Jean-Rapp
2021-01-05 19:00:40
Le 05 janvier 2021 à 18:57:55 AntiYesLife6 a écrit :
"Je suis le continuateur de Robespierre" = extrême-gauche
Napoléon à Sainte-Hélène sur Robespierre :
« Il nous parla longuement de la révolution française, de Danton, de Robespierre qui tous deux avaient péri pour avoir voulu maîtriser leur œuvre. Il avait connu Robespierre ; il nous dit ses mœurs austères, sa sévère probité, la recherche de sa toilette, et ses regrets trop tardifs d'avoir fait tomber la tête de Danton. « La canaille, disait Robespierre, est bien difficile à conduire ; quoiqu'on fasse, elle est toujours l'ennemi mortel de ceux qui dînent à deux services. Si les circonstances ne me viennent point en aide, elle me tuera. Je ne vois de force possible pour l'arrêter et pour fermer le gouffre révolutionnaire que le prestige de la victoire et d'une grande gloire militaire.
[…]
Croyez-vous que les hommes qui ont mené la France à 93 aient choisi la terreur par partie de plaisir ? Non, certes ; Robespierre n'aimait pas plus le sang que je ne l'aime. Il a été entraîné par les événements, et, je le répète avec conviction, c'est par humanité, c'est pour arrêter les massacres, pour régulariser le mouvement de rancune populaire, qu'il a créé des tribunaux révolutionnaires, comme un chirurgien qui, pour sauver le corps, coupe les membres.
[…]
Ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, n'avaient d'égaux, quand « Liberté, égalité ou la mort » se lisaient en lettres de sang sur toutes les bannières françaises ; ils étaient les premiers d'une aristocratie terrible, dont la livrée était teinte journellement par la hache du bourreau. Dans toutes les sociétés, il y a une aristocratie nécessaire. »
(Montholon, Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène)
« [Robespierre] a été culbuté parce qu’il voulait devenir le modérateur et arrêter la Révolution. Cambacérès m’a raconté que, la veille de sa mort, il avait prononcé dans ce sens un magnifique discours qui n’avait jamais été imprimé. Billaud et d’autres terroristes, voyant qu’il faiblissait et ferait indubitablement tomber leurs têtes, se liguèrent contre lui et excitèrent les honnêtes gens soit-disant à renverser le tyran, mais en réalité pour prendre ensuite sa place et faire de plus belle régner la terreur. Le peuple de Paris, en jetant Robespierre à bas, croyait détruire la tyrannie, tandis que ce n’était que pour la faire refleurir plus que jamais. Mais une fois Robespierre par terre, l’explosion fut telle que, quelque tentative qu’ils aient faite, les terroristes ne purent jamais reprendre le dessus.
Collot d’Herbois a commis des atrocités à Lyon ; on ne conçoit pas comment il a pu faire fusiller cinq ou six mille individus, et certes, dans une pareille ville, l’exécution de cinquante ou soixante meneurs eût été au-delà du nécessaire.
Carrier écrivait à la Convention que la Loire était un beau gouffre révolutionnaire. Ces hommes-là étaient biern plus sanguinaires que Robespierre. Ce dernier était probe et avait des mœurs sévères. Il commit une grande faute en faisant périr Danton. Il aurait dû exiler Chaumette, Hébert, etc., et non les envoyer à l’échafaud, mais en ce temps-là, on ne connaissait que la guillotine. Le parti de Danton était très nombreux ; il s’est vengé en renversant Robespierre. Tous ceux qui ont voulu arrêter la Révolution en ont été les victimes. »
(Gourgaud, Journal de Sante-Hélène)
« Robespierre a péri pour avoir voulu arrêter les effets de la Révolution, et non comme tyran. Ceux qu’il voulait faire périr étaient plus cruels que lui : Billaud de Varennes, Collot d’Herbois, etc. Il mit contre lui le parti de Danton qui était puissant et immense. Probablement, il ne put faire autrement.
Je crois que Robespierre a été sans ambition. S’il en a eu, ça ne peut avoir été qu’à la mort de Danton, qu’il aurait alors sacrifié par faiblesse ou par ambition. Ce fut ainsi une faute d’avoir fait périr la Commune de Paris.
Il criait contre les dilapidations des députés en mission, ce qui les avait indisposés. Tallien était odieux à Bordeaux, Billaud de Varennes et Collot d’Herbois à Lyon. Il voulait, en les sacrifiant, se populariser dans ces villes et mettre un terme à tant de sang. Les révolutionnaire, voyant sa marche, résolurent de le sacrifier.
La veille de sa mort, Robespierre prononça un très beau discours, où il dévoila le plan de la Commune. Il dit que, depuis six semaines, il n’allait plus au Comité et était étranger à ce qui s’y faisait. L’Assemblée fut émue, se prononça pour lui, et peu s’en fallut qu’il n’eût le dessus. Son discours, très fort, ne fut pas imprimé ; on craignait qu’il ne fût dangereux. Cambacérès m’en a souvent parlé. Je voulais le faire imprimer comme pièce historique et regrette de ne pas l’avoir fait. »
(Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène)
« L’Empereur rendait à Robespierre la justice de dire qu’il avait vu de longues lettres de lui à son frère, Robespierre jeune, alors représentant à l’armée du Midi, où il combattait et désavouait avec chaleur ces excès, disant qu’ils déshonoraient la Révolution et la tueraient.
