était appelé Salem (qui signifie “ Paix ”), terme qu’on retrouve dans le nom Jérusalem, et qui en est peut-être une abréviation (Hé 7:2). Il est question d’Ourousalim (Jérusalem) dans les Tablettes d’el-Amarna, trouvées en Égypte. En outre, dans les livres de Josué, des Juges et de Un Samuel, qui rapportent des événements antérieurs à la prise de la ville par David, l’endroit est souvent appelé Jérusalem (Jos 10:1, 3, 5, 23 ; 12:10 ; 15:8, 63 ; 18:28 ; Jg 1:7, 8, 21 ; 19:10 ; 1S 17:54). Il n’est nommé Yebous que dans deux passages (Jg 19:10, 11 ; 1Ch 11:4, 5). En Josué 18:28, le mot Yevousi figure dans l’hébreu, la terminaison en i désignant un peuple, les habitants de la ville.
Dès lors, la plupart des biblistes sont d’avis que la ville portait à l’origine le nom de Jérusalem (ou peut-être de Salem), et qu’elle ne fut appelée Yebous qu’occasionnellement, à l’époque où elle était occupée par les Yebousites. Par ailleurs, de l’avis général, “ Yebous ” était une abréviation, non de Jérusalem, mais de Yebousites, nom qui désignait ceux qui furent un temps les habitants de l’endroit. Après que David se fut emparé de la forteresse de Sion et qu’il y eut établi sa résidence royale, celle-ci fut parfois appelée la “ Cité de David ”. — 2S 5:7.
Les Yebousites, qui occupaient cette ville et les alentours, descendaient de Cham et de Canaan (Gn 10:15, 16, 20 ; 1Ch 1:13, 14). Lorsqu’ils sont cités avec les peuples qui leur étaient apparentés (les Hittites, les Guirgashites, les Amorites, les Cananéens, les Perizzites et les Hivites), d’ordinaire les Yebousites sont mentionnés en dernier, peut-être parce qu’ils étaient les moins nombreux (Dt 7:1 ; Jg 3:5). Ils sont présentés comme des montagnards (Nb 13:29) et, figurément parlant, on disait que leur pays était “ un pays ruisselant de lait et de miel ”. — Ex 3:8, 17.
Jéhovah promit à Abraham de lui donner le pays des Yebousites, à lui et à sa semence (Gn 15:18-21 ; Ne 9:8). Pour réaliser sa promesse, il fit sortir d’Égypte son peuple choisi ; lorsque les Israélites traversèrent le Jourdain, Dieu envoya son ange en avant d’eux, en leur ordonnant de se montrer forts et d’expulser tous ceux qui leur résisteraient (Ex 13:3-5 ; 23:23 ; 33:1, 2). Ils ne devaient pas conclure d’alliance avec les Yebousites et les autres Cananéens, ni s’allier par mariage avec eux. Ils étaient au contraire tenus de les vouer à la destruction totale, en ne laissant en vie rien de ce qui respire, ‘ afin qu’ils ne leur enseignent pas à faire selon toutes leurs choses détestables ’. — Ex 34:11-16 ; Dt 20:16-18.
Devant le succès que rencontraient les Israélites dans leur conquête du pays — la prise de Jéricho et de Aï, ainsi que la capitulation des Guibéonites —, le roi des Yebousites Adoni-Tsédeq prit la tête d’une ligue de cinq rois résolus à endiguer l’invasion (Jos 9:1, 2 ; 10:1-5). Dans la bataille qui s’ensuivit, durant laquelle Jéhovah fit s’arrêter le soleil et la lune, les armées de la coalition furent battues. Les rois furent capturés et mis à mort, et on attacha leurs cadavres sur des poteaux, à la vue de tous (Jos 10:6-27 ; 12:7, 8, 10). C’est peut-être à la suite de cette victoire que les Israélites mirent le feu à Yebous et la brûlèrent totalement. — Jg 1:8.
À la fin de sa campagne de conquête au S. et au centre de la Terre promise, Josué s’occupa de la partie nord de l’O. du Jourdain. Les Yebousites se rallièrent de nouveau pour lui résister, cette fois sous la bannière de Yabîn, roi de Hatsor, mais cette fois encore, grâce à l’aide de Jéhovah, Israël les vainquit (Jos 11:1-8). Néanmoins, après l’incendie de Yebous, et quelque temps avant le partage du pays, les Yebousites étaient maîtres des hauteurs stratégiques de Jérusalem, qu’ils tinrent pendant 400 ans. — Jos 15:63.
Lors de la répartition du pays, la ville de Yebous fut assignée à Benjamin. Elle se trouvait juste sur la frontière entre les territoires des tribus de Juda et de Benjamin (Jos 15:1-8 ; 18:11, 15, 16, 25-28). Mais les Israélites ne chassèrent pas les Yebousites. Au contraire, ils laissèrent leurs fils et leurs filles se marier avec eux et embrassèrent même le culte de leurs faux dieux (Jg 1:21 ; 3:5, 6). Pendant cette période, Yebous demeurait “ une ville d’étrangers ” où, en une certaine occasion, un Lévite refusa de passer la nuit. — Jg 19:10-12.
