C’est en Angleterre qu’a lieu en 1144 la première affaire de meurtre rituel impliquant des Juifs, après la disparition du jeune William de Norwich. La famille de l’enfant accuse aussitôt les Juifs chez qui il travaillait d’être responsables de sa disparition. L’accusation est reprise plusieurs années plus tard par le moine bénédictin Thomas de Monmouth qui, après un bref séjour en 1149 à Norwich, rédige un ouvrage intitulé La Vie et les Miracles de saint William Norwich. Appelé à un grand retentissement dans toute l’Europe chrétienne, l’auteur y « explique » comment les Juifs de Norwich ont « acheté » un enfant chrétien avant Pâques pour lui faire subir les mêmes supplices « qu’eut à subir Notre-Seigneur »
Dans ce récit, comme dans celui se rapportant à la première accusation de meurtre rituel enregistrée à Würzburg en Allemagne, en 1147, il n’est pas question d’effusion de sang à des fins rituelles, le corps de la victime ayant été découvert noyé dans un fleuve. Mais, comme à Norwich, une simple rumeur a suffi pour soulever la population et l’inciter à massacrer une vingtaine de Juifs sans que la moindre preuve de leur implication n’ait été apportée