AutNihil
2021-03-17 16:02:05
" Reprenons depuis le début : les invasions celtiques. Lorsque les Celtes sont arrivés dans le territoire de l'ancienne Gaule, dans la deuxième moitié du Ier millénaire avant J.-C, le territoire n'était pas vide, et il est même peu probable que les Celtes représentèrent plus du dixième de la population de la Gaule à ce moment-là. La composition de la population des Gaules ne devait pas connaître d'autre apport majeur jusqu'à la conquête romaine, même si on connaît des mouvements de population, notamment la fameuse invasion des Cimbres et des Teutons stoppée par Marius - mais le caractère germanique ou celtique de ces peuples étant incertain, difficile de voir dans ces raids une altération du fond de population.
A l'arrivée des Romains, la population de la Gaule avoisinait les dix millions : c'est l'estimation donnée par César, et c'est autour de ce chiffre que tournent les estimations des historiens spécialistes de la question - dont on doit souligner qu'elles varient tout de même du simple (5-7 millions) au double (12-15 millions), sinon au triple (20 millions). Restons donc sur le chiffre de dix millions, qui correspond grosso modo à un chiffre de 6-7 millions pour le territoire actuel de la France métropolitaine.
Durant les siècles suivants, la colonisation romaine ne fut jamais importante en nombre, concernant essentiellement d'anciens légionnaires installés en Narbonnaise. Ces quelques dizaines de milliers, voire centaines de milliers grand maximum ne marquèrent donc que marginalement la composition de la population du territoire français, et essentiellement localement dans le sud.
Au moment des Grandes Invasions, ou Grandes Migrations, la population du territoire métropolitain avait grimpé à 12 millions. En comparaison, il faut noter que les Wisigoths étaient moins de cent mille, les Francs quelque chose comme deux cent mille... Au total, l'afflux de population en provenance de l'Est (mais aussi du Nord, avec l'arrivée des Bretons en Armorique), et dont une bonne partie (Wisigoths, Vandales) ne ferait que passer sans s'installer, ne représenta, à vue de nez, que moins d'un million d'individus, en deux siècles, c'est-à-dire, là encore, nettement moins de 10% de la population.
Durant les siècles suivants de l'Histoire de France, il n'y eut plus guère de grands mouvements brutaux de migration, hormis l'installation des Vikings en Normandie, mais dont le nombre ne dépassa pas, grand maximum, quelques milliers de colons. Les siècles suivants ont vu quelques échanges diffus avec les contrées environnantes, notamment un afflux de marchands italiens, mais ces mouvements de population restent marginaux.
C'est-à-dire que les 28 millions d'individus que l'on trouve en France à la veille de la Révolution étaient dans leur intégralité des descendants de ceux qui étaient là à l'époque des invasions celtiques, deux mille ans auparavant, et l'essentiel de leur arbre généalogique était composé de gens dont les propres ancêtres étaient là depuis cette date.
Le XIXe siècle ne devait que très modérément affecter cet état de fait : il y avait 400 000 étrangers en France dans les années 1850, et ils provenaient de l'étranger limitrophe : Italie, Belgique, Suisse, Espagne, Allemagne. A la fin du siècle, le nombre approchait le million, sur 41 millions d'habitants, soit moins de 3% de la population. Là encore, le fond ethnique n'était guère modifié, en raison de la proximité historique comme génétique et culturelle de cette immigration.
De sorte que la population de la France de 1914, était encore à 97 % composée de descendants de la population originelle du territoire français."
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