Pet2Foune_ter
2021-03-19 18:41:02
C’est un handicap assez exotiques qui pourrait faire sourire, mais qui est bien contraignant dans la vie de tous les jours et vraiment : c’est pas drôle du tout.
J’en ai jamais parlé sur ce forum de peur des moqueries, mais je sens qu’il est temps pour moi d’en parler. Alors j’en parle déjà avec un thérapeute bien entendu, et il m’aide beaucoup à gérer mon handicap au quotidien. Mais je sens qu’il faut que j’en parle à des gens, des lambdas, des gens comme moi, qui n’ont pas le regard d’un expert, qui sont étrangers à ce que je vies mais qui en même temps peuvent être capable humainement de se mettre à la place.
Ce handicap, il a commencé à me toucher pendant l’adolescence, mais je ne m’en suis pas de suite rendu compte, évidemment. Ça a commencé comme une sorte d’habitude un peu rigolote, puis petit à petit ça a pris de l’ampleur et c’est devenu quelque chose se rapprochant des TOC. Finalement aujourd’hui je n’ai plus aucun contrôle, et cela fait maintenant plus de 8 ans (j’avais 17 ans) que c’est devenu un véritable handicap sur lequel je n’ai aucun contrôle et qui me gêne au quotidien. Que ce soit pour trouver du travail, que ce soit pour le sociabiliser, me faire des amis, que ce soit pour trouver un copain, ou même juste pour les moments du quotidien où je deviens une véritable attraction pour les gens autour de moi qui sont témoins de la scène, dans la rue, dans le métro. J’ai même des voisins qui se sont plaints du bruit que je faisais. Malheureusement ils ne comprennent pas que je suis handicapée.
Alors voilà, en fait je ne peux pas m’empêcher, de façon totalement aléatoire, de gueuler des phrases en japonais. Que ce soit des « Onegai shimasu », des « Arigatou gozaimasu » ou bien des « Wakarimasen »
Mon thérapeute m’a expliqué que c’est une forme rare du syndrome de la tourette dans laquelle le sujet récite des phrases dans une langue étrange qu’il a enregistré dans son subconscient, aujourd’hui le japonais est assez fréquent et les médecins pensent que c’est du fait des succès des mangas et animés auprès de notre génération.
Le PIRE, c’est que comme j’habite à Paris aujourd’hui, je croise souvent des japonais, et ils me regardent vraiment méchamment en pensant que je me moque d’eux. Alors j’essaie de leur expliquer que c’est une maladie, un handicap, mais personne ne le comprend. Aujourd’hui je me suis faite insultée dans le métro, une femme qui me dis « sale petasse raciste rentre chez toi préparer tes bulletins FN grosse pute » et la moitié de la rame m’a huée, j’ai été forcée de sortir du métro et de finir le trajet à pied, 55min de marche alors que j’étais encombrée d’un carton d’un appareil ménager que je venais d’acheter...
Le principal problème c’est que les phrases que je sors sont juste des phrases classiques et clichées, celles qu’on entend le plus (forcément c’est celles que j’ai le plus enregistré dans ma mémoire), et du coup c’est complètement hors sujet avec ce qui se passe. Donc un japonais n’y verra forcément qu’une moquerie envers lui. C’est vraiment horrible... voilà...
C’est fake. Évidemment c’est fake. C’est totalement fake je suis pas handicapée.
Soljen
2021-03-19 18:49:40
Mon cher Edouard,
Voici bientôt deux ans que maman et moi avons emménagé dans les faubourgs d'Osaka. Tu me dis que cette ville est belle, et je crois que je ne suis pas encore parvenue à voir cette ville avec tes yeux à toi. Maman me dit que c'est parce que ton argent te fait voir le monde d'une autre manière. Osaka, pour moi, c'est le chaos du tramway lorsque je m'en vais à mon travail, les câbles, les frictions, cette chose si bizarre comme une succession de murs rouges sur lesquelles ruisselle une vapeur brune électrique. Je m'achète une "onigiri" en sortant du travail. Deux sen. Plus un pâté. Compte quatre sen. Avec cela, on tient la journée.
Maman s'ennuie à la maison, je crois, mais c'est une bonne chose. Je la préfère pensant à tout et à rien avec le vieux Tommo plutôt qu'être avec moi à la fabrique, et souffrir de cela.
Donne nous de tes nouvelles si tu me lis. Mais tu ne me répondras plus jamais bien sûr.
Parfois, je me dis que je suis affreusement sotte.
Sophie.
