L'extrait de livre le plus puissant que vous avez lu

toshiso
2022-10-28 10:51:40

Le 28 octobre 2022 à 10:40:11 :
Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants.

Quand j'ai lu ça à 12 ans ça m'a mis en pls pendant un tempshttps://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

Les premiers chocs avec la réalité :oui:

soupedechybres
2022-10-28 10:52:27

Le 28 octobre 2022 à 10:49:18 :
" Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. ».

Très beau bordel.

elreydelucioles
2022-10-28 10:53:07

Le Manufacturier - Mathias Köping

« Société de lâches dégénérés (ndlr la France), terrifiée par les maux qu’elle aurait dû combattre par les armes, amenée fort logiquement à disparaître à courte échéance. En Turquie, Mehmet n’aurait pas fait un centième des conneries qu’on lui reprochait ici, en s’excusant presque. Il aurait été tabassé à mort dans une sombre ruelle d’Istanbul, par des flics brutaux »

Soren8
2022-10-28 10:53:44

Le 28 octobre 2022 à 10:49:18 :
" Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. ».

Ce qui veut dire ?

Bol2Glace6
2022-10-28 10:54:06

Le 28 octobre 2022 à 09:07:41 :
""Ah !", s'écria-t-elle, sentant la colère lui donner des envies de vengeance"

https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366203-risitas14.png

soupedechybres
2022-10-28 10:55:08

Le 28 octobre 2022 à 10:20:31 :
« Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l’époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. »

Criant de vérité, je me rappelle avoir lu ce passage et m'être dit qu'il faudrait que j'arrête d'enchaîner les relations qui ne mènent à rien, de peur de devenir incapable de me projeter. Sacré Michel !

curzio48
2022-10-28 10:56:05

Le 28 octobre 2022 à 10:51:40 :

Le 28 octobre 2022 à 10:40:11 :
Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants.

Quand j'ai lu ça à 12 ans ça m'a mis en pls pendant un tempshttps://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

Les premiers chocs avec la réalité :oui:

En fait tu as l'impression que le roman a été écrit pour permettre à cette phrase d'exister.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

Il y a une sorte d'accélération temporelle à la fin du Château de ma mère, pour signifier la sortie de l'enfance et ça va de paire avec la brutal découverte de la conscience de la mort et de la finitude de toute chose.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

AlexeiKirilov
2022-10-28 10:56:18

Surement la mort de Platon Karataïev dans la Guerre et la Paix.https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506524542-ruth-perplexev2.png

Soren8
2022-10-28 10:56:47

Le 28 octobre 2022 à 10:55:08 :

Le 28 octobre 2022 à 10:20:31 :
« Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l’époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. »

Criant de vérité, je me rappelle avoir lu ce passage et m'être dit qu'il faudrait que j'arrête d'enchaîner les relations qui ne mènent à rien, de peur de devenir incapable de me projeter. Sacré Michel !

Si t'es un homme ca ne te concerne pas puisque les plan cul c'est comme un harem

soupedechybres
2022-10-28 10:59:59

Le 28 octobre 2022 à 10:56:47 :

Le 28 octobre 2022 à 10:55:08 :

Le 28 octobre 2022 à 10:20:31 :
« Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l’époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. »

Criant de vérité, je me rappelle avoir lu ce passage et m'être dit qu'il faudrait que j'arrête d'enchaîner les relations qui ne mènent à rien, de peur de devenir incapable de me projeter. Sacré Michel !

Si t'es un homme ca ne te concerne pas puisque les plan cul c'est comme un harem

Pour l'avoir vécu, j'arrive parfaitement à me mettre à la place de Véronique. Je pense que ça touche hommes comme femmes avec la même brutalité, d'où le fait que Michel parle de "génération sacrifiée".

Soren8
2022-10-28 11:02:23

Le 28 octobre 2022 à 10:59:59 :

Le 28 octobre 2022 à 10:56:47 :

Le 28 octobre 2022 à 10:55:08 :

Le 28 octobre 2022 à 10:20:31 :
« Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l’époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. »

Criant de vérité, je me rappelle avoir lu ce passage et m'être dit qu'il faudrait que j'arrête d'enchaîner les relations qui ne mènent à rien, de peur de devenir incapable de me projeter. Sacré Michel !

Si t'es un homme ca ne te concerne pas puisque les plan cul c'est comme un harem

Pour l'avoir vécu, j'arrive parfaitement à me mettre à la place de Véronique. Je pense que ça touche hommes comme femmes avec la même brutalité, d'où le fait que Michel parle de "génération sacrifiée".

