- Lâchez le !
Les petites créatures, apeurées, lâchèrent leur victime.
- Relève toi Célestin !
- Mais vous êtes qui ? Et eux ? Ils me voulaient quoi ?
- Ne commences tu donc pas à comprendre ta présence en ces lieux ?
- Je ... Je ne sais plus ...
- Ces créatures ne sont que la projections de tes peurs . Tu dois les combattre par tes propres pensées
- Je préfèrerais une arme pour me défendre contre ces immondices
- La haine est un chemin sans issue Célestin !
- Comment connaissez-vous mon prénom au juste ?
- Tu connais déjà la réponse ...
- Non ... Merci pour votre aide mais je dois partir d'ici !
Célestin encore bouleversé par son agression dans les couloirs, sortit du bâtiment de la faculté.
- Ces créatures ... Elles étaient petites mais avaient tant de haine à mon égard ...
- Cet homme m'a probablement sauvé ... Je me demande ce qu'il me veut ...
- Le campus paraît si vide dans cette nuit noire et froide. Je ressens pourtant une présence
Un bus jaune stationné devant le campus fut éclairé par un lampadaire. Il klaxonna à plusieurs reprises.
- Je ferais mieux de rentrer chez moi ... Chez moi ? Je ne sais plus où je suis réellement. Mais peut importe, si Elsa est là, c'est tout ce qui compte pour moi ...
Célestin monta fébrilement dans le bus. Le chauffeur le fixait dans les yeux.
- Oui ?
- Ticket
Le chauffeur paraissait ivre mort.
- Vous allez bien ?
- J'ai dis ... Ticket !
Célestin regarda dans ses poches. Il n'avait aucun ticket en sa possession.
- Désolé ... Je n'ai aucun ticket
- Pas de ticket, pas de bus !
- D'accord ... Je vais descendre ...
- Attentez !
Elsa arriva soudainement à la cabine du chauffeur.
- Elsa ? Je pensais que tu étais déjà rentrée chez toi ?
- Non ! Je prend le même bus que toi Célestin ... Tu as oublié ?
- J'ai la tête ailleurs ces derniers temps
- Oui et tu as oublié ton ticket ?
- Oui je crois bien
- Ticket !
Elsa donna son ticket au chauffeur et un autre pour Célestin.
- Merci ma petite demoiselle ! En route ...
Elsa et Célestin s'assirent l'un à côté de l'autre dans le bus qui démarra.
La nuit noire défilait à grande vitesse par la fenêtre glacée du bus. Le paysage était automnale, les arbres n'avaient presque plus aucune feuille à leurs branches.
- J'aime le calme de l'automne, pas toi Célestin ?
- Oui cette saison me paraît si mélancolique. Elle marque la fin d'un cycle dans la vie
Elsa regarda Célestin en souriant.
- C'est beau ce que tu dis
- Tu trouves ?
- Oui ...
- ...
- ...
- ...
- Célestin ? J'ai froid aux mains ...
Elsa regardait Célestin en montrant sa main gauche toute blanche.
- (Je prend ça main ou pas ? Je n'ose pas ... J'en ai pourtant tellement envie)
- Célestin t'es là ?
- Euh ... Oui désolé, j'étais perdu dans mes pensées
Elsa paraissait déçu que Célestin n'est pas prit sa main dans la sienne.
Le bus se mit brutalement à accélérer dans les virages abruptes de la route de campagne.
- Mais il est malade de rouler comme ça
- Oui ...
Elsa assise sur la droite du côté de la route, se leva. Son postérieur frôla les cuisses de Célestin lorsqu'elle passa entre lui et le siège de devant.
- (Cette sensation ...)
- Attends ! Je vais aller râler après ce chauffeur !
- (Cette fille a vraiment du caractère. Elle est tellement parfaite)
- Oui tu as raison ! Je peux venir avec toi si tu veux ?
- Non je suis une grande fille (Elsa esquissa un clin d'oeil à Célestin)
- Monsieur ?
- Quoi ? Glurp
- Vous êtes ivre ?
- Hé oh ! Hé ! Glurp . Tu vas me parler Glurp autrement gamine !
La chauffeur enfonça la pédale de l'accélérateur tout en buvant une gorgée de la bouteille d'alcool dans sa main. Elsa qui était debout fut déstabilisée et chuta au sol.