Enfin, en 1070 av. n. è., David conquit Sion, la forteresse des Yebousites (2S 5:6-9 ; 1Ch 11:4-8). Plus tard, David acheta l’aire de battage (située au N.) d’un Yebousite nommé Arauna (Ornân). Là, il érigea un autel et offrit des sacrifices spéciaux (2S 24:16-25 ; 1Ch 21:15, 18-28). C’est sur cet emplacement que, des années plus tard, Salomon construisit son temple somptueux (2Ch 3:1). Par la suite, dans le cadre du grand programme de construction, Salomon fit travailler comme esclaves les descendants des Yebousites. — 1R 9:20, 21 ; 2Ch 8:7, 8.
La dernière fois qu’il est question des Yebousites, on apprend que ce groupe ethnique était toujours là pour souiller le culte des Israélites lorsque ces derniers revinrent de leur exil à Babylone. — Ezr 9:1, 2.
CHALDÉE, CHALDÉEN
À l’origine, pays et peuple qui occupaient la partie sud de la plaine alluviale de Babylonie, c’est-à-dire le riche delta du Tigre et de l’Euphrate. À une époque, il se peut que ces deux fleuves se soient déversés séparément dans le golfe Persique et que les villes d’Éridou et d’Our aient été des ports maritimes. Mais peut-être que les alluvions déposées par les fleuves au fil des ans comblèrent peu à peu la baie, si bien que la côte fut repoussée au S.-E. et que le Tigre et l’Euphrate se rejoignirent avant d’atteindre la mer. Dans les temps antiques, la ville la plus importante de la région était Our, la cité d’Abraham, que le patriarche et sa famille quittèrent sur l’ordre de Dieu avant 1943 av. n. è. (Gn 11:28, 31 ; 15:7 ; Ne 9:7 ; Ac 7:2-4.) Environ 300 ans plus tard, Satan le Diable poussa des pillards chaldéens à infliger de lourdes pertes au fidèle Job. — Jb 1:17.
Les Chaldéens ayant étendu leur influence vers le N., l’expression “ le pays des Chaldéens ” en vint à désigner toute la Babylonie. Dans ses prophéties, Isaïe annonça cette montée au pouvoir des Chaldéens et leur chute ultérieure (Is 13:19 ; 23:13 ; 47:1, 5 ; 48:14, 20). La domination chaldéenne s’exerça particulièrement aux VIIe et VIe siècles av. n. è. quand Babylone, la Troisième Puissance mondiale, eut pour monarques Nabopolassar, originaire de Chaldée, et ses successeurs : Neboukadnetsar II, Évil-Merodak (Awil-Mardouk), Nériglissar, Labashi-Mardouk, Nabonide et Belshatsar (2R 24:1, 2 ; 2Ch 36:17 ; Ezr 5:12 ; Jr 21:4, 9 ; 25:12 ; 32:4 ; 43:3 ; 50:1 ; Éz 1:3 ; Hab 1:6). Cette dynastie arriva à son terme quand “ Belshatsar le roi chaldéen fut tué ”. (Dn 5:30.) Darius le Mède fut “ fait roi sur le royaume des Chaldéens ”. — Dn 9:1
Très tôt dans l’Histoire, les Chaldéens furent réputés pour leurs connaissances en mathématiques et en astronomie. Aux jours de Daniel, on appelait Chaldéens un groupe spécial de devins qui se disaient versés dans une prétendue science divinatoire. — Dn 2:2, 5, 10 ; 4:7 ; 5:7, 11.
ANAQIM
(Ceux d’Anaq).
Race d’hommes d’une taille extraordinaire qui habitaient les régions montagneuses ainsi que quelques régions côtières de Canaan, principalement dans le S. À une époque, Ahimân, Shéshaï et Talmaï, trois Anaqim en vue, résidaient à Hébrôn (Nb 13:22). C’est là que les 12 espions hébreux virent les Anaqim pour la première fois. Dix de ces espions firent un rapport effrayant de leur rencontre avec ces hommes, prétendant qu’ils descendaient des Nephilim d’avant le déluge et que, comparés à eux, les Hébreux étaient comme “ des sauterelles ”. (Nb 13:28-33 ; Dt 1:28.) La haute taille des Anaqim en vint à servir de référence même pour parler des Émim et des Rephaïm, des hommes à la stature de géant. Leur force semble avoir été à l’origine de cette parole proverbiale : “ Qui peut résister devant les fils d’Anaq ? ” — Dt 2:10, 11, 20, 21 ; 9:1-3.
Au cours de sa campagne éclair à travers le pays de Canaan, Josué vainquit les Anaqim dans les régions montagneuses et détruisit leurs villes, mais il en resta dans les villes philistines de Gaza, d’Ashdod et de Gath. La Bible ne précise pas si les Anaqim étaient apparentés aux Philistins, comme certains le prétendent, ou s’ils n’étaient que leurs alliés (Jos 11:21, 22). Plus tard, Caleb réclama la ville de Hébrôn (Qiriath-Arba) et son territoire, car Dieu les lui avait promis (Jos 14:12-15 ; Nb 14:24). Les Anaqim s’étaient réinstallés dans cette région, peut-être pendant que Josué et son armée poursuivaient leur conquête dans le N. de Canaan, ce qui obligea Caleb à reconquérir ce territoire. — Jg 1:10, 20.
Des formules imprécatoires égyptiennes (trouvées sur des poteries qu’on brisait en signe de malédiction après avoir gravé dessus les noms des ennemis du pharaon) mentionnent peut-être une tribu d’Anaq en Palestine sous le nom Ya-ʽanaq.
QÉNITE
Membre d’un peuple qui résidait en Canaan ou dans ses environs aux jours d’Abram (Abraham). Cependant, les Écritures ne donnent pas de filiation précise permettant de déterminer son origine. — Gn 15:18-21.
