les inégalités de revenu ? Oui mais
FautLireUnPeu
2021-03-07 12:49:47
je me suis amusé à calculer, pour un cadre dirigeant / cadre sup, le poids des taxes, impôts et cotisations.
En gros, pour un coût mensuel employeur de 20.000 € et un brut de 15.000, il reste 10.000 une fois payés tous mes impôts. Donc 50 % du "salaire total" part en dépenses collectives.
Je peux estimer, en gros, que 2500 euros sont du salaire différé : future retraite, asurance maladie pu chômage au cas où, ... (j'ai fait un calcul en gros)
Et environ 2500 euros aussi pour les équipements collectifs : éducation, sécurité, soins, routes ... (je calcule ça en prenant les impôts + une partie des cotisations maladie).
Donc il reste 5.000 euros, qui sont pour la solidarité, payée via les impôts et les cotisations.
25 % du revenu mensuel théorique (coût employeur).
FautLireUnPeu
2021-03-07 12:50:47
Donc sur 20.000 euros, 10.000 pour le cadre dirigeant tout de suite, 5.000 de salaire différé ou de services collectifs dont il bénéficie, et 5.000 pour aider les gens qui ont fait moins d'études / travaillent moins / ont moins de responsabilités / ont moins de chance.
Fberger33-03
2021-03-07 12:52:05
Sur 20.000 euros, ce serait normal de payer 2500 environ pour les services collectifs, 2500 de salaire différé, et 2000 ou 3000 de solidarité pour payer les autres. C'est 5000 que je trouve exagéré.
En plus je connais bien le service public, je sais à quel point il y a des dépenses inutiles
Fberger33-03
2021-03-07 12:53:23
- on a organisé un système dual, avec des gens qui travaillent peu (35 hs, retraite parfois à 55 ans) pour des salaires moyens correspondant en fait à la valeur économique de leur faible investissement ; mais qui reçoivent un part importante de revenus supplémentaires (40 % du total de leur revenu pour certains) sous forme d'allocations diverses.
Et des gens qui font de longues études, travaillent tard le soir et prennent des responsabilités et ont des salaires logiquement plus élevés, et qui payent 25 % de leur revenu pour financer les allocations de la catégorie précédente.
Avec des situations intermédiaires, mais globalement ces deux situations sont représentatives
- on l'a fait pour différentes raisons : pour certains partis c'est du clientélisme, ça leur achète un électorat qu'on aide pas à s'enrichir, à se former, à entreprendre, mais on lui verse des allocations, c'est un électorat dépendant, captif
Mais ça correspond aussi aux intérêts de la bourgeoisie dans une certaine mesure : ça fige les situations sociales, on leur verse 25 % de nos revenus mais au moins ils restent là où ils sont.
Fberger33-03
2021-03-07 12:54:34
Finalement une alliance de fait entre les CSP+ qui veulent figer la situation sociale et bloquer l'ascenseur social, et les partis de gauche qui veulent tenir leur discours social et bénéficier d'un électorat assisté captif
Le perdant c'est le pays, qui se retrouve englué dans ce conservatisme et ces blocages, ces rentes de situation. Et les vrais pauvres, qui sont en dehors de ce schéma puisque les transferts se font des CSP+ vers les classes populaires, mais pas vraiment vers les très très pauvres.
FautLireUnPeu
2021-03-07 12:55:47
Rente de situation sociale pour la bourgeoisie
Rente de situation politique pour les apparatchiks des partis de gauche, PS et LFI
Rente de situation économique pour les classes populaires qui perçoivent au total des revenus de complément pour un faible investissement en formation et en travail.
Les très riches sont en dehors de de schéma, ils sont ailleurs
Les très pauvres sont les oubliés de ce deal
Fberger33-03
2021-03-07 12:56:32
Et l'économie de la France en est le perdant, elle perd en énergie et en créativité, elle est figée
Fberger33-03
2021-03-07 12:58:13
Si on assurait aux CSP+ qu'on va libérer les énergies et améliorer les choses, elles seraient peut-être d'accord pour qu'on répare l'ascenseur social et qu'on rebrasse les hiérarchies sociales.
