Le 12 décembre 2021 à 10:54:24 :
Le 12 décembre 2021 à 10:50:57 :
Le 12 décembre 2021 à 10:50:10 :
Nicolas Gomez Davila disait : "Il est impossible d'expliquer à un libéral qu'une activité lucrative puisse être immorale".https://image.noelshack.com/fichiers/2020/11/5/1584096190-picsart-03-07-05-56-48-01.png
Chaud les libéraux conservateurs en assistance respiratoire devant la prose de Davila.https://image.noelshack.com/fichiers/2021/49/1/1638825632-anyalunettesbleus4.png
Est-ce qu’il faut vraiment que je te réponde ? La PLS va être cinglante
Choisis bien
Vas y, j'attends que ça de me cultiver, d'autant que je ne maîtrise pas le sujet.https://image.noelshack.com/fichiers/2021/49/1/1638825542-anyalunettesbleus3.png
Boisguilbert a adopté le « pessimisme » augustinien qui est commun aux jansénistes et aux calvinistes. C’est de là que va sortir, par une curieuse alchimie, une des principales idées du libéralisme économique, le marché comme lien social, idée attribuée à tort à des auteurs postérieurs comme Bernard Mandeville ou Adam Smith et jugée par suite, non moins à tort, avoir été une invention anglo-saxonne.
Après la Chute, l’homme est condamné au travail, obligé de coexister avec autrui ; son amour-propre est confronté à l’amour-propre d’autrui en une lutte pour la vie. Nicole : « L’amour-propre des autres hommes s’oppose à tous les désirs du nôtre. » C’est donc la guerre hobbésienne, mais pensée d’un point de vue théologique. Comment échapper à la destruction de la société qu’elle paraît appeler inéluctablement ?
Réponse de Senault : la raison commandera aux passions. Réponse « augustinienne » de Nicole : la raison humaine est trop infirme après la Chute pour jouer complètement ce rôle ; heureusement, il en subsiste quelques parcelles qui suffisent à ce que l’homme utilise la raison pour mieux satisfaire ses passions. « Ce n’est pas la raison qui se sert des passions, mais les passions qui se servent de la raison pour arriver à leur fin » (cité par Faccarello, 1992, p. 162). Ce comportement est appelé par Nicole « amour-propre éclairé » ; il permet que la société, où il n’y a plus en réalité de charité, paraisse en avoir : « Il faut considérer que les hommes étant vides de charité par le dérèglement du péché, demeurent néanmoins pleins de besoins, et sont dépendants les uns des autres dans une infinité de choses. La cupidité a donc pris la place de la charité pour remplir ces besoins, et elle le fait d’une manière que l’on n’admire pas assez ; et où la charité commune ne peut arriver. On trouve, par exemple, presque partout en allant à la campagne, des gens qui sont prêts à servir ceux qui passent, et qui ont des logis tout préparés à les recevoir. On en dispose comme on veut. On leur commande ; et ils obéissent. […] Qu’y aurait-il de plus admirable que ces personnes s’ils [sic] étaient animés de la charité ? C’est la cupidité qui les fait agir. » (Nicole, De l’éducation d’un prince, 1670, cité par Faccarello, p. 162). Mais Nicole, en augustinien « pessimiste », débouchait sur les mêmes conclusions absolutistes que les luthériens. C’est l’ « ordre politique » seul qui reconstitue le lien social dissous par l’amour-propre, et c’est un ordre essentiellement autoritaire et inégalitaire : « Car comme l’état d’innocence [sc. avant la Chute] ne pouvait admettre d’inégalité, l’état du péché ne peut souffrir l’égalité. Chaque homme voudrait être le tyran de tous les autres : et comme il est impossible que chacun réussisse dans ce dessein, il faut, par nécessité, ou que la raison y apporte quelque ordre, ou que la force le fasse, et que les plus puissants devenant les maîtres, les faibles demeurent assujettis. La raison ne reconnaît pas seulement que cet assujettissement des hommes à d’autres hommes est inévitable, mais aussi qu’il est nécessaire et utile. » (Nicole, De l’éducation d’un prince…, cité par Faccarello, p. 162-163). L’égoïsme trouve bien son remède dans les activités de marché, mais par la médiation d’un ordre imposé « verticalement » sur des acteurs « assujettis ».
(Philippe Nemo, Histoire des ideés politiques aux Temps modernes et contemporains, II, 7, Paris, 2013, pp. 433 sq.)