Des biblistes, se fondant sur un mot araméen similaire, pensent que “ Qénite ” signifie “ forgeron ”, mais ce n’est pas sûr. Pour sa part, la Bible ne présente pas les Qénites comme des forgerons ; en revanche, elle semble indiquer qu’au moins quelques-uns d’entre eux étaient bergers (voir Ex 2:15, 16 ; 3:1 ; Jg 1:16). Une autre hypothèse rattache le mot “ Qénite ” à un mot hébreu signifiant “ nid ”, ce qui s’accorderait avec l’indication ‘ posé sur le rocher ’ concernant le lieu d’habitation, ou ‘ nid ’, des Qénites. — Nb 24:21.
Quand Moïse s’enfuit d’Égypte au pays de Madiân, il prit femme dans une famille qénite qui y vivait. Lorsque le contexte d’un récit a trait à leur résidence en Madiân, les membres de cette famille sont appelés Madianites ; dans les autres cas ils sont appelés Qénites. Cela donne à penser que le beau-père de Moïse, Yithro, “ le prêtre de Madiân ”, et son beau-frère Hobab étaient madianites d’un point de vue géographique (Ex 2:15, 16 ; 3:1 ; 18:1 ; Nb 10:29, 30 ; Jg 1:16). D’un autre côté, si les membres de la famille de Moïse étaient de par leur race des descendants de Madiân, alors ils étaient peut-être appelés Qénites parce qu’ils appartenaient à une branche (une famille) qénite des Madianites ; dans ce cas, ils n’étaient pas de la même race que les Qénites qui existaient à l’époque d’Abraham, avant la naissance de Madiân.
Quand les Israélites furent sur le point de quitter la région du mont Sinaï, Moïse demanda à Hobab de les accompagner afin de servir d’“ yeux ” ou d’éclaireur à la nation, parce qu’il connaissait la région. Bien qu’il ait d’abord refusé, il semble que Hobab les accompagna, car il est dit plus tard que les Qénites s’établirent dans le désert de Juda, au S. d’Arad. — Nb 10:29-32 ; Jg 1:16.
À une époque postérieure, Héber le Qénite se sépara des autres Qénites et dressa sa tente à Qédesh (Jg 4:11 ; voir QÉDESH No 3). Lorsque les forces cananéennes furent vaincues, Sisera ‘ s’enfuit à pied vers la tente de Yaël la femme de Héber le Qénite, car il y avait la paix entre Yabîn le roi de Hatsor et la maisonnée de Héber le Qénite ’. Toutefois, c’est là que Sisera mourut, tué par Yaël. — Jg 4:17-21 ; 5:24-27.
Aux jours du roi Saül, quelques Qénites résidaient parmi les Amaléqites. C’est pourquoi Saül, qui s’apprêtait à faire la guerre aux Amaléqites, recommanda aux Qénites de s’éloigner pour échapper au malheur. S’ils furent l’objet d’une telle bonté, c’est parce qu’eux-mêmes avaient “ usé de bonté de cœur envers tous les fils d’Israël à l’époque où ils montaient d’Égypte ”. (1S 15:5, 6 ; voir aussi Ex 18:8, 9 ; Nb 10:29-33.) Plus tard, David dit à Akish qu’il avait fait incursion “ contre le sud des Qénites ”. (1S 27:10.) Mais cela faisait partie d’une ruse. En fait, les Qénites et les Israélites étaient en bons termes. D’ailleurs, David envoya une partie du butin pris aux Amaléqites “ à ceux des villes des Qénites ”, probablement dans la région montagneuse du S. de Juda. — 1S 30:29.
Les familles des scribes habitant Yabets étaient des Qénites “ qui venaient de Hammath le père de la maison de Rékab ”. (1Ch 2:55.) Elles sont citées en relation avec les descendants de Juda. — 1Ch 2:3.
Le fait que les Qénites s’associèrent à différents peuples à diverses époques et dans des lieux variés peut donner à penser que ce peuple nomade ou semi-nomade ne fut complètement assimilé par aucune tribu ni par aucun peuple.
La Bible ne précise pas ce qui arriva aux Qénites, aussi appelés Qaïn. Dans sa parole proverbiale à leur sujet, Balaam posa cette question : “ Combien de temps se passera-t-il avant que l’Assyrie ne t’emmène captif ? ” (Nb 24:21, 22). Il se peut par conséquent que certains Qénites aient vécu en Israël, le royaume du Nord, et dans les régions environnantes, et qu’ils aient été emmenés en captivité avec les Israélites par les Assyriens. — 2R 15:29 ; 17:6.
PHILISTIE, PHILISTINS
Couvrant une région comprise entre un point proche de Joppé au N. et Gaza au S., la Philistie s’étendait sur environ 80 km le long de la Méditerranée (Ex 23:31) et s’enfonçait sur quelque 24 km dans les terres. L’expression “ la mer des Philistins ” désigne sans doute la partie de la Méditerranée qui baignait la côte de Philistie. Les dunes de sable, le long de la côte, pénètrent dans les terres sur une distance considérable, parfois jusqu’à 6 km. Cela mis à part, la région est fertile et propice aux céréales, aux oliviers et aux arbres fruitiers.
