"Les vaccins sont efficaces à 95%" "Selon qui ?" "Selon les fabriquants"

Linc
2021-07-20 10:51:25

Le 20 juillet 2021 à 10:34:56 :
Petit résumé d'article scientifique bien intéressant:

Pourquoi un nombre croissant de personnes pense que la vaccination n’est pas nécessaire et dangereuse ? Question cruciale quand on sait que la lutte contre la pandémie COVID19 passe par la vaccination dont on sait l’efficacité et que certains pensent que cette pandémie n’est qu’un moyen pour vendre encore plus de vaccins.
Vaccine Hesitancy, Acceptance, and Anti-Vaccination: Trends and Future Prospects for Public Health.
28 avril 2021 Ève Dubé et al.

Contexte
L’OMS a identifié l’hésitation vaccinale comme étant un des 10 dangers sur la santé en général. L’exemple récent sur la vaccination HPV des adolescents ayant été sévèrement impactée par de fausses nouvelles est là pour nous le rappeler. Ces allégations remontent à l’origine même des vaccins et n’ont fait que se développer grâce aux réseaux sociaux et nouveaux médias qui les diffusent et les amplifient plus rapidement qu’une pandémie. Le but de cet article est de donner une vue d’ensemble de la littérature récente sur ce thème avec au préalable un point sur la terminologie et les concepts pour ensuite aborder les causes potentielles, les implications de la résistance à la vaccination

Concepts et terminologie : de l’anti-vaccination à l’acceptation vaccinale
En 1er lieu il n’y pas de dichotomie entre anti et provax mais entre les deux tout un éventail de personnes hésitantes avec une grande hétérogénéité. Il s’agit d’une ambivalence sans caractère irrationnel ou anti-science traduisant en fait des questions légitimes, les hésitants ne sont pas forcément des activistes anti-vaccins. L’acceptabilité se définit par la possibilité d’accepter ou de refuser un vaccin quand cette opportunité se présente. Il y a une acceptation active basée sur la compréhension du bien-fondé de la vaccination, ou passive de ceux qui sont compliants et respectent les recommandations ou la norme sociale. De fait la couverture vaccinale ne traduit pas à elle seule le niveau d’acceptation car elle recouvre les différents aspects conduisant à la vaccination, ou non.

Le mouvement antivaccinal : tendances et conséquences potentielles.
Il est ancien et est sous forme d’activisme, sachant que des parties politiques ou religieux peuvent en prendre le prétexte à des fins autres.
Parmi les fondements il y a ceux en faveurs des médecines alternatives écartant les bases mêmes de la vaccination. Initialement le manque complet de culture scientifique était un fort élément de l’incompréhension et donc du refus. Le vaccin n’est pas naturel par opposition à la maladie. Ensuite l’aspect biochimique des vaccins (adjuvants, synthèse …) a été un argument supplémentaire signifiant qu’on injecte des composés non naturels (assimilés à des toxiques). Les arguments des antivax ont de fait évolué et rattaché telles ou telles manifestations à différents composés sur une base pseudoscientifique. Les arguments sur les dangers des vaccins ont de fait été largement développés. Ensuite ils ont évolué vers la mise en cause des politiques vaccinales avec les aspects complotistes, liens d’intérêts avec les big-pharma etc. Les autorités publiques sont dénoncées et au-delà la politique d’un état. Ils traduisent souvent le ressentiment vis à vis de l’autorité politique et utilisent le refus vaccinal comme un moyen d’expression et de pression. Le fait de rendre un vaccin obligatoire peut entrainer un recrutement d’antivax du fait de l’atteinte à leur liberté.

Quelles sont les racines du refus, de l’hésitation ou du sentiment anti-vaccinal ? Les outils pour les évaluer sont imparfaits même s’ils s’améliorent au fur et à mesure des études. Les raisons étant multiples et complexes il ne peut y avoir un seul outil d’évaluation et le taux de vaccination n’est qu’un paramètre imparfait pour en juger. Les déterminants clefs sont la perception de l’efficacité, de la sécurité, du besoin mais aussi de l’expérience passée du système de santé, des émotions, de l’origine des informations, de la confiance vis à vis des autorités de santé etc. le tout dans un contexte social et économique. Il ne faut pas oublier que ceux qui diffusent les idées anti-vaccinales ont leurs propres intérêts à le faire allant des médias, aux politiques aux you-tubers etc. La recherche sur internet utilise des moteurs qui renforcent en fait les idées en offrant des informations répondant aux attentes et non de façon objectives et partagées.

Critique des vaccins et des professionnels de santé
Les professionnels de santé sont les plus à même de promouvoir la vaccination encore faut-il qu’ils en aient les arguments et donc la formation et l’information. Tous ne sont pas convaincus de l’efficacité et de la sécurité des vaccins ou de leur utilité et de fait ne les proposent pas (les auteurs donnent en exemple la France sur ce thème). Beaucoup d’hésitants font état des difficultés à avoir une discussion objective et constructive sur le sujet des vaccins avec leur médecin.

Que faire ?
Communiquer oui mais ce n’est pas suffisant, voire, être contre-productif. Il faut définir par qui doit passer la communication (par des pairs, des autorités religieuses) et selon quelles modalités (supports basés sur la psychologie). Il est important de bien comprendre la tactique des antivax ; conspiration, références à de faux experts, données de la littératures sélectionnées, demandes impossibles (vaccin efficace à 100%) faux arguments logiques.
La réponse doit bien montrer que le mécanisme utilisé par l’antivax est identifié.
L’obligation vaccinale n’est pas un moyen adéquat à long terme.

Conclusion
Dans le contexte de la vaccination COVID il est plus que jamais nécessaire de comprendre la dynamique du phénomène, les facteurs socio-culturels, évaluer l’impact de cette hésitation sur l’acceptation dans la population.

Interprétation / commentaires
Cette revue, avant tout narrative, montre bien la complexité liée à l’hésitation vaccinale en termes de définition, de compréhension, de réponse.
L’extension de la vaccination COVID19 à la population générale dépassant donc la vaccination des populations à risque, ayant un bénéfice individuel identifié va nous confronter de plus en plus aux idées antivax et à l’hésitation. Le rôle des vaccinateurs, proches de leurs patients va probablement être primordial. Tous ne sont pas formés à la confrontation avec le refus vaccinal. La décision médicale partagée, l’entretien motivationnel pourraient être de bons supports. Il n’en reste pas moins qu’un objectif de 80% des personnes protégées que ce soit suite à un COVID, ou là, à la vaccination est un objectif pour espérer gérer cette pandémie.

Rédigé par : Dr Jacques Gaillat

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