- C'pas une bonne femme qui va me dire Glurp quoi faire !
- Elsa ! Ça va ?
- ...
- Arrêtez vous !
- Non ! C'est mon bus ! Ma bouteille de whisky Glurp ! Ma vie !
Célestin se leva de siège. Il avança dans l'allée du bus en se cramponnant aux bars pour ne pas tomber.
- Arrêtez vous !
- Non (le chauffeur se mit à rire nerveusement)
- Vous allez nous tuer sur la route !
- Tu sais Glurp je n'ai plus rien à perdre. Mon unique raison d'exister n'est plus là, partit à tout jamais ! Emportée par les flots de la vie
Le chauffeur se mit à pleurer tout en continuant de boire.
- Je suis sur que tout va s'arranger monsieur ... Ce n'est pas la peine de nous tuer
- Oh ! Je ne vais tuer personne ... Je ne suis pas un assassin comme eux ...
- Eux ?
- Je commence à en avoir marre de discuter avec toi ... Ce soir sera mon dernier voyage ...
Sweet
Célestin avait comprit que le chauffeur de bus voulait mettre fin à sa vie. Il regarda Elsa inconsciente dans l'allée du bus. Il ne pouvait pas laisser cet ivrogne faire du mal à Elsa.
- Tu vas arrêter tes conneries sale ivrogne !
- Qui c'est que tu Glurp traites d'ivrogne ? Tu ne me connais pas ! Tu ne sais pas la douleur Glurp que je vie chaque jour sans elle ...
- Je tiens à cette fille dans le bus, tout comme vous qui teniez à cette personne. Vous ne pouvez pas par égoïsme l'entrainer dans votre projet macabre !
Le chauffeur de bus lâcha la pédale d'accélération du bus. Il se mit à pleurer discrètement.
- Je ... Je suis désolé ... Je n'aurais jamais du agir de la sorte ... Je suis un alcoolique, un bon à rien ! Qu'est-ce qu'elle penserait de moi tout là-haut ?
- Cette personne était qui pour vous ?
- Ma femme, ma vie ...
Elsa reprit connaissance. Le bus ayant ralentit sa course folle, elle réussit à se relever.
- Il s'est passé quoi ?
- Rien ... Tous vas bien ! On peut aller se rassoir ...
Elsa lui tendit de nouveau sa main. Cet évènement lui avait ouvert les yeux. Il tenait à Elsa plus qu'à sa propre vie. Il prit alors la main d'Elsa sans réfléchir. La vie ne tenant qu'à un fil, il ne pouvait s'empêcher de vivre ces petits moments de complicité avec Elsa.
Célestin et Elsa reprirent leur place respective dans le bus.
- Merci ...
- Pour ?
- Tout est flou dans ma tête ... Je t'ai entendu parler à ce chauffeur. Tu as compris sa peine et tu as réussis à le raisonner. Tu lui as dis aussi que tu tenais à moi ... Tu sais ... Moi aussi, je tiens à toi ...
- ...
Célestin se mit à rougir.
- T'es mignon quand tu rougis !
- Merci ... Toi aussi tu es mignonne
Elsa fit un clin d'œil à Célestin. Elle mit sa main sur sa jambe.
Le bus s'arrêta à un arrêt pour prendre un passager. Le rideau de pluie empêchait de voir à travers les vitres du bus. Un homme monta dans le bus. Il donna son ticket et avança dans l'allée. Elsa qui était pourtant de bonne humeur semblait tout d'un coup mal à l'aise. Elle retira sa main de la jambe de Célestin.
- Un problème ? J'ai fais quelque chose qui ne va pas ?
- Non ... Ce n'est pas toi
- Dit moi ce qui te tracasse
- Cet homme ...
- C'est le concierge de l'immeuble
- Oui ... De mon immeuble ...
- Du mien aussi
- Tu vas un peu vite Célestin !
- Comment ça ?
- Je ne suis pas encore prête à emménager avec quelqu'un ...
- Ah ! Mais je disait cela car j'habite aussi dans le même immeuble que toi dans l'appartement 9 !
- Tu vas bien Célestin ? L'appartement 9 c'est à lui ...
Elsa montra du regard le concierge qui s'était assis quelque rang devant.
- ...
Célestin fut troublé par ce qu'il venait d'apprendre. Cet appartement 9 où il avait vécu toutes ces choses horribles n'était donc pas son appartement mais celui du concierge.