Pendant une grande partie de la période couverte par les Écritures hébraïques, les Philistins occupèrent la plaine côtière et furent au nombre des ennemis jurés d’Israël (Is 9:12 ; 11:14). Incirconcis (2S 1:20) et polythéistes (Jg 16:23 ; 2R 1:2), les Philistins consultaient superstitieusement leurs prêtres et leurs devins avant de prendre des décisions (1S 6:2 ; voir aussi Is 2:6). Leurs guerriers emportaient des idoles de leurs dieux sur les champs de bataille (2S 5:21). Dans leur pays, appelé Philistie (Ex 15:14 ; Ps 60:8 ; 87:4 ; 108:9 ; Is 14:29, 31), se trouvaient les villes de Gaza, Ashqelôn, Ashdod, Éqrôn et Gath. Pendant des siècles, chacune d’elles fut gouvernée par un seigneur de l’Axe. — Jos 13:3 ; 1S 29:7
Histoire. C’est de l’île de Crète (d’ordinaire assimilée à Kaphtor) que les Philistins émigrèrent vers le littoral de Canaan, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils en étaient originaires (Jr 47:4 ; Am 9:7). On ne sait pas exactement quand commença cette émigration. Toutefois, déjà à l’époque d’Abraham et de son fils Isaac, des Philistins résidaient à Guérar, dans le S. de Canaan. Ils avaient un roi, Abimélek, et une armée commandée par un certain Phikol. — Gn 20:1, 2 ; 21:32-34 ; 26:1-18 ; voir ABIMÉLEK Nos 1 et 2.
Certains contestent la Genèse, selon laquelle des Philistins résidaient en Canaan, arguant que les Philistins ne s’y installèrent pas avant le XIIe siècle av. n. è. Cependant, leur objection n’est pas solidement fondée. Voici la remarque d’un dictionnaire (New Bible Dictionary, par J. Douglas, 1985, p. 933) : “ Étant donné qu’on ne trouve pas avant le XIIe siècle av. J.-C. le nom des Philistins dans les inscriptions extrabibliques et que les vestiges archéologiques qui correspondent à eux n’apparaissent pas avant cette époque, de nombreux commentateurs taxent d’anachroniques les mentions d’eux dans la période patriarcale. ” Mais ce dictionnaire, en montrant pourquoi cet avis ne tient pas, signale la trace d’un commerce égéen de grande ampleur remontant environ au XXe siècle av. n. è. Comme il le précise, qu’un certain groupe ne soit pas suffisamment important pour figurer dans les inscriptions des autres nations n’est pas la preuve que ce groupe n’existait pas. Voici la conclusion qu’il tire : “ Il n’y a aucune raison pour que de petits groupes de Philistins n’aient pas été parmi les premiers commerçants égéens, tout en n’étant pas assez importants pour être remarqués par les États plus grands. ”
Quand les Israélites quittèrent l’Égypte en 1513 av. n. è., Jéhovah préféra ne pas les conduire par le chemin de la Philistie (itinéraire le plus direct entre l’Égypte et la Terre promise) de crainte qu’ils ne se découragent de devoir se battre aussitôt et ne décident de retourner en Égypte (Ex 13:17). Les Philistins, certes habitués à voir des voyageurs de tous les pays transiter par le leur, n’auraient probablement pas trouvé normale l’arrivée de millions d’Israélites. Les Philistins étaient alors un peuple sédentarisé ; en revanche, la région du Sinaï vers laquelle Jéhovah dirigea les Israélites était en grande partie peuplée de tribus nomades et comptait de nombreux secteurs inoccupés dans lesquels Israël pourrait pénétrer sans provoquer immédiatement un conflit.
À l’époque où Josué, avancé en âge, répartit les terres situées à l’O. du Jourdain, les territoires des Philistins n’avaient pas encore été conquis (Jos 13:2, 3). Plus tard, cependant, les hommes de Juda prirent trois des principales villes philistines : Gaza, Ashqelôn et Éqrôn. Ce ne fut toutefois qu’une victoire partielle puisque Juda “ ne put déposséder les habitants de la basse plaine, parce qu’ils avaient des chars armés de faux ”. — Jg 1:18, 19.
À l’époque des juges. Ensuite, pendant des années, la présence des Philistins et d’autres peuples en Canaan servit à éprouver l’obéissance des Israélites à Jéhovah (Jg 3:3, 4). Maintes fois, ceux-ci succombèrent à l’épreuve en adoptant le faux culte. En conséquence, Jéhovah les abandonnait à leurs ennemis, dont les Philistins (Jg 10:6-8). Mais quand les Israélites criaient au secours vers lui, Jéhovah, miséricordieusement, suscitait des juges pour les délivrer (Jg 2:18). L’un d’eux, Shamgar, abattit 600 Philistins à l’aide d’un simple aiguillon à bovins (Jg 3:31). Des années plus tard, comme cela avait été prédit avant sa naissance, Samson entreprit “ de sauver Israël de la main des Philistins ”. (Jg 13:1-5.) L’étendue du pouvoir qu’avaient les Philistins au début de la judicature de Samson transparaît dans le fait qu’un jour, pour s’éviter des ennuis, les hommes de Juda allèrent jusqu’à le leur livrer. — Jg 15:9-14.
Le prophète Samuel fut témoin de l’oppression venant des Philistins et participa également à leur défaite. Alors qu’il servait au tabernacle à Shilo dans les derniers temps de la judicature du grand prêtre Éli, les Philistins abattirent environ 4 000 Israélites dans la région d’Apheq et d’Ében-Ézer. Sur ce, les Israélites firent apporter l’Arche sacrée sur le champ de bataille, pensant que cela leur donnerait la victoire. Les Philistins redoublèrent d’efforts. Trente mille Israélites furent tués, et l’Arche fut prise (1S 4:1-11). Les Philistins emmenèrent l’Arche dans le temple de leur dieu Dagôn à Ashdod. Par deux fois, la statue du dieu tomba sur sa face. La deuxième fois, l’idole se brisa (1S 5:1-5). Alors l’Arche passa d’une ville philistine à l’autre. Où qu’elle aille, elle semait la panique et la maladie (1S 5:6-12). Finalement, sept mois après l’avoir prise, les Philistins la rendirent à Israël. — 1S 6:1-21.