Mais pour le moment elle peuvent craindre juste que cette remise en route de l'ascenseur social ne soit pas accompagnée par une responsabilisation de tous, une participation juste de tous à l'effort collectif en termes de travail, d'impôt etc... (par exemple que chacun paye un peu d'impôt sur le revenu, même 10 euros par mois ; qu'on augmente l'âge de départ à la retraite et le temps de travail hebdomadaire, avec des hs sups défiscalisées,...). Et qu'en échange la prise de risque soit récompensée, l'accès aux grandes écoles rendu égalitaire...
JaiLaHaine3
2021-03-07 12:59:17
Statut d'auto-entrepreneur, accès facilité aux grandes écoles type sciences po, ENA, EHESP, baisse du nombre d'élèves par professeur en primaire dans les quartiers pauvres, réaffectation des crédits de formation vers les outsiders (chômeurs) au détriment des insiders ...
Oh wait !
C'est fait.
Fberger33-03
2021-03-07 13:01:19
En tout cas je trouve qu'il faut prendre en compte, dans les inégalités, aussi les inégalités de temps de travail, de responsabilités (et donc de charge psychologique, de stress), d'investissement dans la vie collective et d'investissement dans sa formation.
Pas pour répondre aux arguments sur les inégalités économiques, mais pour avoir une vue d'ensemble et surtout pour se donner des chances de réfléchir à des solutions.
Parce que accuser des gens de se goinfrer et de ne pas aider assez, c'est un peu vain quand ils consacrent 25 % de leur salaire théorique à la solidarité, qu'ils travaillent 60 % de temps en plus (55 heures pas semaine au lieu de 35), qu'ils assument une part logiquement plus grande de l'investissement dans la vie collective, dans la formation et dans l'exercice difficile des responsabilités. Forcément ils vont considérer que, certes ils ont un revenu et un patrimoine bien plus élevés, mais que c'est cohérent avec le fait qu'ils travaillent beaucoup plus et ont des charges psychologiques et autres au service de la collectivité.
Et on voit cela dans la vie quotidienne : un cadre dirigeant je bosse en gros de 8h30 à 20h en moyenne, donc 11h30 et il voit bien que mes salariés travaillent 7h30 par jour. C'est normal, mais donc la différence de salaire ne peut pas le choquer, l'inégalité économique en soi ne peut pas le choquer puisqu'elle compensée par une inégalité de formation, de temps de travail et d'investissement personnel.
Ce qui choque c'est la pauvreté, le fait qu'une personne vive mal, difficilement.
FautLireUnPeu
2021-03-07 13:03:56
Donc mon secteur le salarié de base a fait 1 an de formation après le bac (diplôme d'Etat d'AS, en IFAS en 1 an), gagne environ 1500 € net en début de carrière et 2000 € (avec la prime et les indemnités). Souvent, elle travaille de 7h à 14h30. Idem pour un agent de cuisine. 9 à 10 semaines par an de congés + RTT, dans le public (un peu moins dans le privé, autour de 7 ou 8 semaines). Départ à la retraite entre 57 et 60 ans.
Le directeur a fait en général 8 ans d'études après le bac, gagne autour de 5.000 € net en début de carrière et autour de 15.000 € en fin de carrière, il travaille largement 55 hs par semaine, il a 7-8 semaines de congés et RTT et il part à la retraite vers 65-67 ans.
Il consacre donc environ 25 % de son salaire théorique à la solidarité, et le salarié de base bénéfice en gros d'un apport de revenus supplementaires à son revenu qui peut faire autour de 20 % de son salaire d'après ce que je vois (sans enfants : aides au logement, avantages professionnels de type repas et vacances subventionnées, prime d'activité, garantie individuelle de pouvoir d'achat ...).
FautLireUnPeu
2021-03-07 13:05:54
Donc pour planter un décor un peu complet :
Quand tu es CSP+, pas millionnaire, juste très bien payé, eh bien tu paye 25 % de ton revenu pour aider les autres, et par ailleurs tu contribues beaucoup à la vie collective en bossant plus que les autres.
De l'autre côté, le salarié de basr bénéficie de ces allocations et du fait qu'il travaille seulement 35 hs avec 9-10 semaines de congés annuels/RTT (dans le public) et une retraite avant 60 ans, mais il ne bénéfice pas de formes de prestige social et surtout, les chances de ses enfants de s'élever socialement sont faibles.
Je pense que c'est ça le deal social global, et qu'il n'a pas été voulu, il s'est formé inconsciemment et maintenant plus personne ne veut le remettre en cause car chacun a peur de perdre quelque chose sans certitude de rien gagner, par manque de confiance global dans la société et dans les autres groupes sociaux.
