Le 21 août 2020 à 15:00:46 Corinne__Sy a écrit :
Le french dream est réel, mes kheys. Je l’ai vu et il est terrifiant. Issu d’une famille de prolo, avec un père ouvrier du BTP et une mère hôtesse de caisse, j’ai grandi dans les couches les plus basses de la société.
Je vais donner l’exemple d’un de mes frères, qui a désormais 35 ans. Il a été un beau jeune homme qui avait beaucoup de succès avec les femmes, mais était plutôt indiscipliné à l’école. Il avait un tempérament aventureux.
Désormais, il vit avec sa femme, dans une villa qu’il a fait construire dans un petit village à 35 min de la première ville potable. Il s’est endetté il y a 5 ans pour la maison, pour 25 ans, mais la maison n’est toujours pas finie : il a décidé de faire certains travaux lui-même pour réduire les coûts, étant donné qu’il est doué de ses mains (vraiment). Il est chauffeur poids-lourd, et gagne environ 2500€ par mois, et a eu 3 enfants avec 2 femmes différentes.
La villa, déjà, ressemble à toutes les autres villas. Sans être un pavillon, elle n’a rien qui la fasse sortir de l’ordinaire, ou au contraire qui l’inscrit dans une tradition. En gros, cette villa n’a pas d’âme et n’a absolument rien de particulier, la différenciant des autres. Son jardin, c’est une dalle en béton et du gravier (moins d’entretien à faire), et la clôture, ce sont des parpaings à nu.
Sa femme n’est pas laide, mais par contre, elle est odieuse. 6 ans que je la connais, je ne l’ai vu travailler que 8 mois en tout. Elle ne fout rien à la maison, elle ne fait pas même le ménage ou la cuisine, et s’occupe à peine des enfants, qu’elle place à la crèche. Du coup, quand mon frère rentre du travail (10h par jour), il doit faire le ménage, s’occuper des enfants, s’occuper de sa femme (sinon elle dit qu’elle le délaisse), faire la cuisine, poursuivre la construction de la maison, et réparer les voitures (il a un CAP mécanique automobile).
D’ailleurs, pour la voiture, on n’est pas loin du Scénic, puisque c’est une Mégane 2, avec des pares-soleil Spiderman (il n’a que des fils).
Il n’a plus de passion, son rythme de vie lui interdit tout. Il n’a plus d’ami d’ailleurs : sa femme n’aimait pas ses potes.
Il n’a jamais été un grand intellectuel, mais sa vie faisait qu’il avait quand même quelque chose a raconté quand on le voyait. La dernière fois que je l’ai vu, il n’avait que le prix du mètre carré de pierre de parement comme sujet de discussion. Et il avait pris violemment de la bedaine.
Ils n’ont fait qu’un voyage, en Italie, pour voir Rome et Pise. Ils n’en ont retenu que le grand nombre de tunnels à traverser dans les Alpes, qu’ils ont trouvé ridicule, allez savoir pourquoi. Autant dire qu’au niveau du développement intellectuel, culturel, etc... c’est inexistant.
Sa femme a fait une formation pour devenir secrétaire médicale. 4000€ la formation, elle n’a travaillé que 2 mois, cumulant en tout 3300€. Elle a voulu ensuite devenir agent immobilier, mon frère lui a payé un nouvel ordi (550€) (allez savoir pourquoi) pour ce boulot, et elle a abandonné au bout d’un mois, aucune maison n’a été vendu.
Les enfants, d’ailleurs, parlons-en : ils ont tous des prénoms dans le style de Titouan ou Timéo. L’aîné a désormais 8,5 ans, mais il avait du mal à écrire, lire, compter et s’exprimer jusqu’à 7 ans. Quand je dis « du mal », je veux dire que lorsqu’il me parlait, je ne le comprenait pas, il ne parlait pas français. Aujourd’hui, disons qu’on peut communiquer sans trop de difficultés, mais ça reste largement en-dessous de ce qu’un enfant est capable (quand je compare avec les génération des 1995 par exemple).
Mais ça, c’est pour un de mes deux frères, qui me fournit un exemple très concret, sur le temps long, qu’on peut étudier. Mais pour les autres french dreamers, ce sont des variations sur le thème.
Il y a cette fille de 12 ans, enfant de dreamers, qui n’existe qu’à travers snapchat, instagram et tik tok. Son compte instagram est farcie de vidéos d’elle où elle twerke.
Il y a cette autre fille de dreamer, qui un jour, en période de Noël, a demandé devant moi à son père « qui est l’enfant dans la crèche, vers qui tous les autres sont tournés ? ». Son père a juste répondu que c’est un enfant dont on fête l’anniversaire aussi le jour de Noël. Elle a 9 ans, elle ne sait toujours ps qui est le petit Jésus, autour duquel tourne Noël.
Je connais un dreamer qui passe toutes ses vacances au Cap d’Agde, même celles d’hiver. Il y profite des clubs libertins.
Les exemples sont innombrables !
Mais tout ça, c’est pour les gens qui vivent un french dream sans encombre.
Pour ceux dont le french dream s’arrêtent brusquement, c’est d’une violence inouïe. Je vais donner l’exemple de Frank.
Frank vivait le même french dream que mon frère. Exactement le même. Sauf qu’un jour, sa femme s’est dit qu’organiser régulièrement des gang-bangs où elle était la seule personne dotée d’un vagin serait une bonne idée. Elle a réuni tous les hommes du voisinage (à chaque fois, minimum 5), dans des parties de jambes en l’air dont elle était le centre d’attention, quand son mari se crevait au boulot (10h par jours pour lui aussi). Quand son mari l’a appris (ne me demandez pas comment, je n’ai jamais su), il a bien entendu demandé le divorce. Sa femme a obtenu la maison , la moitié des économies et des meubles, la garde des enfants et une des deux voitures. Comble de l’ironie, le mari doit lui verser une pension alimentaire en plus de celle des enfants, alors qu’elle a reconnu la faute morale.
J’ai décidé de fuir tout ça. En janvier, je quitte le pays pour le Canada, qui n’est qu’une première étape. Je suis biologiste, généticien pour être précis, je trouverai du travail partout sauf en France. J’ai déjà un poste qui m’attend au Canada, je négocie aussi avec les chinois.
Je trouverai aussi une femme acceptable un jour. Je ne demande rien, sinon une femme avec qui je peux construire une relation saine, stable, équitable, basée sur la confiance, et qui me laisse un minimum de liberté. Et ça, c’est impossible ici : j’avais trouvé une femme comme ça, véritablement exceptionnelle, mais elle s’est laissée rattraper par l’ambiance française.
Je ne veux pas vivre le french dream : c’est une vie d’esclave, aseptiséee, qui appauvrit l’âme et enlaidit tout. C’est un effondrement moral et culturel couplé à une totale déconnexion à son environnement. C’est une existence stérile dont il n’émerge que des enfants tout aussi vides que leurs parents, et qui seront tout aussi malheureux qu’eux.