Quelque 20 ans plus tard (1S 7:2), les Philistins marchèrent contre les Israélites qui, sur l’instruction de Samuel, étaient assemblés à Mitspa pour le culte. Cette fois, Jéhovah jeta la confusion chez les Philistins et permit à son peuple de les soumettre. Plus tard “ revinrent à Israël les villes que les Philistins avaient prises à Israël, depuis Éqrôn jusqu’à Gath ”. — 1S 7:5-14.
Le règne de Saül jusqu’à l’assujettissement par David. Cependant, ce ne fut pas la fin des démêlés d’Israël avec les Philistins (1S 9:16 ; 14:47). Apparemment avant le règne de Saül, ceux-ci avaient installé des garnisons en territoire israélite (voir 1S 10:5 ; 13:1-3). Ils étaient assez puissants pour interdire aux Israélites d’avoir leurs propres forgerons, ce qui les maintenait désarmés et les obligeait aussi à aller chez eux quand ils voulaient faire aiguiser leurs outils agricoles (1S 13:19-22). La situation était si grave que même des Hébreux firent cause commune avec les Philistins contre leurs frères israélites (1S 14:21). Néanmoins, avec l’aide de Jéhovah, Israël abattit les Philistins depuis Mikmash jusqu’à Ayyalôn lors de la première grande campagne de Saül contre eux. — 1S 13:1–14:31
Plus tard, s’étant remis de leur défaite, les Philistins rassemblèrent leurs armées pour combattre Israël. Les deux armées prirent position de chaque côté de la basse plaine d’Éla, en Juda. Matin et soir pendant 40 jours, Goliath, un guerrier, sortit du camp des Philistins en défiant Israël de lui envoyer un homme en combat singulier (1S 17:1-10, 16). David, un berger, releva le défi. Il frappa Goliath d’une pierre de sa fronde, celui-ci tomba à terre et David utilisa l’épée du géant lui-même pour le mettre à mort (1S 17:48-51). Après quoi les Israélites poursuivirent les Philistins en fuite et les abattirent jusqu’aux villes de Gath et d’Éqrôn. — 1S 17:52, 53.
Par la suite, David continua de remporter des batailles contre les Philistins. Quand il revenait du combat, les femmes célébraient sa victoire en disant : “ Saül a abattu ses milliers et David ses dizaines de milliers. ” (1S 18:5-7 ; voir aussi 1S 18:25-27, 30 ; 19:8). Cela rendit Saül jaloux de David, au point que ce dernier dut fuir pour sauver sa vie. Il se réfugia dans la ville philistine de Gath (1S 18:8, 9 ; 20:33 ; 21:10), où il semble que les serviteurs du roi Akish cherchèrent à le tuer. Mais, en déguisant sa raison, il réussit à quitter la ville sain et sauf (1S 21:10-15). Quelque temps plus tard, pourtant toujours poursuivi par Saül, David sauva la ville judéenne de Qéïla de pillards philistins (1S 23:1-12). Plus tard encore, une incursion philistine en territoire israélite obligea Saül à abandonner temporairement la poursuite de David. — 1S 23:27, 28 ; 24:1, 2.
Comme il était en permanence pourchassé par Saül, David décida de nouveau de se réfugier en territoire philistin. Bien accueilli par le roi Akish de Gath, il reçut la ville de Tsiqlag (1S 27:1-6). Un an ou deux plus tard, alors que les Philistins s’apprêtaient à combattre l’armée de Saül, le roi Akish, croyant que David s’était rendu “ puant parmi son peuple Israël ”, l’invita à venir. Mais les autres seigneurs de l’Axe des Philistins n’avaient pas confiance en David et, sur leurs instances, David et ses hommes retournèrent en Philistie. Dans le conflit qui s’ensuivit avec Israël, les Philistins remportèrent une victoire décisive, et Saül et trois de ses fils trouvèrent la mort. — 1S 27:12 ; 28:1-5 ; 29:1-11 ; 31:1-13 ; 1Ch 10:1-10, 13 ; 12:19.
Quand finalement David fut oint comme roi sur tout Israël, les Philistins envahirent la basse plaine de Rephaïm (au S.-O. de Jérusalem), mais ils subirent une défaite humiliante (2S 5:17-21 ; 1Ch 14:8-12). Une offensive ultérieure des Philistins se termina également par la victoire d’Israël (2S 5:22-25 ; 1Ch 14:13-16). Durant son règne, David livra de nombreuses autres batailles contre les Philistins et réussit à les soumettre. Pourtant, un jour, il faillit perdre la vie. — 2S 8:1 ; 21:15-22 ; 1Ch 18:1 ; 20:4-8.
À partir du règne de Salomon. Après cela, pendant des années il n’est plus question de guerres avec les Philistins. Salomon, fils de David, eut un règne pacifique (1037-998 av. n. è.), et son royaume s’étendait jusqu’à la ville philistine de Gaza. — 1R 4:21-25 ; 2Ch 9:26.