- (Je n'habite pas dans l'appartement 9, ni même cet immeuble ... Mais alors, où est-ce que j'habite ? Qui suis-je réellement ? Mes souvenirs ... Tous ce mélange dans ma tête ... )
- Célestin ?
- Oui ?
- Tu as l'air troublé ...
- Non ça va ...
Le concierge se retourna en arrière. Ses yeux noirs fixèrent Elsa qui baissa la tête. Elle se mit à pleurer.
- Pourquoi pleures tu ?
- Ce ... Ce n'est rien
- Je vois que tu es mal Elsa ! Tu peux tout me dire
- Quand je rentre après les cours, il est là, devant ma porte. Il me fixe et sourit jusqu'à que je rentre dans mon appartement
- Il n'est peut être pas méchant
- Je ne sais pas ... Un jour, pendant que je cherchait les clés pour ouvrir la porte, il était derrière moi, il a mit sa main sur mon épaule sans rien dire. Je me suis retourné, je l'ai vu se lécher les lèvres. J'ai eu tellement peur que je suis immédiatement rentré et j'ai refermé la porte. J'ai mit des plusieurs chaînes, tant il me terrifiait
- C'est vraiment étrange ce que tu me dis
- Une autre fois, il avait sonné à ma porte. Je n'ai pas ouvert car il me faisait peur. J'ai regardé alors à travers le judas de la porte. Il avait son œil collé derrière
- ...
- La nuit, je me sens comme observé par lui. Il est derrière le mur de ma chambre. J'entend des gémissements qui me mettent mal à l'aise
- Il faut faire quelque chose
- Je n'ai rien de concret contre lui
- Je vais aller lui parler !
- Tu n'es pas obligé
Célestin prit son courage à deux mains. Il se leva de façon déterminé. Son courage diminuait plus il s'approchait du concierge.
- Euh ... Bonsoir ...
- Tu veux quoi sale merdeux ?
Célestin était en détresse, lui qui était si timide. Il ne savait pas comment réagir à une telle remarque.
- Vous pouvez laisser tranquille Elsa
- Connait pas ...
- La fille derrière
Célestin montra du doigt Elsa qui regardait ses pieds.
- T'es de la police ?
- Non ... Mais ...
- Dégage alors !
- Ok ...
Célestin intimidé par son adversaire, retourna s'assoir à côté d'Elsa.
- Merci Célestin ... Tu as fais ce que tu pouvais !
Elsa fit un petit bisous sur la joue de Célestin.
- (C'est la première fois qu'une fille me fait un bisous. C'est plutôt agréable comme sensation)
- Tu me remonte le morale
Elsa reposa sa tête contre l'épaule de Célestin. Il avait pleins de cheveux dans la bouche mais cela ne le dérangeait pas, au contraire. Les deux jeunes finirent par s'endormir l'un contre l'autre.
- Réveillez vous !
- Hein ? Quoi ?
- C'est le dernier arrêt ! Je rentre chez moi après. J'ai des bouteilles qui m'attendent ...
- Ce n'est pas mon arrêt ...
- Il ne fallait pas s'endormir ... Je ne suis pas un taxi !
Célestin regarda autour de lui avant de descendre. Le concierge avait disparu du bus.
- Elle est passées où la personne qui était là ?
- Qui ça ? Glurp
- Laisse tomber, il recommence à boire. Certaines personnes ne changeront jamais
- Il me fait de la peine
- Certaines blessures ne se referment pas ...
Les deux jeunes amoureux descendirent du bus qui referma tout de suite ses portes. Il redémarra et accéléra à toute allure dans la nuit noire.
- J'espère qu'il ne va pas le faire ...
- C'est malheureusement la vie ... Tu ne peux rien y faire
Sweet
- Je te raccompagne chez toi ... Les rues désertes sont dangereuses pour une fille seule
- C'est gentil ! En même temps, tu pourras passer à mon appartement
- Oui ! Je veux bien
- Tu me donnes ta main ?
Elsa tendit sa main à Célestin qui s'empressa de la prendre, un peu maladroitement.
- Je ne reconnais plus cette ville ... Les rues sont devenues désertes et froides
- (Est-ce qu'elle commence à voir ma vision de ce monde ?)