Non que les femmes , les hommes sont fait pour avoir plusieurs partenaire :ok:

toshiso
2022-10-28 11:04:24

Le 28 octobre 2022 à 10:42:22 :

Le 28 octobre 2022 à 10:41:01 :

Le 28 octobre 2022 à 10:39:06 :

Le 28 octobre 2022 à 10:37:48 :

Le 28 octobre 2022 à 10:34:07 :
"La démarche la plus capitale et la plus décisive dans la vie des femmes est précisément celle qu'une femme regarde toujours comme la plus insignifiante."

Balzac

Et c'est ?

La femme de trente ans :ok:

Non je veux dire quelle démarche vise-t-il ?, juste pour dissipé toute hésitation.

Alors là, j'imagine qu'il dit ça en général, le mariage, la conception d'un enfant etc... on le voit avec certaines meufs qui finissent ménopausées et dépressives de plus pouvoir mettre au monde

Ok merci pour la précision :ok:

Triumphator
2022-10-28 11:04:28

Le 28 octobre 2022 à 10:51:27 :
"Il reprit : « Qu'importe, d'ailleurs, un peu plus ou un peu moins de génie, puisque
tout doit finir ! »
Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cœur gai, ce soir-là, dit, en souriant : « Vous
avez du noir, aujourd'hui, cher maître. »
Le poète répondit : « J'en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que
moi dans quelques années. La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le
sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un
coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça
va vite quand on descend. A votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui
n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort. »
Duroy se mit à rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. »
Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd'hui, mais
vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment.
Il arrive un jour, voyez-vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c'est fini
de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu'on regarde, c'est la mort qu'on
aperçoit.
Oh ! vous ne comprenez même pas ce mot-là, vous, la mort. A votre âge, ça ne
signifie rien. Au mien, il est terrible.
Oui, on le comprend tout d'un coup, on ne sait pas pourquoi ni à propos de quoi, et
alors tout change d'aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me
travaille comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l'ai sentie peu à peu, mois
par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu'une maison qui s'écroule. Elle m'a
défiguré si complètement que je ne me reconnais pas. Je n'ai plus rien de moi, de
moi l'homme radieux, frais et fort que j'étais à trente ans. Je l'ai vue teindre en blanc
mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et méchante ! Elle m'a pris ma
peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu'une
âme désespérée qu'elle enlèvera bientôt aussi.
Oui, elle m'a émietté, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la
longue destruction de mon être, seconde par seconde. Et maintenant je me sens
mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m'approche d'elle, chaque mouvement,
chaque souffle hâte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler,
rêver, tout ce que nous faisons, c'est mourir. Vivre enfin, c'est mourir !" (bel-ami, Maupassant)

J'ai direct pensé à cet extrait!

toshiso
2022-10-28 11:08:20

Le 28 octobre 2022 à 10:40:48 :
« Il n’était pas désirable que les prolétaires puissent avoir des sentiments politiques profonds. Tout ce qu’on leur demandait, c’était un patriotisme primitif auquel on pouvait faire appel chaque fois qu’il était nécessaire de leur faire accepter plus d’heures de travail ou des rations plus réduites. Ainsi, même quand ils se fâchaient, comme ils le faisaient parfois, leur mécontentement ne menait nulle part car il n’était pas soutenu par des idées générales. Ils ne pouvaient le concentrer que sur des griefs personnels et sans importance. Les maux plus grands échappaient invariablement à leur attention. »

1984

clairvoyant.

Le 28 octobre 2022 à 10:46:50 :
On n'est pas religieux seulement quand on adore une divinité, mais quand on met
toutes les ressources de l'esprit, toutes les soumissions de la volonté, toutes les
ardeurs du fanatisme au service d'une cause ou d'un être qui devient le but et le guide
des pensées et des actions
Gustave Lebon-psychologie des foules

:ok:

soupedechybres
2022-10-28 11:10:52

Le 28 octobre 2022 à 11:04:28 :