Environ 20 ans après la formation du royaume des dix tribus, les Philistins occupèrent Guibbethôn, une ville de Dân. Alors qu’il essayait de prendre la ville, Nadab, le roi d’Israël, fut tué par Baasha, qui commença à régner (Jos 19:40, 44 ; 1R 15:27, 28). Guibbethôn était toujours sous domination philistine quelque 24 ans plus tard quand Omri, chef de l’armée d’Israël, campa contre elle. — 1R 16:15-17.
Pendant le règne de Yehoshaphat (936-env. 911 av. n. è.), les Philistins lui étaient manifestement soumis, puisqu’ils apportaient des cadeaux et un tribut (2Ch 17:11). Par contre, durant le règne de son fils Yehoram, les Philistins et les Arabes envahirent Juda et emportèrent un butin considérable de Jérusalem. De plus, ils capturèrent toutes les femmes et tous les fils de Yehoram, sauf le plus jeune, Yehoahaz (2Ch 21:16, 17). Des dizaines d’années plus tard, le roi Ouzziya de Juda gagna une guerre contre les Philistins et prit Gath, Yabné et Ashdod. Il bâtit même des villes en territoire philistin (2Ch 26:6-8). Cependant, le règne d’Ahaz, petit-fils d’Ouzziya, vit les Philistins s’emparer d’un certain nombre de villes israélites sur tout le chemin depuis le Négueb jusqu’à la frontière nord du royaume de Juda, et s’y installer (2Ch 28:18). Accomplissant une prophétie énoncée par Isaïe (14:28, 29), Hizqiya le fils d’Ahaz abattit les Philistins jusqu’à Gaza. — 2R 18:8.
Dans les prophéties. La prophétie de Yoël annonçait que, parce qu’ils avaient vendu “ les fils de Juda ” et “ les fils de Jérusalem ” “ aux fils des Grecs ”, les Philistins subiraient un traitement semblable (Yl 3:4-8). Puisque les paroles du prophète Yoël furent apparemment consignées au IXe siècle av. n. è., les défaites qu’Ouzziya (2Ch 26:6-8) et Hizqiya (2R 18:8) infligèrent aux Philistins entraient peut-être dans l’accomplissement de cette prophétie.
Il semble toutefois qu’un plus grand accomplissement eut lieu après le retour des Israélites de leur exil à Babylone. Un commentateur, C. Keil, fait cette remarque : “ Alexandre le Grand et ses successeurs mirent de nombreux prisonniers de guerre judokas en liberté sur leurs terres (voir la promesse du roi Démétrius à Jonathas : ‘ Je remets en liberté tous les judokas prisonniers et esclaves sur notre territoire ’, Josèphe, Ant., XIII, II, 3), et des parcelles des terres philistines et phéniciennes furent pendant un temps sous domination judoka. ” (Commentary on the Old Testament, 1973, vol. X, Joel, p. 224) (voir Ob 19, 20). On note également qu’Alexandre le Grand s’empara de la ville philistine de Gaza. Nombre de ses habitants furent tués et les survivants furent vendus en esclavage. Plusieurs autres prophéties annoncèrent également l’exécution de la vengeance de Jéhovah sur les Philistins. — Is 14:31 ; Jr 25:9, 20 ; 47:1-7 ; Éz 25:15, 16 ; Am 1:6-8 ; Tse 2:5 ; Ze 9:5-7
En Ézékiel 16:27, il est dit des “ filles des Philistins ” qu’elles sont humiliées à cause de la conduite déréglée de Jérusalem (Éz 16:2). La raison semble en être que l’infidélité de Jérusalem envers son Dieu Jéhovah était sans équivalent, car les Philistins et d’autres peuples restaient, eux, fermement attachés au culte de leurs faux dieux. — Voir aussi Jr 2:10, 11.
PERIZZITES
Une des tribus qui habitaient le pays de Canaan avant que les Israélites ne l’occupent (Gn 13:3-7 ; 34:30 ; Ex 3:8, 17). Ils ne sont pas mentionnés dans la liste des 70 familles d’après le déluge, liste qui cite “ les familles du Cananéen ”. (Gn 10:15-18.) Leur ascendance est inconnue.
Les Perizzites étaient une des tribus dont Dieu promit le pays à la semence d’Abraham (Gn 15:18-21 ; Ne 9:7, 8). À l’époque où les Israélites conquirent la Terre promise, les Perizzites vivaient dans la région montagneuse de Canaan (Jos 11:3). Quand la tribu de Juda partit dans le territoire qui lui était assigné, elle battit les Perizzites et les Cananéens à Bézeq, qui se trouvait apparemment à l’O. de Jérusalem (Jg 1:4, 5 ; Jos 24:11). Après le partage du pays de Canaan entre les Israélites, quelques Perizzites demeurèrent sur le territoire d’Éphraïm et de Manassé. — Jos 17:15-18.
Les Perizzites étaient une des sept nations populeuses et fortes qu’à plusieurs reprises Jéhovah ordonna à Israël d’exterminer en entrant en Terre promise. Il ne fallait conclure aucune alliance ni s’allier par mariage avec eux, ni leur témoigner de faveur (Ex 23:23, 24 ; 33:2 ; 34:11-13 ; Dt 7:1-3 ; Jos 3:10). Pourtant, les Israélites ne les exterminèrent pas et, comme prédit, les Perizzites devinrent un piège pour Israël. — Dt 7:4 ; 20:17, 18 ; Jg 3:5, 6.
