Ruskia36
2019-01-30 08:14:39
Je vous le fais en résumé, mais en gros j'me suis fais serrer y'a quelques semaines chez moi pour un vieux TALC de merde qui date de quoi, 2014 ou 2015. Je racontais avoir tué un pote par accident, je sais pas pourquoi j'avais inventé ce fake ridicule surement une nuit ou je me faisais chier à mort, comme tant d'autres que j'ai pu passer sur JVC.
Bref, je traine tranquillement sur le forum quand on sonne à ma porte. Je vais voir qui c'est, c'est la police qu'on me dit. J'ouvre, ils m'expliquent la situation en résumé et me disent qu'il faut que je les suive au commissariat.
Bon citoyen, je les suis sans me douter de ce dont ils vont m'accuser.
"Quelle est votre adresse ? Votre nom ? Vous fumez ? Si oui, quelles substances ? Êtes-vous déjà allé à cet endroit ? Si oui à quelle période ? Connaissez-vous X ? Quel est votre FAI ? Votre opérateur mobile ? L'entreprise qui vous embauche ?"
Je réponds, calme et détaché, aucun des flics qui m'entourent n'a idée ni de qui je suis vraiment ni d'où je viens ni de la puissance qui découle des réponses à ces deux questions.
L'un d'eux, intrigué par mon calme et mon air détaché, ma sérénité, me regarde l'air hautain et lance : "Vous avez l'air bien sur de vous... ? Est-ce que vous êtes stupide ou seulement ignare ?"
Je le regarde, l'air serein et détaché encore et toujours, presque amusé par l'ignorance de ce petit homme qui n'a pas la moindre idée ni d'à qui est-ce qu'il s'adresse ni de la facilité avec laquelle je pourrais écraser ce bâtiment tout entier dans la paume de ma main. Mais, je n'aime pas me vanter, je n'aime pas dire qui je suis et d'où je viens lorsque cela n'est pas nécéssaire. Je le fixe quelques instants, et détourne le regard toujours aussi serein et apaisé, le laissant rire et penser avoir à faire à un fou.
Il m'explique donc que je suis ici pour suspicion ce meurtre involontaire, et rajoute, très fier, qu'il faut maintenant me suivre parce que je passe en comparution immédiate, tout cela avant de m'amener en cellule avec un camarade de détention, en l'attente de mon procès expéditif.
Celui-ci engage la conversation :
"T'as pas une tête de taulard gros. Qu'est-ce que tu fous là."
"..."
"... ?"
"..."
"...J'te parle ! Tu m'entends quand je te parle ?"
"...Aucun commentaire."
"...Quoi aucun commentaire ? Tu peux pas répondre ? T'es muet ?"
"...Je t'ai répondu. Et j'ai dis que j'avais rien à dire, aucun commentaire."
Le bougre se mets alors à reculer sur son banc, certainement commençant à ressentir la puissance cachée dont mes mots laissaient percevoir l'ampleur, même très brièvement.
Deux petites heures après, mon geôlier revient me chercher.
"Toujours aussi serein notre grand parrain hein... on va voir si tu restes aussi stoïque une fois face aux juges."
Je ne réponds pas un mot. Par pour moi, mais pour lui. Je garde mon calme et le contrôle de moi-même, refusant de laisser ma rage couter la vie à tout ceux qui m'entourent.
Arrivé au tribunal, je fais face à plusieurs juges, et le président. Une bonne vingtaine de personnes sont là. Je regarde tout le monde, d'un long et lent mouvement de tête, analysant ce et ceux qui m'entourent, leur laissant comprendre par mon simple regard qu'il ne s'agira pas d'une journée normale, et qu'ils ne jugeront pas aujourd'hui un jugé comme ils ont l'habitude d'en voir.
Je m'installe confortablement assis, derrière mon micro. Le président ouvre le dialogue :
"Avant que l'on ne commence, avez-vous quelque chose à déclarer, monsieur Ruskia ?"
"..."
"... ?"
"..."
Pas un mot ne sors de ma bouche. Je zieute tout ceux qui m'entourent, analysant les gens pour estimer leur valeur, savoir où je suis et avec qui, et essayer de voir si l'un de ces individus arrive à ma cheville ou non.
Dans le même temps, je sens ma patience s'user petit à petit, et ma colère prendre doucement le dessus sur moi, tout en luttant pour la contenir.
Après un long silence, le président commence visiblement gêné, et déblatère plus d'une vingtaine de minutes avec l'avocat de l'accusation et ses jurés sur mon histoire, ma responsabilité dans ce fake minable posté quelques années plus tôt sur le 15/18, et fini par déclarer la sentence : 7 ans de prison ferme. Son coup de marteau résonne dans la salle, je ne bouge pas d'un millimètre, ni mes sourcils ni aucun de mes poils ne réagit.
"Monsieur Ruskia, votre culpabilité ne pouvant être établie, vous écoperez malgré tout d'une peine de prison ferme de 7 ans."
"..."
"..."
"..."
Je me concentre, les yeux rivés sur mon micro. Impassible. Ne t'énerve pas... ne leur fais pas payer leur bêtise, me dis-je sans cesse intérieurement.
"...Monsieur Ruskia ?! Est-ce que vous entendez ce qu'on vous dit ? Avez-vous oui ou non quelque chose à dire ?!"
"..."
