Au5
2021-03-19 00:18:39
Deux spécimens de ce volatile originaire d’Égypte ont été aperçus au Temple-sur-Lot. Ordre a été donné de les éradiquer. L’espèce, exotique, est invasive.
Des berges du Nil à celles du Lot. Par un vol avec escales. Des escales qui n’auraient peut-être jamais existé si l’homme, un beau jour, n’avait pas cédé à la tentation d’élever ces volatiles. L’ouette d’Égypte n’est ni un canard, ni une oie, ni un cygne. En tant que digne représentante des tadornidés, une sous-famille des anatidés, elle fait office de trait d’union entre ces différentes familles. Avec sa tâche couleur chocolat autour de l’œil et son plumage coloré, elle a souvent terminé en captivité, loin de son habitat d’origine, la zone soudano-saharienne.
Le 8 mars dernier, deux spécimens ont été aperçus au Temple-sur-Lot. Une première observation qui a aussitôt déclenché une réponse des pouvoirs publics. Par arrêté préfectoral, les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), et eux seuls, ont reçu pour consigne… d’éradiquer ce potentiel couple avant qu’il ne soit trop tard. S’il le faut en intervenant sur des propriétés privées ou dans des espaces protégés.
Protéger les endémiques
L’ouette d’Égypte, en effet, est classée parmi les espèces exotiques invasives. Depuis 2017, elle figure aussi sur la liste européenne des espèces préoccupantes, suspendant sa vente et limitant sa captivité, source d’introduction.
Si ces deux individus, ou d’autres, pointent le bout de leur bec, une volée de plombs est censée le leur clouer. À jamais. Et, si possible, avant qu’ils n’aient l’envie de se trouver un petit herbier romantique où perpétuer l’espèce. Occupés à nicher, ces volatiles seraient sans doute trop discrets. Le compte à rebours est donc lancé. Et le temps presse.
Car ces proches cousins des tadornes sont des oiseaux de malheur qui auraient vite fait de supplanter les espèces endémiques de leur habitat naturel si une ponte venait à éclore et que d’autres ouettes décidaient à leur tour d’élire domicile dans le département. En la matière, des précédents existent. Inutile de tenter le diable.
(…) Au-delà de la compétition avec les espèces natives, envers qui ils peuvent se montrer agressifs pour gagner leur territoire, ces volatiles venus d’ailleurs présentent de potentiels risques sanitaires que le dernier épisode de grippe aviaire, qui a secoué le Sud-Ouest de la France et entraîné l’abattage de millions de palmipèdes, ne peut permettre de prendre.
En 2018, selon le recensement de l’ONCFS, la population d’ouettes d’Égypte en France était estimée à 20 000 individus. La bataille semble déjà perdue. Les agents de l’OFB qui ont effectué le signalement de ces deux oiseaux au début du mois ont jusqu’au 31 juin pour « les détruire ». Histoire de retarder l’expansion au Sud-Ouest, région jusqu’alors relativement épargnée. En l’absence de mesures de contrôle efficaces, la donne peut vite changer.
https://www.sudouest.fr/lot-et-garonne/agen/lot-et-garonne-branle-bas-de-combat-pour-abattre-deux-volatiles-1731174.php