Kyrtu
2021-02-25 22:55:58
J'ai ce même regard que les tempes argentées portent sur les temps d'une jeunesse dorée. Ce doux rire, simple, qui refusait la nostalgie mais chérissait le souvenir. J'en rigole désormais, mais cela a toujours été une histoire de regards. Insaisissables, fuyants mais toujours interrogateurs. J'espère du moins qu'ils n'ont pas disparus de ta mémoire. Sûrement, dans mes transports, voyais-je le mirage d'une intrigue romanesque, bâtissant personnage et décor, mélangeant les genres : Gavroche racinien, n'esquivant plus les tirs de l'Histoire, mais vraisemblablement tes regards saisissants.
Il n'en n'est rien, tu n'es plus, mais il nous reste toujours des souvenirs, des interprétations, une histoire.
Voici mon vœu le plus cher, que nous restons l'un pour l'autre des fragments de souvenir. Je fus ce garçon qui t'interpella, condamné au passé simple, tu fus mon monde, condamnée à un devenir inactuel. Nos regards n'ont jamais réussi à se croiser.
Pour le meilleur ou le pire, je ne sais pas, mais quoiqu'il en soit, le tien m'a permis de voir plus loin, de capturer cet horizon irréfragable, celui de la lettre. Tu m'as fait aimer les lettres, voici peut-être la plus belle reconnaissance que je puis te témoigner.
Que nous eussions été aveugle l'inexorable tragédie n'en aurait eu pitié. Nous ne sommes plus rien l'un pour l'autre, des souvenirs espérons-le, un subjonctif, assurément.