En dépit d'excellente appréciations Séverine Chalbos a été remercié après avoir cumulé des contrats à durée déterminée de 2003 à 2011. Séverine Chalbos n’est pas la seule dans ce cas-là mais elle vit sa situation ubuesque comme une nouvelle forme de discrimination à l’embauche. Ce n’est pas ici une question d’orientation sexuelle ni de couleur de peau mais de... diplôme. Pas qu’elle en manque. Au contraire, rétorque son employeur durant huit ans, elle en a trop.
Détentrice d’un master II de sociologie (bac + 5), elle espérait être titularisée au poste d’agent d’escale qu’elle occupait depuis 2003. D’abord en emploi saisonnier. Puis en CDD pendant deux ans. "J’avais la culture d’entreprise. Mon CV intéressait mon chef de service. Je pense avoir fait mes preuves, comme en attestent mes fiches d’appréciation", expose la jeune femme de 27 ans. Durant ce laps de temps, Séverine poursuit son cursus en sociologie et obtient son diplôme. Grave erreur. Au moment de demander sa titularisation (par courrier, avec lettre de motivation et CV à jour, comme l’exige la procédure de la SNCF), on exige qu’elle "renonce à ses diplômes".
"C’est inacceptable et scandaleux"
Séverine Chalbos Pourtant, dans l’esprit de la vendeuse, ce processus n’est que routine. En mai 2011, alors qu’elle est en congé, elle reçoit une première mauvaise nouvelle : "Mon supérieur m’appelle et me dit que ma titularisation ne va pas être possible. Le motif ? Je suis surqualifiée pour le poste !" Peu de temps après, la seconde mauvaise nouvelle tombe : pour avoir cumulé trop de CDD, le service juridique de Paris décrète qu’elle ne doit pas être reconduite. "Je suis passée de la joie d’une titularisation à une dépression totale." A-t-elle manqué à son devoir ? "Non. J’étais choquée, abasourdie qu’on me rétorque que je ne pouvais plus travailler parce que j’avais un diplôme."
Pire, sur le site internet de la SNCF, des centaines d’emplois sont proposées. "Plus de 600 commerciaux en gare, 150 contrôleurs, 420 agents d’escale transport", dixit l’espace recrutement. Séverine n’a pas non plus refusé une mutation : "J’étais prête à quitter Montpellier. La SNCF recrute mais pas pour moi, ce qui, après huit ans de bons et loyaux services, est inacceptable et scandaleux !"
Une colère que n’a pas calmée sa rencontre avec la CGT. Désormais, le dossier est entre les mains de son avocate, Me Mélanie Marec, qui voit s’élever devant elle la gigantesque SNCF.
YANNICK POVILLON