ALTERRE CHAT GPT | LES PROFS changent de stratégie face à la tricherie

Le 30 septembre 2024 à 11:39:50 :

Le 30 septembre 2024 à 10:56:07 :
Si ça permets de faire revenir aux bonnes vieilles méthodes.

• Exercices au tableau et devoirs surveillés seulement;
• récitation et explication orale de leçon;
• par-coeur.

le par-coeur pour recracher bêtement ce qu'on t'apprends c'est absolument débile

c'est la manière dont on apprends les maths jusqu'au lycée et je pense sincèrement que c'est pour ça que la France a des résultats aussi catastrophique en maths

En même temps c'est les bases, il y a des choses qui s'apprennent par coeur

Né fin 2022, le chatbot dopé à l’intelligence artificielle d’OpenAI s’est rapidement invité dans les milieux scolaires, surtout à partir du lycée, comme la nouvelle antisèche des élèves ou une aide aux devoirs un peu trop efficace. De quoi compliquer la tâche des professeurs et même, pour certains, bousculer leur pédagogie. Afin de réduire les possibilités de triche, ils sont nombreux à moins recourir aux devoirs maison (DM) au profit des devoirs sur table (DST), réalisés en classe.

« Ça devenait inquiétant »

Dans le lycée de Mohamed, professeur de mathématiques, la bascule s’est produite en 2023. « On s’est dit que ça devenait inquiétant. Les élèves commençaient à beaucoup utiliser ChatGPT, ça n’allait pas du tout », raconte l’enseignant lillois. La différence flagrante entre un rendu de copie maison et celui d’un devoir surveillé laisse peu de place au doute. Encore moins quand l’élève en question a recopié des notations mathématiques que les manuels scolaires français n’utilisent pas. « ChatGPT propose un résultat avec un vocabulaire anglo-saxon, c’est-à-dire avec des formules différentes de celles qu’on apprend en France, explique Mohamed. Si on les voit sur une copie, la triche est évidente. »

À la rentrée 2023, le professeur lillois donnait encore des devoirs pour moitié à faire à la maison et l’autre moitié en classe. En juin, il est passé à 20 % pour les premiers, 80 % pour les seconds. Aujourd’hui, il réfléchit même à abandonner totalement les devoirs à la maison. Stéphanie, professeure de philosophie dans un lycée privé de l’Oise, a, elle, décidé de les rendre facultatifs, sans notation, en plus de les réduire des deux tiers. « Comme ça, ceux qui ont envie de travailler le feront, ce sera valorisé dans mes appréciations, et ceux qui ne veulent pas n’auront plus besoin de tricher. » La jeune femme ne supportait plus de lire dans ses copies des paragraphes entiers au ton très généraliste, comme ChatGPT sait si bien les formuler.

Moins de temps pour les cours

Un inconvénient, et de taille : le temps consacré aux devoirs sur table au détriment des heures de cours. « On se retrouve à perdre du temps de classe alors qu’on a un programme déjà suffisamment dense », déplore Stéphanie. Les élèves, eux, y voient un autre défaut. Avec la multiplication des DST, la charge de travail à la maison a augmenté. « On doit davantage réviser, puisqu’on a plus de contrôles ! Les DM demandaient moins de temps », s’agace Zara, élève de première, quatre contrôles au programme cette semaine. La Parisienne de 16 ans s’énerve : « Au final, ça pénalise aussi ceux qui, comme moi, n’utilisaient pas ChatGPT. »

ChatGPT : l’IA, la nouvelle antisèche des élèves et des étudiants

Quand les exercices à la maison sont maintenus, ils sont souvent adaptés. « Les inspecteurs nous ont invités à faire des devoirs fractionnés : les commencer en classe et laisser les élèves les terminer chez eux », indique Stéphanie, qui craint que cela n’incite pas les lycéens « à se dépasser ». En mathématiques, Mohamed aussi commande des travaux maison plus limités, en donnant des devoirs pour lesquels l’IA ne serait d’aucune aide.

Tricher lors d’un DM n’a rien de nouveau. Mais jamais un outil gratuit et efficace n’aura paru si accessible. « ChatGPT, c’est la version 2024 des problèmes posés par les devoirs maison, note Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées. Pendant un temps, c’était les devoirs faits par les parents ou la fratrie, puis les copiés-collés des livres, des sites Internet, les devoirs achetés en ligne… On a toujours dit que les DM étaient source d’inégalités, donc à éviter ou à borner. » Hélène (le prénom a été changé), qui enseigne l’anglais dans un collège du Var, abonde : « Certains élèves trichaient déjà avec les traducteurs en ligne. Avec ChatGPT, ça s’est amplifié. »

« On ne peut pas en faire notre ennemie »

Loin de dresser un tableau totalement noir de l’utilisation de l’IA, les professeurs que nous avons interrogés tentent de regarder le côté positif. « Avoir plus de devoirs sur table permet au moins de limiter les inégalités entre les élèves », concède Laurent, professeur d’anglais dans un lycée du Val-de-Marne.

Pourquoi ChatGPT est une révolution « comparable à l’apparition de l’ordinateur »

Joëlle, professeure d’histoire en khâgne à Paris, y voit l’occasion de « clarifier » avec ses élèves les objectifs des exercices demandés, « pour qu’ils comprennent bien que tricher les desservira ». Laurent aussi veut « jouer la transparence ». Il réfléchit même à ajouter dans ses critères d’évaluation « l’idée d’avoir réinvesti correctement ce qui a été vu en classe », pour éviter de se retrouver avec des « textes alambiqués, à l’image de ce que proposent les IA, sans aucune trace du vocabulaire appris en cours ».
« On ne peut pas en faire notre ennemie, admet Stéphanie. Il faut qu’on apprenne à nos élèves à s’en servir comme d’un simple outil pratique. » La professeure de philosophie dit toutefois se sentir bien seule face à l’ampleur de la tâche. « Le sujet est dans un angle mort, acquiesce Sophie Vénétitay. Il va falloir qu’on en discute, et vite. »