Le 06 mars 2023 à 21:07:18 :
Sonnet manqué:
Toi qui nais de ces mots et qui déjà s'échappe,
Vis donc sans étapes, sans jamais t'arrêter,
Laisse-toi murmurer, déclamer ou chanter.
Va petit poème, que pas un n'en réchappe.
Prends grâces, louanges, compliments, et éloges,
Fait les tiens et pars t'en, grandit ta vanité,
Celle de tes vertus et fait t'en une toge.
Va petit poème, roi de l'humanité.
Pincements et blâmes me couleront dessus,
Les remarques acerbes des mauvais déçus
Qui peuple les salons ne seront que mon lot.
Les basses railleries frapperont le poète
Mais tu en est exempt, gracieux enfant prophète.
Va petit poème, sèche donc ces sanglots.
Les incendiaires:
De très jeunes enfants courraient dans les ruelles
Flambeaux pointés au ciel, illuminant la nuit.
Leurs rires s'envolaient emportant leurs ennuis,
Leurs joies contrastaient avec leurs actions cruelles.
L’orange de la flamme chauffait les prunelles
Puis embrasait les cœurs de ces êtres séduits,
Bruleur de douces vies aux sentiments réduits,
Briseurs aux pulsions bien irrationnelles.
La pâleur de leur peau changée par le brasier
Et leurs genoux tombés au sol sur les graviers
Imprimaient un début de vraie résipiscence.
La cité ardée les effrayait maintenant,
Le repentir jouait son accort tintement
Mais la braise montrait déjà sa résurgence.
La chute:
Le tonnerre éclatait sans orage.
De l'éther nulle pluie ne tombait,
L'obscurité était sans nuage,
C'était la révolte qui grondait.
En près d'un tiers des anges du ciel
Vint le poison de l'iniquité.
Las de la gratitude éternelle,
Ils enviaient la divinité.
Autrefois guidés par la lumière,
Ces félons suivirent son porteur
Dont le visage s'était couvert
D’une épaisse étoffe de noirceur.
Ils se firent mener par l'orgueil,
Ils désavouèrent le divin,
Accoururent à leur propre écueil
Et affrontèrent les chérubins,
Pour que le Seigneur soit renversé.
Ainsi fût la révolte des cieux,
De ceux auquel ont dût rappeler
Par l'abandon, qui est comme Dieu ?
Vaincu par la volonté céleste,
Le chef des révoltés perdit pied,
Ce vil pécheur vaincu immodeste,
Il voyait s'éloigner l'empyrée.
Poussé par un air qu'il ne pouvait
Dominer, il dévalait le vide.
L’avilie fendait l'éther, défait,
Perdait le ciel tel l'astéroïde.
Les renégats devenus pluie d'astres
S’éteignant, étouffés de rancœur.
Pourtant nul contrit dans ce désastre
Seulement, une complainte en chœur
Toujours mené par l'instigateur.
La haine burinait la figure
Du plus mauvais de tous ces pécheurs
Consumé par sa colère pure.
Il heurta enfin avec effroi
L’argile pour la première fois
.
L'archange nouvellement déchu
Se redressa encore confus
Ressentit en lui un nouveau poids
Et chuta une seconde fois.
Ses ailes autrefois éclatantes
Voyaient leurs lumières vacillantes.
La froide glaise altérant son teint,
L’ombre enveloppait le séraphin.
Le plus beau des chérubins était,
Et il le resterait à jamais,
Le premier à souffrir la douleur,
Le premier traitre à son bienfaiteur.
Le divin pour toujours condamna
Pour l'injustice née en eux à
L’absence d'amour et à l'enfer,
L'orgueilleux et ses légionnaires.
Il se mit à maudire l'éther
Se clama enfin libre en ses terres
Jeta vers le ciel un cri amer,
Jura la perte à venir du Père,
Diamant rivé à la paupière,
Initiant le règne sous terre
De l'ancien porteur de lumière