BB_Dunkerque2
2021-02-28 13:33:43
Juste imaginez cette situation :
vous êtes dans un pays ou la rage est toujours d’actualité et vous partez faire un peu de camping. En pleine journée vous décidez de faire un bon petit somme dans votre hamac. Pendant que vous êtes endormi, une petite chauve souris brune, alors dans un état avancé de la maladie n’est pas loin. Agitée et assoiffée (a cause de l’hydrophobie), elle est tout d’un coup effrayée par vos ronflements et devient tout de suite agressive.
Sauf que vous êtes endormi, et que c’est un tout petit animal d’environ 6 grammes. Vous ne ressentez même pas ses pattes alors qu’elle se pose sur la peau de votre genou découvert, et elle vous mord. Ses dents sont petites, à peine suffisamment pointues pour percer votre peau sans laisser rien de plus qu’une petite écorchure qui passe inaperçue.
Le virus ne voyage pas directement dans votre sang. En réalité, un test sanguin ne pourrai jamais révéler si vous venez de choper cette maladie. (des tests d'anticorps pourraient être réalisés mais ils seraient complètement inutiles si vous avez déjà reçu un vaccin a un moment de votre vie)
Vous vous réveillez, complètement insoucieux et n’ayant aucune idée de ce qui vient de se passer. Peut être que vous apercevez la morsure, mais vous l’attribuerez sans doutes a une ronce qui vous a écorchée plus tôt dans la journée.
La bombe a été amorcée, et votre cerveau est la cible. La rage va peu a peu se multiplier dans votre système nerveux (nerfs, colonne vertébrale etc.…), sans faire un seul dégât. Vous n’avez littéralement AUCUNS symptômes.
Peut être une semaine, peut être même un an s’est passé après cette petite sortie qui est sans doutes déjà oubliée a ce point. Puis un jour vous commencez a avoir un petit mal de dos, ou même une très légère migraine.
A ce stade la, vous êtes déjà mort, il n’y a aucun traitement.
Réfléchissez bien a cela : Aucun autre virus sur cette planète n’a un taux de mortalité de 100 %. Uniquement la rage. Et une fois que vous développez des symptômes. C’est fini. Vous êtes mort.
Alors comment ça se passe ?
Et bien votre petit mal de tête se transforme en une fièvre, ainsi qu’un sentiment de mal etre généralisé. Vous êtes agité, gêné, et vous avez peur. Alors que le virus qui a pris son temps pour se déplacer jusqu’à votre cerveau trouve un vaste réseau de terminaisons nerveuses, il commence alors a se reproduire très rapidement depuis la base de votre cerveau, la où est situé le « pont », qui est la région responsable de la communication entre votre cerveau et votre corps, mais également des cycles de sommeils.
Ensuite vous devenez anxieux. Vous pensez toujours avoir une simple fièvre, mais tout d’un coup vous commencez à avoir peur, et vous ne vous demandez même pas pourquoi. La raison est simple : le virus est en train de dévorer votre amygdale.
Alors que votre cervelet se fait attaquer par le virus, vous commencez à perdre votre équilibre et votre coordination musculaire. Vous pensez enfin qu’il est temps d’aller voir un médecin a ce moment la. Cependant, en supposant qu’il soit suffisamment lucide pour vous faire faire les tests nécessaires pendant les quelques jours qu’il vous reste à vivre, il est fort probable qu’il ne puisse informer a vos proche la cause de votre mort que bien après.
Vous êtes tremblant, gêné et effrayé. Vous avez la peur tout a fait normale de ne pas savoir ce qu’il vous arrive. Mais avec le virus qui est en train de défoncer votre amygdale, cette peur est multipliée par 100. C’est a peu près a ce moment la que l’hydrophobie commence.
Vous êtes complètement assoiffé. La seule chose que vous désirez, c’est un peu d’eau, mais vous ne pouvez pas boire. A chaque fois que vous essayez, votre gorge se contracte et vous vomissez. C’est devenu une véritable, constante peur de l’eau. Vous avez soif, mais le simple fait de regarder un verre d’eau vous noue la gorge. La contradiction n’est alors pas assez évidente pour que votre cerveau mourant s’en apercoive. A ce stade les médecins vous auront placé en intraveineuse pour ne pas que vous vous déshydratiez, mais c’est inutile. Vous étiez déjà mort a partir du moment ou ce mal de tête a commencé.
Vous vous mettez alors a entendre des choses, ou bien ne rien entendre du tout alors que votre thalamus est atteint. Vous voyez des odeurs, vous entendes des goûts. Tout cela ressemble au pire, au plus effrayant bad trip que quelqu’un puisse subir. Votre hippocampe est déjà attaqué depuis longtemps, et vous commencez a oublier tout, y compris votre famille.
Vous êtes seul. Assoiffé, hallucinant, confus et surtout complètement, absolument horrifié. Tout vous effraie : ces étranges personnes en blouses blanches, ces inconnus autour de vous en train de pleurer et qui continuent d’essayer de vous « faire boire quelque chose ». Tout cela a peine une semaine après l’apparition de ce mal de tête. Ironiquement, vous savez a présent ce que ressentait la chauve souris au moment ou elle vous a mordu.
Éventuellement vous entrez dans la phase finale de la maladie. Votre cerveau commence finalement a s’éteindre, a moitié liquéfié par le virus. Votre visage tombe. Votre corps se relâche. Vous êtes de moins en moins conscient de vos alentours. Un bruit ou une lumière soudaine peuvent vous faire sursauter, mais de façon générale, la seule chose dont vous êtes encore capable est de regarder le sol.
Puis enfin vous mourrez.
Comme tout les autres avant vous.
Toujours.