Le président s'impatiente.
"...Êtes-vous muet ou fou ?!"
Cette fois, cela en est trop. Ma réaction survient enfin, ne parvenant plus à me maitriser, mes sourcils remuent légèrement et mon regard change, le président est pris d'un mouvement de recul, en s'en apercevant malgré la distance qui nous sépare.
"..."
"..."
"...Allez-vous oui ou non dire quelque chose... ?!"
Lentement mais d'un geste assuré, je dénoue légèrement le nœud de ma cravate. Et patiente quelques secondes, le temps d'apaiser mes nerfs, avant de tousser très légèrement.
"Hu-hum... !"
"... ?"
"..."
"...Allez-vous vous décider à parler oui ou non ?!"
"..."
"..."
"...Cette décision... votre décision, ne me plait pas."
Un silence religieux s'installe dans la pièce. La trentaine de personnes présentes dans la salle rive son regard sur moi comme sur un volcan qui commencerait à trembler doucement, intrigués et terrifiés parce qui ce qui va suivre. Une petite minute s'écoule.
"...Elle ne vous plait pas ? Et que comptez-vous y faire ? Qui êtes-vous pour ne pas vous en satisfaire ?" lance-t-il, avec une témérité qu'il confond avec du courage.
De nouveau, je toussote doucement, comme pour apaiser ma propre colère et éviter un désastre.
"..."
"..."
"...Je suis un khey."
Cette fois, la salle entière ou presque est prise d'un mouvement de recul, comme face à une explosion lointaine. Certains des policiers et des juges, bouche bée et stoïques sont comme paralysés par la peur, mesurant un peu plus à chaque seconde qui passe l'étendue incommensurable de leur erreur. Mesurant un peu plus à chaque seconde qui passe à quel point ils sont en train de frôler des doigts la mort elle-même.
L'un des juges prétexte un coup de fil en urgence pour fuir la salle le pas pressé, croyant berner son monde en posant son téléphone à l'oreille et en disant : "Quoi ? Il lui est arrivé quoi au gosse ? C'est grave ? J'arrive tout de suite mon cœur..."
"Un khey... Un khey de quoi ? Qu'est-ce que cela veut dire ?" me lance le président visiblement ignare et innocent, le regard de la salle entière se tournant vers lui ou plutôt, vers son ignorance.
"...D'où est-ce que vous voulez que cela soit ? Un khey... du forum."
Cette fois, le mouvement de recul laisse place à des gémissements de peur, j'entends une adolescente dans la salle sangloter doucement et se blottir dans les bras de sa mère, qui l'enlace en caressant ses cheveux et en répétant : "Ca va aller ma chérie... tout va bien aller, tout va bien aller ma chérie..." plusieurs fois.
Le visage du président se décompose. Son assurance et sa témérité se transforment en peur, il semble comme voir sa propre fin, défiguré de terreur.
"U-u-un... Du fo-forum... ?" demande-t-il bégayant.
"...C'est exact. Du... du 18/25, pour être plus précis..." répond-je avec une fermeté et une assurance digne d'un chef de nation.
Cette fois, la crainte laisse place à une terreur qui balaye d'un revers le calme relatif qui caractérisait l'ambiance de cette salle de tribunal. Une vieille dame se mets à s'effondrer au sol, hurlant et criant, prise de convulsions, vite évacuée. Mon regard se tourne alors vers elle, puis vers le président, lentement et avec fermeté une fois la dame évacuée.
Je le bouscule du regard, mes yeux pénétrants dans les siens, lui faisant comprendre que je n'ai pas du tout apprécié cette journée, mais que les choses peuvent encore se finir pacifiquement, paisiblement, si il n'a pas la témérité et la folie de pousser mes nerfs un peu plus loin. Les gens sont recroquevillés sur eux-mêmes, en position fœtale, l'une des juges est en larmes, persuadée qu'elle ne reverra plus ses enfants.
"... ...Ramenez monsieur chez lui." lance-t-il au policier en charge de moi après un long silence, la voix brisée par la terreur.
Ce dernier m'invite à me relever, sans trop m'approcher et avec respect, et m'invite à sortir de la salle.
"...Et prenez ma voiture !" lance le président la voix encore brisée par l'angoisse.
Nous sortons lui et moi de la salle, des cris retentissent lorsque la porte se ferme, des cris de joie, les cris de ceux qui ont échappé de très très peu à une mort certaine et qui n'oublieront plus à partir de ce jour de remercier le ciel matin midi et soir que le destin ait décidé d'épargner leurs existences minables et insignifiantes.
"J-j-je... je suis déso..." lance timidement le policier chargé de me raccompagner avant que je ne le coupe : "Je sais." dis-je d'un ton sec, luttant encore contre moi pour contenir ma colère et épargner ces vies.
Je remarque que ses jambes flageolent, mais fait mine de ne pas l'avoir perçu pour ne pas le gêner.
Il me raccompagne à la voiture du président, ou deux hommes m'attendent, l'un d'eux m'ouvre la porte et la referme derrière-moi, et l'autre s'installe au volant pour me ramener chez moi.
"...Nous avons frôlé un drame de peu aujourd'hui." dis-je calmement au chauffeur, après quelques minutes de route.
"... ...Oui nous l'avons frôlé de peu..." dit-il la voix défaite par la crainte, après avoir longuement réfléchis à ses mots.