Le 26 juillet 2017 à 13:07:51 henryroma a écrit :
C'est un peu dur à dire.
Je viens d'un milieu prolo dans tous les sens du terme (ouvriers, rural, films d'actions, "malbouffe") et j'ai étudié à l'ENS et dans l'Ivy League. Pour dire que le choc culturel je connais et que entrer dans ces milieux éduqués est une vraie expérience anthropologique.
Des bobos, j'en ai tellement côtoyé. C'est d'autant plus frappant qu'ils ne se rendent pas compte de leurs aspects eux-mêmes, venant souvent d'un même milieu. Mais de mes années d'études et de fréquentation de ces milieux, et surtout de leurs divergences avec les autres milieux sociaux, pour moi le bobo est surtout et avant tout un hypocrite, qui revendique/clame des choses sans (se) les appliquer.
- Le bobo c'est celui qui adooore la diversité mais qui n'a aucun Abdul ou Mohamed en pote. OU, s'il en a, c'est Mohamed le fils d'ambassadeur du Maroc issu de son école d'élite (oui, le bobo aime la mixité, mais seulement la mixité raciale entre élites, pas avec Rachid le vendeur de shit du 93). Le bobo adore la diversité mais vit dans les quartiers les plus homogène au plan socio-éducatif (ceux qui votent en masse Macron, blancs, éduqués). OU, s'il vit dans un quartier plus populaire, c'est pour le côté exotique, mais JAMAIS un bobo ne connaît vraiment les gens de son quartier issus de la diversité. Comme d'hab, le bobo aime la diversité pour la bouffe, les marchés exotiques, mais ne connaît jamais Abdul le maçon, Rachid le balayeur, Mamadou le conducteur de métro.
- Le bobo adoooore la tolérance et l'ouverture d'esprit. Il s'intéresse à plein de cultures, de pays dans le monde, s'imagine ouvert, dépourvu de préjugés. Mais il vit dans les quartiers les plus homogènes de France. Le bobo a une passion pour je ne sais quel pays à l'autre bout du monde, mais ne connaît rien à la vie de Michel qui vit à 20km de chez lui et vote FN.
- Politiquement, le bobo se croit tolérant mais dès qu'un truc ne va pas dans son sens (Brexit, Trump, FN) redevient très autoritaire, violent, anti-démocratique. Le bobo chiale pour protéger la démocratique, faire barrage à la haine pour éviter le fascisme, mais gueule sur tous les toits que la démocratie est problématique quand ça va pas dans son sens, qu'il faut passer en force les référendum.
- Le bobo a un besoin inavoué de distinction sociale, dans tout. Le bobo déteste ce qui est mainstream. Il ne regarde pas de films d'action, mais des films d'auteur. Il n'ira jamais dans un steakhouse, mais dans des restos éthiopiens peu connus. Pour le bobo la destination clichéique c'est les US, l'Espagne, non lui il va dans le sultanat d'Oman, en Inde, en Ouzbékistan. Le bobo fuit l'occidentalisation du monde mais l'apporte sans cesse ailleurs, et se plaint des touristes après. Comme quand le bobo se croit tolérant sans l'être, dans le voyage c'est pareil, le bobo se croit un vrai voyageur, alors que c'est surtout un touriste qui garde sa carte bleue et son assurance même dans des pays paumés.
- Le bobo est écolo. Il aime tous ces termes à la con, toujours très moraux, de commerce équitable, solidaire, progressiste, toutes ces merdes. Surtout, son écologie est militante : le bobo, urbain des grandes villes, n'a pas de voiture et s'imagine hyper-écolo de ce fait, stigmatisant Michel, l'affreux votant rural du FN qui prend sa voiture tous les jours pour le boulot. Par contre, notre écolo sans voiture n'a aucun mal à prendre l'avion 5 ou 6 fois par an pour aller dans je ne sais quel pays, sachant qu'un seul vol en avion pollue infiniment plus qu'un an de voiture de Michel.
- Le bobo déteste son pays, sa culture. Il adore exalter celle des autres, de l'Autre, mais déteste la sienne. Il déteste le christianisme par exemple. Le bobo s'imagine rebelle, anticonformiste en tapant sur un cadavre mort qu'est l'Eglise, mais parler de la condition des homos, des femmes dans l'islam, qui est bien pire que dans le christianisme, ça jamais.
Tout ça c'est du vécu, des gens que j'ai côtoyés, et y en aurait encore beaucoup à dire.
Résumé parfait du mode vie bobo.