- Je trouve cette ville sinistre depuis quelques jours. Une impression qui s'est amplifiée depuis que le concierge à ce comportement à mon encontre ... C'est peut être moi qui devient dépressive ...
- Tu vois des monstres ?
- Non ... Les monstres n'existent pas
- Oui ... Je disais ça pour rire
- Les monstres ne sont que le reflet de certaines personnes malfaisantes ... Et elles, sont bien réelles
- Tu parles du concierge ?
- Peut être ... Je divague ... Tu dois me prendre pour une fille chiante
- Non ! Tu es une fille vraiment intéressante ... Je suis du même avis que toi
- C'est gentil ...
Les deux amoureux continuèrent de traverser la ville.
- Je ...
- Tu disais ?
- Je me sens tout d'un coup oppressée ... J'ai l'impression d'être épiée par quelqu'un
Célestin retourna sa tête en arrière. Son regard fut interloqué par la grande ombre qui les suivaient silencieusement.
- (Est-ce que je lui dit ? J'ai peur de ce qui va peut être arrivé)
- Tu as vu quoi ?
- J'ai cru voir quelqu'un nous suivre ... Je suis un peu à cran
Elsa se retourna, elle aussi.
- Lui
- Qui ?
Elsa lâcha la main froide de Célestin.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- ...
L'esprit d'Elsa semblait ailleurs comme si elle ne remarquait plus Célestin, pourtant à côté d'elle. Elle se mit soudain à accélérer la pas. L'ombre fit de même. Tous deux dépassant Célestin, spectateur de la situation.
- Arrêtez de me suivre ! Je vais crier !
Le mutisme de l'ombre était troublant. Elle continuait de suivre Elsa qui se mit à courir.
- Pitié ... Laissez moi !
Dans sa course, elle chuta sur le sol mouillé. L'ombre se tenait devant elle.
- Non !
Célestin rattrapa Elsa et l'ombre. Il essaya de la relever mais il n'arrivait pas à la toucher. Elle était comme irréelle, tout comme l'ombre.
- Non !
- Laisse la tranquille sale immondice
L'ombre se retourna vers Célestin. Un visage pâle et mature cacher par une capuche noire semblait se distinguer dans l'obscurité.
- Tu es impuissant !
- Je ferais tout pour elle
- Ta faiblesse ne peux empêcher ce qui va lui arriver
- Ne lui faite pas ça ! Je l'aime ...
L'homme a capuche noire souffla sur célestin qui s'envola telle une feuille que le vent porte dans les airs.
- Ne me faite pas de mal ... Je vous en supplie
L'homme enveloppa Elsa dans ses bras couvert par de grandes manches noires. Un énorme trou ce forma sous ses bottes dans lequel il se dissipa.
- Elsa !
Célestin se pencha au dessus du trou béant qui ressemblait à celui dans l'appartement 9.
- Ce trou ... Il ressemble au trou dans les toilettes de mon appartement ... Non ... Elsa m'a dit que c'est l'appartement du concierge ... Je ne sais plus
- Célestin !
- Vous m'avez fait une de ces peur !
- Commences tu à comprendre la raison de ta présence dans ce monde sinistre ?
- Elsa ...
- Tu dois sauter dans ce trou ...
- Elsa ... Elle est de l'autre côté ... Je ne sais pas si j'aurais la force d'affronter la réalité
- Tu dois accepter la vérité ...Ton esprit pourra enfin être libre
Célestin n'arrivait pas à sauter. Il ne se sentait pas encore prêt à l'affronter.
- Je ne peux pas ...
- Tu le peux !
- Oui ! Tu dois régler ce problème !
- L'enquête est sur le point d'être résolue
Toutes les personnes qu'il avait croisé dans ce monde sinistre étaient réunis autour de lui.
- Vous ...
- Oui ... Ta conscience est tiraillée mais elle te pousse à affronter la réalité
- L'appartement 13 n'est pas une solution à tes problèmes Célestin !
- Tu ne dois pas abandonner !
- Vous avez raison ... J'ai raison
- Tu as enfin compris ... Tu es prêt à voir la vérité !
- Il va se passer quoi quand je vais sauter dans ce trou ?
- Tu devras affronter la réalité pour te libérer
- Je suis prêt !
Célestin sauta dans le gouffre, bien déterminé à mettre un terme à son chagrin.