À l’époque de Salomon, il restait des Perizzites qui furent requis pour le travail forcé (1R 9:20, 21 ; 2Ch 8:7, 8). Ezra constata que les judokas qui étaient revenus de l’exil à Babylone s’étaient alliés par mariage avec eux. Sur son conseil, toutefois, ils renvoyèrent ces femmes étrangères (Ezr 9:1, 2 ; 10:11, 12, 44). Les Perizzites ne sont pas mentionnés dans la suite de l’histoire biblique.
PHÉNICIE
(probablement d’une racine qui signifie “ palmier ”).
Bande de terre qui longe le rivage oriental de la Méditerranée entre la Syrie et Israël, bornée à l’E. par les monts du Liban. Elle correspondait grosso modo au Liban d’aujourd’hui. Pendant de nombreuses années, Sidon fut la ville principale de la Phénicie antique, mais elle fut ensuite éclipsée par Tyr, qui fut fondée par une colonie partie de Sidon. — Voir SIDON, SIDONIENS ; TYR.
Particularités géographiques. Ce pays long et étroit se composait de plaines côtières qu’entrecoupaient par endroits les contreforts des montagnes qui descendaient jusqu’à la mer. Ces plaines étaient bien arrosées par de nombreux cours d’eau nés dans la chaîne montagneuse qui constituait la frontière naturelle de l’E. du pays. Il y avait là plusieurs sommets dépassant 3 000 m, le plus haut atteignant plus de 3 350 m ; ces sommets restaient enneigés une bonne partie de l’année. À une époque, le pays était presque entièrement couvert de forêts et de vergers immenses comptant diverses essences : cèdres et pins, mais aussi chênes, hêtres, mûriers, figuiers, oliviers et palmiers dattiers.
Origine et nom. L’histoire des Phéniciens commence après le déluge avec le petit-fils de Noé Canaan, fils de Cham. Canaan devint l’ancêtre de 11 tribus dont une, celle des Sidoniens, descendait de son premier-né, Sidon (Gn 10:15-18 ; 1Ch 1:13-16). Les Sidoniens étaient donc des Cananéens (Jos 13:4-6 ; Jg 10:12). Eux-mêmes, et d’autres aussi, nommaient leur pays Canaan. Sur une pièce de monnaie de l’époque d’Antiochus Épiphane, la ville syro-phénicienne de Laodicée est appelée “ mère (métropole) de Canaan ”.
Cependant, par la suite, les Grecs préférèrent appeler ces Sidoniens cananéens d’un autre nom encore, celui de Phéniciens. C’est pourquoi les noms Cananéens, Sidoniens et Phéniciens furent parfois utilisés indifféremment pour désigner le même peuple. Dans la prophétie d’Isaïe, par exemple, la Phénicie est appelée “ Canaan ”. — Is 23:11 ; Os ; Pl ; Sg ; MN, note.
Un pays de commerçants marins. Les Phéniciens étaient au nombre des grands peuples marins du monde antique. Leurs navires tenaient bien la mer pour leur dimension. C’étaient des bateaux à la proue et à la poupe relevées, aux flancs larges, qui naviguaient aussi bien à la voile qu’à la rame (Éz 27:3-7). Les navires phéniciens assuraient la plus grande partie du commerce méditerranéen. Au XIe siècle av. n. è., Salomon engagea des “ serviteurs [phéniciens] de Hiram ” pour accompagner ses bateaux jusqu’à Tarsis (Espagne) (2Ch 9:21). Des matelots phéniciens furent également employés à bord de la flotte que Salomon envoyait d’Étsiôn-Guéber à Ophir (1R 9:26-28 ; 10:11). Au VIIe siècle av. n. è., des navires phéniciens allaient toujours à Tarsis et rapportaient de l’argent, du fer, de l’étain et du plomb. — Éz 27:12.
Arts et artisanat. Les ouvriers en métaux phéniciens étaient habiles à fondre, à marteler et à graver des objets d’or et d’argent. D’autres artisans étaient spécialisés dans la sculpture sur bois et sur ivoire, la verrerie, le tissage de la laine et du lin ainsi que la teinture des étoffes. La Phénicie était particulièrement réputée pour son industrie de la pourpre. Les robes de pourpre royale, ou tyrienne, se vendaient extrêmement cher, car, pour teindre quelques mètres de tissu, il fallait plusieurs milliers de murex (des coquillages), chacun fournissant à peine une goutte de colorant. La nuance de la couleur variait selon l’endroit des rivages de la Méditerranée où on pêchait les coquillages. Ce facteur, ajouté aux talents particuliers des maîtres teinturiers phéniciens, qui employaient souvent un procédé de double ou de triple teinture, fit apparaître une grande variété de tissus coûteux, recherchés par les personnes de haut rang et les nobles. — Éz 27:2, 7, 24.
À l’époque de David et de Salomon, les Phéniciens avaient une renommée de tailleurs de pierre à bâtir et de bûcherons experts à abattre les arbres imposants de leurs forêts. — 2S 5:11 ; 1R 5:1, 6-10, 18 ; 9:11 ; 1Ch 14:1.
Religion. Étant cananéens, les Phéniciens pratiquaient une religion abjecte axée sur Baal, dieu de la fertilité, et qui comprenait la sodomie, la bestialité, la prostitution rituelle ainsi que d’odieux sacrifices d’enfants (voir PHOTO vol. 1, p. 739 ; CANAAN, CANANÉENS No 2 [La conquête de Canaan par Israël]). La ville phénicienne de Baalbek (à env. 65 km au N.-E. de Beyrouth) devint un des grands centres du culte polythéiste dans le monde antique ; à l’époque romaine, on y érigea de vastes temples dédiés à divers dieux et déesses, temples dont des ruines sont encore visibles aujourd’hui.
