Dystopisme
2022-11-22 17:47:43
Le topic va pas survivre, la censure arrive
En réponse aux multiples appels à l'aide des gens de ce forum, je présente une approche réflexive du suicide. Celle de Nicolaï Berdiaev.
Je vous partage en 10 points mes notes et citations de ce livre d'un soi disant orthodoxe mais qui a l'avantage de mettrez en lumière la nature psychologique du suicide : un orgueil malheureux
Le suicide de Nicolaï Berdiaev :
1 - Le sens de la souffrance :
"C’est moins la souffrance que l’humain ne peut pas supporter que l’absence de sens de la souffrance."
2 - Le suicide est multiple dans ses raisons (amour, pouvoir, souffrance, désespoir etc) mais il montre le caractère égocentrique de la personne. Il manque d'amour car chez son prochain "il répand la mort". Peu importe si ma famille est brisée, MA souffrance est plus importante que le monde entier.
3 - Le cloisonnement de la personne en proie à la volonté de suicide est comme enfermé dans un espace clos remplis de ténèbres. Pis il est enfermé dans un espace fermé dans un instant imaginé comme éternel. Le suicide est une sorte d'extériorisation :
"C’est en ceci que réside le grand mystère et le paradoxe du temps [dans le suicide] : toute l’éternité peut être absorbée dans un instant, et les choses vécues à cet instant semblent emplir tout l’être. Jusqu’à ce moment terrible, il y avait chez la personne de l’espérance, et celle-ci aurait peut-être pu renaître à l’instant suivant ; mais elle a pris cet instant pour l’éternité et a décidé d’anéantir cette éternité, d’éteindre l’être.
La personne, au fond, ne désire jamais se tuer ; cela serait d’ailleurs impossible, puisqu’elle appartient à l’éternité : elle veut seulement anéantir un instant qu’elle confond avec l’éternité, elle veut anéantir tout l’être concentré dans un point précis,. et pour cet attentat contre l’éternité, elle en répond à l’éternité."
4 - La conscience de la faute (le péché originel) est plus forte (et salvatrice) que l'illusion de l'affront :
"La psychologie du suicide est une psychologie de l’affront, l’affront reproché à la vie, aux autres, au monde, à Dieu. Mais la psychologie de l’affront est une psychologie d’esclave. La psychologie de la faute lui est opposée, qui est la psychologie de l’être libre et responsable. Dans la conscience de la faute se manifeste une force plus grande que dans la conscience de l’affront."
5 - Le suicidaire n'aimerait pas la vie. Faux, car il souhaite tellement le bien matériel qu'il est prêt à se retirer la vie s'il n'en dispose pas :
" Superficiellement, le suicide peut donner l’impression d’une perte du moindre goût pour la vie terrestre, d’un renoncement définitif à elle. Mais ce n’est pas le cas en réalité. Le suicide est dans la majorité des cas un genre particulier de manifestation d’un amour trouble pour la vie terrestre et ses biens. Le suicidaire est quelqu’un qui a perdu tout espoir que les biens de la vie puissent lui être accordés. Il déteste sa vie malheureuse et dénuée de sens, mais pas la vie terrestre en général, pas les biens de la vie en général. Il aurait préféré une vie terrestre plus heureuse et plus sensée, mais désespère de la possibilité de celle-ci. [...]
Pour la psychologie du suicide, c’est précisément les choses temporaires qui deviennent éternelles, car les choses éternelles ont disparu : c’est précisément la vie terrestre et ses biens qui forment l’unique vie existante ; et il n’y a aucune autre vie."
6 - L'espoir de la vie éternelle en la vie spirituelle éteint la volonté de suicide :
"Lorsque quelqu’un est pénétré profondément et vivement de la pensée que la vie dans ce monde, à cette époque, n’est pas unique et définitive, qu’il y a une vie autre, supérieure et éternelle, la pensée ne lui vient jamais d’en finir avec lui-même. Se présente alors devant lui une tâche sans fin d’enracinement dans l’éternité, d’ascension spirituelle, de libération du pouvoir mauvais, malheureux et absurde de la vie du monde. [...]
Surmonter la volonté de se suicider signifie surmonter le pouvoir du « monde » sur son destin."
7 - Il faut vouloir se sacrifier pour les autres pour en sortir :
" Mais l’orientation égocentrique est et a toujours été la source de la servitude."
8 - L'humilité devant le fardeau de la vie qui génère
" L’acceptation volontaire de la mort est en même temps une acceptation de la croix qu’est la vie. Et la mort est l’ultime croix. Le suicidaire, dans la majorité des cas, pense que sa croix est plus lourde que la croix des autres. Mais personne ne peut décider quelle croix est la plus lourde. Il n’y a là aucun critère objectif de comparaison. Chacun a sa croix particulière, différente de celle d’un autre. Le suicide est non seulement une relation erronée et coupable à la vie, mais aussi une relation erronée et coupable à la mort."
9 - L'enracinement dans la vie prépare la mort - son contraire : la destruction de la vie détruit la mort :
" La personne doit, au fond, se préparer toute sa vie à la mort ; et le fait qu’elle soit prête ou non à mourir déterminent l’importance et la qualité des accomplissements de sa vie.
Se préparer à la mort ne signifie aucunement mourir, affaiblir et anéantir sa vie : au contraire, il s’agit d’élever sa vie, de l’implanter dans l’éternité."
10 - La sacrifice du Christ a pour objet la liberté contre au péché :
" Et la psychologie du suicide n’est pas du tout une psychologie du sacrifice expiatoire. Celui-ci est fondé sur la liberté ; et le suicidaire ignore la liberté, car il n’a pas vaincu le monde mais est vaincu par lui. Le Christ a surmonté le monde et a préparé la voie au triomphe universel sur la mort et à la résurrection. Le sacrifice volontaire à la croix est la voie vers la vie éternelle. Le suicide n’est que la voie vers le trépas éternel, il refuse la résurrection. "