JaiLaHaine3
2021-03-07 13:06:52
En gros pour les CSP+ : vous allez bosser bien plus que les autres et reverser 25 % de vos revenus aux CSP-, mais en échange vous avez la garantie d'être CSP+ qui est le statut enviable et vos enfants aussi, et c'est vous qui aurez le pouvoir politique et l'influence sociale.
Et pour les CSP- : vous n'allez pas bosser énormément, vous n'aurez pas trop voix au chapitre et vous et vos enfants rssterez dans votre catégorie sociale sans trop de possibilités d'en sortir, mais en échange vous revevrez un complément de revenus sans rien faire d'environ 20 % de plus ce qui vous permettra de vivre le french dream avec grosse TV, netflix, des I-Phones, une voiture et un pavillon en banlieue.
Fberger33-03
2021-03-07 13:07:43
Ce qui ressemble un peu au système clientéliste à Rome, en moins gros et en moins franc bien sûr.
À Rome, à certaines époques, les plus gros patriciens entretenaient une "clientèle", c'est-à-dire des gens pauvres à qui ils versaient les moyens de leur subsistance (ces pauvres n'avaient donc pas besoin de travailler) en échange de leur vote.
Fberger33-03
2021-03-07 13:08:11
Les inconvénients de ce deal social : il est enkylosant pour le pays et explique en partie le décrochage par rapport à d'autres pays européens.
Il laisse de côté les vrais pauvres (sdf, prisonniers, immigrés sans papier ...) qui n'ont pas le poids suffisant ppur passer des deals.
Pour les CSP-, il n'est plus aussi satisfaisant parce qu'il est un peu humiliant et parce qu'il n'est pas certain qu'il perdure donc c'est stressant : l'assistanat est critiqué et on voit que le pays s'appauvrit sur la durée. Donc on peut s'inquiéter sur le fait que les CSP+ aient toujours l'envie ou les moyens de financer cette solidarité et ce clientélisme.
Fberger33-03
2021-03-07 13:09:00
Et du côté des CSP+, on peut se dire "ok pour ouvrir la société, remettre l'ascenseur social en marche, les enfants des femmes de ménage vont venir concurrencer nos enfants pour les places qu'on croyait acquises à nos enfants dans les grandes écoles et ensuite dans les fonctions prestigieuses ... mais alors pourquoi je continuerai à verser autant à ces gens s'ils ont autant de droits que moi, alors qu'ils travaillent moins ??
Finalement tout ce qui remet un peu en cause ce deal est susceptible de créer de fortes tensions, car chaque groupe social a l'impression de se faire avoir et que les autres veulent grapiller plus ou abuser de la situation. Et chaque groupe social a de bonnes raisons de le penser, mais en fait c'est le système qui a mal évolué et est devenu sa propre caricature.
Fberger33-03
2021-03-07 13:09:53
Il faudrait faire baisser peu à peu la pression fiscale et sociale sur les CSP+, augmenter un peu le temps de travail des CSP-, et rouvrir un peu l'ascenseur social et le débat démocratique, tout cela en même temps et par toutes petites touches successives, afin de rapprocher légèrement les situations et pour sortir peu à peu de la caricature clientéliste et patricienne dans laquelle on est tombés.
C'est d'ailleurs un peu ce qu'il se passe :
- les réformes des retraites et du chômage ont pour but de faire travailler un peu plus les CSP- en limitant un tout petit peu les périodes d'inactivité subventionnées
- l'ouverture partielle aux CSP- de Sciences Po, et maintenant l'ENA, l'EHESP et 'l'ENIT
- on réfléchit aux RIP et à la proportionnelle, mais ça traine
- bon, pour la baisse de la pression fiscale on attend encore, mais déjà avec la politique de la BCE on évite de demander aux CSP+ d'augmenter leur effort de 25 à 30 % de leur revenu global ... pour cela il aurait fallut que Macron s'attaque à la réforme de l'Etat mais il n'a pas osé et c'était clair dès le début.
JaiLaHaine3
2021-03-07 13:12:17
C'est plus facile et plus rigolo de parler du nombre de femmes parmi les només aux césars, ou de se battre entre ethnies
Mamie-de-WKO
2021-03-07 13:16:03
Mon petit-fils es gilets jeune, il a des allocation