Lys1242
2021-02-18 22:00:33
Pavé César, faites l'effort de lire je pense que c'est assez intéressant.
Petite précision: je parlerais ici des oeuvres comprises dans la période Tezuka-2010, à partir de 2010 environ on peut dire que le contexte a légèrement changé mais c'est un autre débat.
Je m'explique:
Les mangas ont permis à la plupart des jeunes nationalistes (je compte jusque 30-35 ans) d'aujourd'hui d'échapper au totalitarisme culturel américain.
Mais vous me direz, "quelle est la différence entre adopter les codes américains ou les codes japonais?". Eh bien non, contrairement aux comics ou à bon nombre de films américains, les mangas ne sont pas imprégnés d'idéologie de déstructuration, et n'ont pas vocation à s'exporter, ils sont destinés avant tout pour le public japonais.
Dans ce cas, comment un genre artistique destiné à une population étrangère pourrait servir notre pays me direz-vous.
C'est effectivement le point central de mon propos.
Tout d'abord, faire un parallèle entre le Japon et la France me paraît pertinent:
-Les deux pays sont très anciens, et font partis des plus anciens états nations de la planète.
-Les deux ont eu un système politique similaire pendant très longtemps: un système féodal dans lequel les seigneurs jurent allégeance à un Roi/Empereur qui tire sa légitimité de Dieu (dans le cas de la France le Roi est le lieutenant du Christ sur terre, pour le Japon l'Empereur est le descendant direct de la déesse Susanô)
- Les deux sont un peuple guerrier, ayant fait la guerre pendant la quasi-totalité de leur histoire
- Les deux ont un sens culturel très développé (Cathédrales/Églises et Sanctuaires/Temple/Châteaux)
- Les deux ont étés un fleuron industriel de leur zone géographique pendant très longtemps
Bref, je pourrais continuer longtemps tant ces deux pays sont proches.
Maintenant le coeur du sujet: Pendant la révolution de mai 68, le processus de désenracinement initié pendant la révolution de 1789 atteint son apogée, la transcendantalité est désormais criminalisée, hériter d'un bagage spirituel et culturel est désormais interdit, le pacifisme et la décadence de moeurs sont élevées au rang de doctrine.
Et PILE à ce moment là (en 78), que voit-on surgir en France? Récré A2 présenté par l'idole de la génération précédente: Dorothée. C'est en effet à ce moment là que la France découvre les mangas.
Dans un premier temps, ce sont des mangas (ou animés comme vous voulez) comme Albator, Cobra ou Goldorak. Arriverons ensuite dans le club Dorothée des mangas comme Dragon Ball, City Hunter, Saint Seiya, Hokuto no Ken...
En 97, l'émission sera arrêtée, par des politiques qui auront mis la pression sur TF1. Mais la machine était lancée, l'industrie du manga en France devenait de plus en plus grande avec le développement d'internet, et plusieurs années plus tard ce sera des au tour des chaînes comme NT1, GameOne ou DirectStar de diffuser au grand public des oeuvres comme Naruto, Bleach, Dragon Ball, Initial D etc...
Si vous avez suivis jusqu'ici, vous avez sans doute compris où je voulais en venir.
Ces oeuvres sont aux antipodes de ce que la révolution de 68 (et par extension 1789) ont tentés de détruire. Venant d'un pays où la tradition et le bien commun sont les maîtres mots, ces oeuvres propagent des idées purement traditionnelles:
-Le héros est très souvent un homme bon, viril, qui se surpasse et se met au service des siens pour le bien commun (Goku, Cobra, Ryô Saeba etc...)
-Les personnages n'hésitent pas à mettre leur vie en jeu pour une cause qui les dépasse, le plus important n'est pas l'individu mais une conception de la vie, un idéal à atteindre. On est en plein dans la transcendantalité que les élites ont essayée de détruire.
-Les personnages sont souvent compatibles avec la foi catholique (la monogamie et la famille traditionnelle sont montrées comme normales, hormis pour des cas très rares comme Cobra ou Ryô Saeba qui sont des "mecs à l'ancienne" basés sur les films français des années 60, la plupart des personnages sont fidèles dans leur couple, et quand ils se mettent avec leur femme c'est pour la vie, on pense notamment à Goku, Yusuke Urameshi, Kenshirô...)
-Les personnages décadents (manquant de virilité si je puis dire ainsi pour ne pas faire supprimer le topic, pervers, lâche etc...) sont systématiquement moqués et pointés du doigt comme anormaux
-L'absence totale de notion de démocratie (celui-ci je vais le chercher loin mais ça fait sens vous verrez), dans la grande majorité des cas c'est un chef qui prend la décision pour le groupe, et il est incontesté et incontestable, les autres s'y plient.
-Absence de diversité ethnique (il y en a bien sûr mais en infime proportion)
-La violence n'est pas considérée comme mal lorsqu'elle est bien utilisée, le pacifisme n'est jamais la solution
-Les héros cherchent souvent à ramener leurs ennemis du côté du bien (très récurrent dans les shônens), encore une fois c'est compatible avec la doctrine chrétienne
En résumé: Les mangas ont implantés dans la tête de toute une génération des concepts moraux très forts, et leur a permis de se protéger de l'influence artistique américaine (et même française, la totalité de la production artistique étant de gauche).
Cela ne les as pas forcément transformés en patriotes acharnés tout de suite, mais les graines étaient semées dans leur esprit et il ne manquait plus qu'à les faire germer par les moyens que vous connaissez (lecture, apprentissage de l'histoire, confrontation de la réalité avec ce que l'on nous montre etc...)
Merci d'avoir lu.