uchiwa22
2021-01-22 21:31:23
Et avec qui il nourrit un contentieux tenace. Le 10 juillet 2020, Williams a été condamné à 20 ans de réclusion par la cour d'assises d'Evry, pour « violences habituelles sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner », après le décès de Younès, 2 ans, le fils de son ex-compagne. Il a fait appel de cette condamnation.
«Tue-le ! Tue-le !»
Karim n'a jamais vu Younès, puisqu'il était en détention à sa naissance et à sa mort. Il n'a jamais pu assister au procès non plus. Malgré tout, il « veut savoir ce qui est arrivé à son neveu ». Alors, ce 7 septembre, lorsqu'il croise Williams en promenade, l'oncle craque.
Il s'avance vers Williams, qui anticipe et le frappe à la tempe avec une chaussette blanche lestée de verre. Un attroupement d'une trentaine de détenus se forme. L'un d'eux tient Williams par les bras tandis que Karim lui assène des coups de poing et de genou. « Tue-le ! Tue-le ! », crient les autres, selon un surveillant. D'autres détenus, non mis en cause par la justice, prennent le relais.
D'après les caméras de surveillance de la maison d'arrêt, le tabassage dure une minute et 37 secondes. Williams s'en sort avec 12 jours d'interruption temporaire de travail, résultat de multiples coups sur le visage et sur le corps.
Quatre mois de prison ferme
Ce jeudi, Karim comparaissait au tribunal correctionnel d'Evry-Courcouronnes pour cette agression. Il a été condamné à quatre mois de prison ferme et devra verser 1200 euros à sa victime au titre du préjudice moral pour « violences en réunion ». Il était en état de récidive après avoir déjà été condamné le 14 février 2019 pour des faits identiques.
Les deux détenus ont été extraits de Fleury-Mérogis pour l'occasion. Karim, grand aux cheveux longs, toise Williams depuis son box. La victime, en survêtement, s'assoit menottée et sous bonne escorte sur le banc des parties civiles.
« Je voulais juste avoir des comptes par rapport à la mort de mon neveu, explique Karim, d'une voix posée. Je voulais un droit de réponse, le pourquoi du comment. Mon neveu, je ne l'ai jamais connu. La vérité sur sa mort, je ne la sais que grâce à des articles. Alors quand il m'a dit qu'il n'avait rien fait, j'ai vu rouge. »
«Il ne fallait pas me mettre près de lui»
Selon Karim, Williams aurait dit aux autres détenus que Younès était décédé dans un accident de voiture, et non d'un grave traumatisme crânien et de violences répétées. « Comme il a menti, les autres se sont défoulés sur lui », croit savoir l'oncle.
uchiwa22
2021-01-22 21:31:51
« On m'avait prévenu en promenade comme quoi il voulait me frapper, réplique Williams. Il a monté le crâne à tout le monde contre moi. Depuis, on me regarde bizarre. »
Si l'administration pénitentiaire n'avait pas muté Karim à l'aile D1, les deux hommes auraient pu ne jamais se croiser. « J'ai signalé qu'il ne fallait pas me mettre près de lui, assure Karim. On m'a dit que je ne le croiserais pas parce qu'on ne serait pas au même étage. » « Il y a eu des dysfonctionnements de l'administration pénitentiaire » estime son avocate.
D'autant que Karim est sous le coup d'une interdiction d'entrer en contact avec Williams et sa famille. Car ce n'est pas le premier incident entre les deux parties.
«Je n'ai même pas partagé un bonjour avec mon neveu»
En 2017, le premier avait déjà agressé violemment la famille du second. Il avait notamment porté des coups au frère jumeau de Williams en pensant frapper le meurtrier présumé de son neveu… qui se trouvait en réalité en détention provisoire. « Il s'en est pris à mon père handicapé, ma mère, mon frère jumeau, ma petite sœur, tous sont partis à l'hôpital, on ne dort plus… »
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« Moi non plus je dors pas ! rétorque Karim. Sa famille a des souvenirs avec mon neveu, moi rien, que des photos, je n'ai même pas partagé un bonjour avec lui. Etre dans la même promenade que quelqu'un qui a tué un membre de votre famille, c'est dur… »
« Il y a un contexte particulier, 20 ans de réclusion criminelle pour des faits d'une extrême gravité, rappelle le procureur. Mais les faits jugés aujourd'hui sont graves moralement, car Monsieur M. a voulu substituer la justice privée à la justice du peuple. »
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