[…]
L'Empereur, parcourant divers points de la révolution, s'est arrêté sur Robespierre, qu'il n'a pas connu, il est vrai, mais auquel il ne croyait ni talent, ni force, ni système. Il le pensait néanmoins le vrai bouc émissaire de la révolution, immolé dès qu'il avait voulu entreprendre de l'arrêter dans sa course ; destinée commune, du reste, observait-il, à tous ceux qui, jusqu'à lui, Napoléon, avaient osé l'essayer. Les terroristes et leur doctrine ont survécu à Robespierre ; et si leurs excès ne se sont pas continués, c'est qu'il leur a fallu plier devant l'opinion publique. Ils ont tout jeté sur Robespierre ; mais celui-ci leur répondait, avant de périr, qu'il était étranger aux dernières exécutions ; que, depuis six semaines, il n'avait pas paru aux comités. Napoléon confessait qu'à l'armée de Nice, il avait vu de longues lettres de lui à son frère, blâmant les horreurs des commissaires conventionnels, qui perdaient, disait-il, la révolution par leur tyrannie et leurs atrocités, etc., etc. Cambacérès, qui doit être une autorité sur cette époque, observait l'Empereur, a répondu à l'interpellation qu'il lui adressait un jour sur la condamnation de Robespierre, par ces paroles remarquables : « Sire, cela a été un « procès jugé, mais non plaidé », ajoutant que Robespierre avait plus de suite et de conception qu'on ne pensait ; qu'après avoir renversé les factions effrénées qu'il avait eues à combattre, son intention avait été le retour à l'ordre et à la modération. « Quelque temps avant sa chute, ajoutait Cambacérès, il prononça un discours à ce sujet, plein des plus grandes beautés : on ne l'a point laissé insérer au Moniteur, et toutes les traces nous en ont été enlevées. »
Ce n'est pas la première fois que j'ai entendu parler d'une lacune d'exactitude dans le Moniteur. Il doit y avoir, vers ce temps-là, dans les transactions de l'Assemblée, une époque tout à fait infidèle, les procès-verbaux ayant été arbitrairement rédigés par l'un des comités.
Ceux qui sont portés à croire que Robespierre, étant lassé, gorgé, effrayé de la révolution, avait résolu de l'arrêter, disent qu'il ne voulut agir qu'après avoir lu son fameux discours : il le trouvait si beau, qu'il ne doutait pas de son effet sur l'Assemblée. S'il en est ainsi, son erreur ou sa vanité lui coûtèrent cher.
Ceux qui pensent différemment objectent que Danton et Camille Desmoulins avaient précisément la même pensée, et que pourtant Robespierre les immola. Les premiers répondent que ce ne serait pas une raison ; que Robespierre les immola pour conserver sa popularité, quand il jugea que le moment n'était pas encore venu ; ou bien encore pour ne pas leur laisser la gloire de l'entreprise.
Quoi qu'il en soit, plus on s'est rapproché des instruments et des acteurs de cette catastrophe, et plus on y a trouvé d'obscurité et de mystère : cela ne fera que s'accroître encore avec le temps; aussi la vérité de l'histoire, sur ce point comme sur tant d'autres, ne sera probablement pas ce qui a eu lieu, mais seulement ce qui sera raconté. »
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)
« Robespierre, a-t-il dit, quoique ce fût un monstre altéré de sang, n’était pas aussi méchant que Collot d’Herbois, Billaud de Varennes, Hébert, Fouquier-Tinvile, et bien d’autres. Sur la fin, Robespierre voulait être plus modéré ; quelques temps même avant sa mort, il avait dit qu’il était las d’exécution, et il conseillait de revenir à un autre système.
[…]
Robespierre, m’a-t-il dit, n’était pas le plus méchant homme de la Révolution. Il ne voulait pas que la reine fût mise en jugement. Ce n’était pas un athée ; au contraire, il soutint publiquement l’existence d’Etre suprême contre l’avis de plusieurs de ses collègues. Il ne croyait pas non plus, comme le pensaient beaucoup d’autres, qu’il fût nécessaire d’exterminer tous les prêtres et tous les nobles.
[…]
Robespierre voulait qu’on mît le roi hors la loi, et non qu’on procédât à la ridicule moquerie de le juger. C’était un fanatique, un monstre ; mais il était incorruptible et incapable de voler ou de causer la mort de qui que ce fût soit par inimitié personnelle ou par le désir de s’enrichir. C’était un enthousiaste, mais qui croyait vraiment agir pour la bonne cause, et qui mourut sans laisser un sou. D’une certaine façon, on pourrait dire que Robespierre était un honnête homme. Tous les crimes commis par Hébert, Chaumette, Collot d’Herbois et autres lui furent imputés. Marat, Billaud de Varennes, Fouché, Hébert et plusieurs autres étaient infiniment plus méchants que lui. »
(O’Meara, Napoléon dans l’exil)