Le 28 octobre 2022 à 10:51:27 :
"Il reprit : « Qu'importe, d'ailleurs, un peu plus ou un peu moins de génie, puisque
tout doit finir ! »
Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cœur gai, ce soir-là, dit, en souriant : « Vous
avez du noir, aujourd'hui, cher maître. »
Le poète répondit : « J'en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que
moi dans quelques années. La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le
sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un
coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça
va vite quand on descend. A votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui
n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort. »
Duroy se mit à rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. »
Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd'hui, mais
vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment.
Il arrive un jour, voyez-vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c'est fini
de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu'on regarde, c'est la mort qu'on
aperçoit.
Oh ! vous ne comprenez même pas ce mot-là, vous, la mort. A votre âge, ça ne
signifie rien. Au mien, il est terrible.
Oui, on le comprend tout d'un coup, on ne sait pas pourquoi ni à propos de quoi, et
alors tout change d'aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me
travaille comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l'ai sentie peu à peu, mois
par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu'une maison qui s'écroule. Elle m'a
défiguré si complètement que je ne me reconnais pas. Je n'ai plus rien de moi, de
moi l'homme radieux, frais et fort que j'étais à trente ans. Je l'ai vue teindre en blanc
mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et méchante ! Elle m'a pris ma
peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu'une
âme désespérée qu'elle enlèvera bientôt aussi.
Oui, elle m'a émietté, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la
longue destruction de mon être, seconde par seconde. Et maintenant je me sens
mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m'approche d'elle, chaque mouvement,
chaque souffle hâte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler,
rêver, tout ce que nous faisons, c'est mourir. Vivre enfin, c'est mourir !" (bel-ami, Maupassant)

J'ai direct pensé à cet extrait!

La vision de la mort par Maupassant, c'est vraiment fascinant, il a une manière de la décrire qui me terrifie

Triumphator
2022-10-28 11:13:13

Très belle description mais terriblement effrayante.

toshiso
2022-10-28 11:14:02

Le 28 octobre 2022 à 10:49:18 :
" Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. ».

L'amour est un sentiment généralement déçu.

toshiso
2022-10-28 11:17:28

Le 28 octobre 2022 à 10:51:27 :
"Il reprit : « Qu'importe, d'ailleurs, un peu plus ou un peu moins de génie, puisque
tout doit finir ! »
Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cœur gai, ce soir-là, dit, en souriant : « Vous
avez du noir, aujourd'hui, cher maître. »
Le poète répondit : « J'en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que
moi dans quelques années. La vie est une côte. Tant qu'on monte, on regarde le
sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un
coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça
va vite quand on descend. A votre âge, on est joyeux. On espère tant de choses, qui
n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort. »
Duroy se mit à rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. »
Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd'hui, mais
vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment.
Il arrive un jour, voyez-vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c'est fini
de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu'on regarde, c'est la mort qu'on
aperçoit.
Oh ! vous ne comprenez même pas ce mot-là, vous, la mort. A votre âge, ça ne
signifie rien. Au mien, il est terrible.
Oui, on le comprend tout d'un coup, on ne sait pas pourquoi ni à propos de quoi, et
alors tout change d'aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me
travaille comme si je portais en moi une bête rongeuse. Je l'ai sentie peu à peu, mois
par mois, heure par heure, me dégrader ainsi qu'une maison qui s'écroule. Elle m'a
défiguré si complètement que je ne me reconnais pas. Je n'ai plus rien de moi, de
moi l'homme radieux, frais et fort que j'étais à trente ans. Je l'ai vue teindre en blanc
mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et méchante ! Elle m'a pris ma
peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu'une
âme désespérée qu'elle enlèvera bientôt aussi.
Oui, elle m'a émietté, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la
longue destruction de mon être, seconde par seconde. Et maintenant je me sens
mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m'approche d'elle, chaque mouvement,
chaque souffle hâte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler,
rêver, tout ce que nous faisons, c'est mourir. Vivre enfin, c'est mourir !" (bel-ami, Maupassant)

Violente réalité.

toshiso
2022-10-28 11:19:46

Le 28 octobre 2022 à 10:56:05 :

Le 28 octobre 2022 à 10:51:40 :

Le 28 octobre 2022 à 10:40:11 :
Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants.

Quand j'ai lu ça à 12 ans ça m'a mis en pls pendant un tempshttps://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

Les premiers chocs avec la réalité :oui:

En fait tu as l'impression que le roman a été écrit pour permettre à cette phrase d'exister.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

Il y a une sorte d'accélération temporelle à la fin du Château de ma mère, pour signifier la sortie de l'enfance et ça va de paire avec la brutal découverte de la conscience de la mort et de la finitude de toute chose.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png

Sympa :)

Pederzoli
2022-10-28 20:43:13

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