L'auteur des faits sera inscrit au Fijais (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes). Photo d'illustration
Un homme comparaissait devant le tribunal correctionnel de Douai, ce mardi 19 octobre, pour détention, diffusion et consultation d’images à caractère pédopornographique.
Les faits lui inspirent “un dégoût profond” de sa personne. Des mots qui reviennent, à plusieurs reprises, dans la bouche du prévenu. Ce mardi 19 octobre, l’homme de 34 ans est jugé par le tribunal correctionnel de Douai pour avoir, entre le 25 août 2019 et le 21 avril 2021, acquis, diffusé, détenu et consulté des images à caractère pédopornographique.
Dix pages d’alerte
C’est un signalement du site “Jeuxvideos.com” qui amène ce trentenaire à comparaître devant la Cour. Le 25 août 2019, le service de la plateforme dépose 10 pages d’alerte suite à la diffusion d’images pornographiques, impliquant des mineures, sur un forum. Parmi elles : “une petite fille qui caresse le sexe d’un homme”, “un homme qui se masturbe devant un enfant nu”, ou encore “des petites filles allongées sur le dos avec un adulte qui caresse des parties génitales” décrit le président, Vincent Naegelin. “C’était des photos de sexe confondues, explique le prévenu à la barre. Quand j’allais sur ce site, je parlais avec des personnes que je ne connaissais pas. Ils étaient intéressés par les photos, alors je donnais le lien.” L’identification de son adresse IP, et la saisie de son téléphone portable, permettront aux enquêteurs de remonter jusqu’à lui.
“Je ne sens pas de réelle attirance”
Si l’auteur des faits reconnaît avoir “regardé une ou deux fois” ces images, il se défend de tout penchants pédophiles. “Ce n’est pas l’enfant lui-même qui m’intéresse mais le sexe en général. Je ne ressent pas de réelle attirance pour les enfants” déclare-t-il. “Vous est-il déjà arrivé de vous masturber ?” s’interroge le président. “Oui, une fois. Et ma conscience m’a dit ‘arrête tes conneries, c’est dégueulasse, répond le prévenu. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. J’ai quelque chose de méchant enfoui en moi, j’ai du travail à faire sur moi par rapport à ce qu’il s’est passé avant.” Durant son enfance, vers ses onze ans, il aurait lui-même été victime d’agressions sexuelles, à raison d’une à deux fois par semaine pendant plusieurs mois. “C’est ressorti durant mes séances avec ma psychologue. Il a fallu que je fasse du mal pour m’en rendre compte” confie-t-il. Un “facteur majeur” qui pourrait expliquer son attitude. Selon le rapport de l’expertise psychiatrique réalisée dans le cadre de la procédure, les faits reprochés ont été commis “par curiosité et fascination”, mais la “dimension perverse” et “possible récidive” ne sont pas à exclure.
“Derrière ces images, il y a des victimes”
Des faits d’“une gravité extrême” selon le procureur de la République, Frédéric Fourtoy, qui rappelle que “derrière ces images, il y a des victimes, des enfants photographiés et filmés dans des situations où ils sont, en réalité, agressés sexuellement.”Le magistrat pointe également le “profil particulièrement inquiétant” de l’individu, déjà condamné pour avoir voulu regarder les parties intimes d’une jeune fille de onze ans. Compte tenu de l’attitude du prévenu, bien résolu “à affronter ses démons”, le procureur requiert une peine de douze mois d’emprisonnement, dont six assortis d’un sursis probatoire, et d’un suivi socio-judiciaire. Si la défense rejoint le parquet sur “la gravité des faits”, elle souligne la “prise de conscience” de son client. “Il a fait la démarche de se soigner, plaide Me Nacéra Arbi. Je ne pense pas que cela soit utile d’avoir un emprisonnement ferme.” Reconnu coupable, l’auteur des faits écope de dix-huit mois d’emprisonnement, dont douze sont assortis d’un sursis probatoire d’une durée de deux ans, aménageable sous forme de détention à domicile. Cette peine s’accompagne d’une injonction de soins et d’une interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs.