MarlouGaulois
2021-01-23 01:31:19
C'est une question que je me pose depuis mes 15 ans, mais bien plus encore maintenant que je suis "enfermé" dans le circuit de la psychiatrie depuis 3 ans.
A mon actif : Hostos de jours, CMP et internements en hôpital psychiatrique pour tentatives de suicides et dépressions.
Durant toutes ces années, on m'a soumis à des "traitements" auxquels je ne comprenais pas grand chose pour des "maladies" dont je ne comprenais encore moins la description à la limite du fantasque.
Seroquel, Paroxetine, Olanzapine, Alprazolam, tout un tas de merdes pour soigner des soi-disant "troubles bipolaires" et autres problèmes d'humeur" qui m'ont toujours étonné et auxquels je n'adhérais pas dans la plupart des cas.
J'ai vu pléthores de psychiatres, moult psychologues et psychothérapeutes et jamais un seul n'a réussi à me convaincre que j'étais malade, ou à expliquer à mon cerveau peut être trop lent.
Il est évident que les troubles psychiques existent, et j'ai pu en être effectivement témoin pendant ces 3 ans de fréquentation régulière des institutions psychiatriques (qui sont absolument catastrophiques et dans leur administration, et dans leur définition du "soin" mais c'est un autre débat).
Des individus défoncés par la vie (alcoolisme, drogue) dont le cerveau ne fonctionne quasiment plus.
Des individus atteints de pathologies comme les schizophrénies convaincus d'être des êtres divins ou d'avoir des dons, d'autres sortant des récits dignes des plus grands romans de science fiction.
D'autres encore plus difficiles, délirants, isolés dans des bâtiments "à part" (cachés seraient plus exact), comme des autistes forts ou pathologies graves. Le style de bâtiment vol au dessus d'un nid de coucou où les gens se tapent la tête contre le mur ou hurlent, oui ça existe.
Des souffrances pour lesquels le mot "maladie" est réel car elle dénote d'un dysfonctionnement évident, d'une véritable pathologie.
Ma pathologie, comme celle de quelques individus (pas si rares) que j'ai pu croiser dans les structures, s'inscrit dans un carnet bien différent : Je les nommerai les maladies de l'âme, ou l'existentialisme. Peut être les férus de philosophies du forum, trouveront le terme inadéquat et j'en suis fort navré, mais je n'ai trouvé aucun autre terme s'en rapprochant, ce n'est encore une fois pas le débat ici.
Je fais partie de ces quelques individus qui depuis leur 10 ans, ou plus tôt encore pour d'autres, sont harassés par des concepts existentiels accompagnants chacun de leurs actes, pensées, et rendant incapable tout acte constructif.
Oui, ces fameuses "questions" souvent méconnues assimilées au synonyme "d'adolescent en crise". A tort.
Depuis petit, la mort me terrorise, le darwinisme m'obsède, l'inexistence acté du bien et du mal autre que par un concept imaginé par l'homme me flagelle, l'idée, l'inception de cette toute petite chose : Notre existence, me frigorifie d'effroi.
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Cette petite question redondante qui accompagne tous mes faits, tous mes gestes et remplace tout.
Pourquoi étudier, trouver un travail, connaître, savoir, comprendre ?
Pourquoi copuler, se reproduire, trouver des "amis" ?
En somme, pourquoi me mouvoir si je "n'existe" pas ?
Suis-je réellement ? Je sais bien que non. Je suis régis par une biologie m'ayant transmis des gênes qui interagissent avec un milieu unique à l'espace et au temps que j'occupe, mais rien de tout ceci n'est le fruit de ma propre décision.
Je peux être riche, pauvre ; me "prendre en main" ou non, changer de classe sociale, "évoluer" comme on dit si bien, rien de tout ceci n'est le fruit d'une quelconque existence, je ne suis que le fruit de X dans Y à un instant Z.
De la même façon, j'aime exprimer cet argument à travers une simple question, mais que je pense juste, pertinente et à la preuve irrévocable:
Si un individu est sur une route à un instant Z pour laquelle un croisement Y apparait : il peut aller à gauche, droite ou tout droit. Les 3 chemins sont rigoureusement les mêmes à l'oeil. Il prend une décision.
Je suis intimement convaincu, que si je remonte le temps à ce moment là pour reposer ma question, la réponse en sera toujours la même, bien qu'aucun cheminement logique n'eut pu être à l'origine de la décision.
De la même raison, la recherche du bien, du mal ; toujours concentré autour d'une chose "l'âme et son chemin dans les ténèbres". Mais si l'âme existe, comment expliquer l'augmentation de la population ? De "nouvelles âmes" se créeraient elles magiquement ?
Que vous soyez ou non en accord avec mes raisonnements n'est encore une fois pas important, ils sont très résumés, très succins et un bref échantillonnage de ces paralysies ; l'importance du discours est d'en comprendre la substance suivante :
Puis-je être considéré comme malade car je ne voue aucune valeur à mon ensemble d'atomes ? Mon discours basé sur l'empirisme, la logique et la déduction peut il être considéré par la société comme une pathologie ?
Comment traiter ceci avec des médicaments ?
J'aurai souhaité continuer ce discours, en y abordant beaucoup d'autres points, mais je me permets de m'en contenter afin de ne pas faire fuir les rares personnes ayant lu jusqu'ici, certainement fatigué de cette logorrhée déjà fort longue.
Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps, n'hésitez pas à me faire part de votre ressenti sur la question.
Maladie psychique ou modèle inadapté ?
MarlouGaulois
2021-01-23 01:42:36
Le 23 janvier 2021 à 01:39:27 PCadvice a écrit :
Puis-je être considéré comme malade
Oui, parce que ton état te rend un peu inadapté à la vie dans la société et te fait souffrir.
Après je vois où tu veux en venir en disant que ça va au delà d'un truc qu'on peut soigner et que c'est ta nature profonde d'être comme ça.
Mais le système social (et médical mais ce n'est qu'une extension, on le voit bien avec le covid, la dictature est dite "sanitaire" mais ça n'en reste pas moins un choix de société) ne trouve pas acceptable de te dire la vérité : c'est mort y'a aucune solution pour toi. Alors ils te traitent, comme si c'était soignable.
C'est ce que j'essaye de démontrer.
J'ai cependant remarqué que c'était une chose très difficile à faire entendre par sa complexité et son individualité.
Un mal de gorge tout le monde en a, et même si t'es pas concerné, tu sais qu'il y a défaut.
Un mec qui se tape la tête contre le mur ou hurle sans raison dans un hôpital, pas besoin d'être un génie non plus.
En revanche la crise existentielle, les souffrances qui en découlent, ne parle à aucun individu ne l'ayant pas personnellement vécue : elle est vue comme une vision biaisée, fausse et donc une maladie.