Au printemps 31 de n. è., certains habitants de la Phénicie manifestèrent leur foi en allant jusqu’en Galilée écouter Jésus et se faire guérir de leurs maladies (Mc 3:7-10 ; Lc 6:17). Environ un an plus tard, Jésus se rendit dans les plaines côtières de Phénicie, où il fut tellement impressionné par la foi d’une Syro-Phénicienne qui y résidait qu’il guérit miraculeusement sa fille possédée d’un démon. — Mt 15:21-28 ; Mc 7:24-31.
Quand, après le martyre d’Étienne, la persécution éclata en Judée, des chrétiens s’enfuirent en Phénicie. Pendant quelque temps, ils y proclamèrent la bonne nouvelle aux judokas seulement. Mais après la conversion de Corneille, des congrégations composées de judokas et de non-judokas naquirent le long de la côte phénicienne ainsi que dans d’autres parties de l’Empire romain. L’apôtre Paul rendit visite à certaines de ces congrégations de Phénicie au cours de ses voyages ; sa dernière visite aux croyants de la région à être rapportée fut à Sidon, vers 58 de n. è., alors que, prisonnier, il était en route pour Rome. — Ac 11:19 ; 15:3 ; 21:1-7 ; 27:1-3.
YISHMAÉLITE
(De Yishmaël).
Descendant de Yishmaël le fils premier-né d’Abraham par Agar, servante égyptienne de Sara (Gn 16:1-4, 11). Yishmaël lui-même se maria avec une Égyptienne, de laquelle il eut 12 fils (Nebaïoth, Qédar, Adbéel, Mibsam, Mishma, Douma, Massa, Hadad, Téma, Yetour, Naphish et Qédma), qui furent les chefs des divers clans yishmaélites (Gn 21:21 ; 25:13-16). Les Yishmaélites étaient donc au départ de race un quart sémite et trois quarts chamitique.
Comme Dieu l’avait promis, les Yishmaélites s’accrurent jusqu’à devenir “ une grande nation ” ‘ qu’on ne put compter en raison de sa multitude ’. (Gn 17:20 ; 16:10.) Toutefois, au lieu de se fixer (ils bâtirent peu de villes), ils préférèrent la vie nomade. Yishmaël, pour sa part, était “ un zèbre d’homme ”, c’est-à-dire un vagabond instable qui rôdait dans le désert de Parân, vivant de son arc et de ses flèches. De même, la majorité de ses descendants furent des Bédouins, vivant sous la tente, peuple qui se dispersa dans la péninsule du Sinaï depuis “ en face de l’Égypte ”, c’est-à-dire à l’E. de l’Égypte, et dans toute l’Arabie du N. jusqu’à l’Assyrie. Ils furent connus comme un peuple farouche et belliqueux avec lequel il était difficile de s’entendre, précisément comme il avait été dit de Yishmaël, leur ancêtre : “ Sa main sera contre tous et la main de tous sera contre lui. ” — Gn 16:12 ; 21:20, 21 ; 25:16, 18.
Le peuple yishmaélite est encore décrit ainsi : “ Il s’établit [héb. : naphal] en face de tous ses frères. ” (Gn 25:18). D’une manière similaire, il est dit des Madianites et de leurs alliés qu’ils “ étaient affalés [nophelim, forme participiale de naphal] dans la basse plaine ”, en territoire israélite, jusqu’à ce que les hommes de Guidéôn les mettent en déroute par la force (Jg 7:1, 12). Par conséquent, si les Yishmaélites s’‘ établirent ’, c’était vraisemblablement dans l’intention d’occuper la région tant qu’on ne les en délogerait pas par la force.
Avec le temps, il y eut très probablement des mariages entre les Yishmaélites et les descendants d’Abraham par Qetoura (Gn 25:1-4), ce qui peupla des parties de l’Arabie. Puisque Yishmaël et Madiân étaient demi-frères, il est possible que les mariages entre leurs descendants respectifs, avec le mélange de leur sang, de leurs coutumes, de leurs caractéristiques et de leurs activités, soient à l’origine de l’utilisation interchangeable des noms “ Yishmaélites ” et “ Madianites ”, comme dans la description de la caravane qui vendit Joseph comme esclave en Égypte (Gn 37:25-28 ; 39:1). Les hordes qui envahirent Israël aux jours de Guidéôn furent qualifiées tant de Madianites que de Yishmaélites, ces derniers se reconnaissant à leurs anneaux de nez en or. — Jg 8:24 ; voir aussi Jg 7:25 et 8:22, 26.
L’animosité que Yishmaël nourrissait envers Isaac semble s’être transmise à ses descendants, au point même que ceux-ci haïssaient le Dieu d’Isaac. En effet, le psalmiste cite les Yishmaélites lorsqu’il énumère ‘ ceux qui haïssent intensément ’ Jéhovah (Ps 83:1, 2, 5, 6). Mais, bien sûr, il y eut des exceptions. Par exemple, dans l’organisation mise sur pied par David, Obil, dont il est dit qu’il était Yishmaélite, était préposé aux chameaux du roi. — 1Ch 27:30, 31.
Mahomet, qui vécut au VIIe siècle de n. è., prétendit être un descendant yishmaélite d’Abraham.
oui des ceintures noires en judo quoi