FionDeBiden
2021-03-19 20:11:37
ça me rappelle ma lettre d'admission à Mensa, la communauté des "surdoués", j'étais assez enthousiaste, et elle était écrite en inclusive donc j'y suis pas allé
Turtl
2021-03-19 20:14:09
La norme grammaticale a été l’objet de réformes et de transformations successives au fil des siècles.
Ainsi, en ancien français et jusqu’au XVIIe siècle, le français applique la règle de proximité, qui consiste à accorder l’adjectif épithète avec le mot le plus proche quand il modifie plusieurs noms de genre ou de nombre différents. Sur la base de cette règle, on écrit « des nuits et des jours heureux », mais « des jours et des nuits heureuses ». La règle de proximité vaut aussi pour le nombre du verbe en présence d’un sujet qui coordonne des éléments singuliers et pluriels.
Au XVIIe siècle, à une époque où la norme grammaticale, comme la société, est l’objet de grandes réflexions, la règle de proximité est remise en question. Il y est alors proposé, pour le nombre, de donner préséance au pluriel, ce qui respecte la logique « du plus grand nombre ». Pour le genre, le masculin remporte la faveur. Le grammairien français Claude Favre de Vaugelas écrit dans ses Remarques sur la langue française (1647) :
Trois substantifs, dont le premier est masculin, et les autres deux féminins, quel genre ils demandent. Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut tout seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif.
- Claude Favre, Remarques sur la langue française (1647)
C’est donc sur la base d’un critère subjectif (noblesse) plutôt que formel (position du mot) que nait la règle du « masculin qui l’emporte sur le féminin ». L’État français l’entérinera lors de l’instauration de l’instruction publique obligatoire, en 1882.
La préséance du masculin sur le féminin a des répercussions sur le lexique : des formes féminines jusque-là courantes sortent peu à peu de l’usage, et le masculin acquiert une valeur de genre « neutre » ou « générique ».
Le concept de masculin générique est aujourd’hui bien ancré dans la norme grammaticale française et dans l’esprit des francophones. On n’a plus conscience, ou très peu, de son origine ni de son caractère exclusif. La rédaction inclusive modifie donc nos habitudes langagières, voire notre manière de penser.