Shadowgame94
2021-03-01 11:12:19
Il est près de 6 heures du matin et le «Carpe Diem», une boîte de nuit située à Balma, banlieue cossue de Toulouse, est sur le point de fermer. À quelques mètres, sur le parking de la boîte de nuit, une jeune femme est violée par des clubbers. Sur l'une des vidéos du viol postée sur Snapchat, une personne assistant à la scène devant la discothèque dit à un ami participant à l'agression: «Arrête, c'est un viol». Un appel sans effet. La scène continue.
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Shadowgame94
2021-03-01 11:12:56
Deux jours plus tard, la jeune femme déclare aux gendarmes s'être sentie comme «un jouet, une marionnette au milieu d'enfants qui se disputent». Ses quatre violeurs présumés, tous originaires de la banlieue toulousaine, seront jugés à la Cour criminelle de Haute-Garonne à partir de lundi 1er mars, pour ces faits du 16 septembre 2018. Le procès devrait se dérouler à huis clos, à la demande de la victime.
Trois vidéos du viol
Trois vidéos des agressions sexuelles, filmées le 16 septembre à l'aube, figurent dans le dossier. Immédiatement après les faits, les accusés, âgés de 19 à 25 ans, avaient fui en Espagne ou au Maroc, parfois après avoir été menacés de mort sur les réseaux sociaux. Une enquête de la section de recherches (SR) de la gendarmerie de Toulouse avait rapidement permis de les identifier. Les premières gardes à vue intervenaient après leur retour à Toulouse, un mois après le viol, et les quatre hommes étaient aussitôt placés en détention provisoire. Les accusés ont été identifiés et localisés grâce aux captures d'images vidéo et à la téléphonie, puis confondus par les analyses de traces ADN sur les vêtements de la jeune femme.
La victime s'était rendue au «Carpe Diem» avec le garçon qu'elle fréquentait ainsi qu'avec un autre couple. Cette nuit-là, elle avait consommé joints et cocktails mêlant alcool et boisson énergétique. «Elle a du mal à se souvenir comment elle se retrouve sur le parking. Ensuite, son refus est clair, on voit sur les images qu'elle est tirée par les cheveux, portée à bout de bras, maintenue pendant l'acte», rapporte son avocate.
Les accusés nient les faits
Déscolarisée tôt, la victime, âgée de 19 ans, enchaînait des petits boulots et vivait dans une grande précarité. «C'est une jeune fille qui n'était pas habituée aux sorties nocturnes, elle avait bu, elle a été la victime de prédateurs, qui ont su percevoir sa fragilité, sa vulnérabilité», dénonce son avocate, Ravyn Issa, qui décrit «une jeune fille sociable, qui parlait assez facilement». Ce jour-là, «sa vie a basculé», poursuit Me Issa : «Le peu de confiance qu'elle avait en elle a été saccagé cette nuit-là. Elle est toujours traumatisée, extrêmement anxieuse, en proie à des paniques soudaines. Elle n'arrive pas à se reconstruire».
Les accusés minimisent leur participation à l'agression, nient l'avoir violée ou affirment que les relations sexuelles étaient consenties. Le plus jeune, un chauffeur livreur de 19 ans au moment des faits, affirme que la première relation sexuelle entre la jeune femme et trois des quatre accusés était consentie, puis que la situation a dégénéré en viol, auquel il n'a pas participé, détaille son avocat Robin Sénié-Delon, qui plaidera pour lui la non-assistance à personne en danger. «Ces trois jeunes hommes avaient fui après les faits, ce qui leur a été grandement reproché. La justice n'a jamais douté de leur culpabilité», regrette l'avocat. Mais pour lui, «tous ceux qui ont participé au viol ne sont pas dans le box», ajoute-t-il.
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