GOLLUM-VENERE
2023-08-21 00:26:15
Toutes les queues du monde ne suffiraient pas à combler le vide intergalactique qui sépare les deux oreilles de cette traînée.
Il n'y a pas un seul instant où elle se dit « Pourquoi suis-je ici ? Quel est le sens de tout ça ? Pourquoi je fais tout ça ? Est-ce cela que mes ancêtres voulaient pour leur descendance ? Que penseraient-ils de moi ? Que dirais-je à mes enfants s'ils faisaient comme moi ? Quel est le rôle que je joue actuellement dans l'histoire et dans la société ? Dois-je croire en une transcendance ? », et même une fulgurance post coitum ne peut toucher cet animal mort permanent.
Non, la seule, l'unique question que se pose cette chienne revenue à un stade primitif de l'évolution, c'est « Quel est le meilleur mâle reproducteur que je puisse trouver pour ce soir ? », non pas afin de se reproduire, là est tout le paradoxe, mais dans une démarche stérile de cuve à foutre à la recherche de couilles à vidanger, afin de maintenir un niveau suffisant de dopamine dans sa cervelle de chienne pour oublier la vacuité de sa vanité et l'inutilité de son existence « Tu t'entêtes à te foutre de tout. Mais pourvu qu'elles soient grosses. » dirait son philosophe fétiche.
Toute tentative de sauvetage est d'emblée vouée à l'échec, toute âme magnanime ou miséricordieuse venant à son aide serait immédiatement taxée de frustration, de puritanisme moyenâgeux, voire de jalousie, c'est un cas désespéré : cancer généralisé de la pensée seule chose d'ailleurs qui évolue et progresse chez elle , métastasé au dernier degré, mort cérébrale imminente, théologiens et philosophes ne peuvent plus rien pour elle.
Une électrode dans le cerveau qui stimulerait continuellement ses récepteurs cérébraux de plaisir reviendrait strictement au même, et parviendrait à simuler dans son propre référentiel le destin auquel elle a toujours aspiré : elle terminerait ses jours nue, par terre, les sphincters du vagin et de l'anus fatigués par leurs perpétuelles contractions, affalée sur un sol jonché d'un mélange pestilentiel de cyprine, d'urine et de fèces, formant une flaque dans laquelle se refléterait le visage refait et vide d'intelligence de cette erreur de la nature.
Ainsi, ce vide absolu de l'esprit, le grand trou noir, qui absorbe et annihile toute lueur d'intelligence venue de loin pour la sauver de sa propre bêtise, qui broie les rares idées qui ont eu la malchance de s'aventurer en des contrées si désertiques, s'élargit d'heure en heure au rythme effréné de ses coïts, à l'instar de ses orifices dilatés même pendant les heures creuses.
« Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi. » écrivait Nietzsche, et soudain j'imagine la créature atroce et misérable qui m'observe avec ses grands yeux noirs du fond de cette grotte sans paroi pareille à une nuit sans étoile, et mon regard erratique perturbe par sa présence la quiétude malsaine de cet antre si profond et si vide que les hurlements de la bête y demeurent sans écho.
Le silence éternel de cet espace infini m'effraie.
J'ai le vertige.