Le 28 mai 2023 à 18:43:10 :
Le 28 mai 2023 à 18:40:49 :
[18:40:05] <Corleonese>
Je déteste la poésie, autant j’aime toute les formes d’art mais la poésie ça me fait juster chierMoi c'est toi qui me fais chier,maintenant qu'on à émis tout les deux des avis personnels on fait quoi?
Rien on a tous le droit d’émettre son avis
Si la poésie me fait absolument rien, j’ai le droit de le dire
Ça reste très con de le dire sur un topic parlant de poésie, l'amateur de rythm and POÉSIE (RAP ))"> )
Le 28 mai 2023 à 18:44:27 :
Le 28 mai 2023 à 18:37:36 GusFripouille a écrit :
Autre poème sur la fin de l'amour :Colloque sentimental
Paul Verlaine
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non.- Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! - C’est possible.- Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
- L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/07/1487382298-risitasdepressif.png
ouais il est vraiment dur celui là
à ne surtout pas lire quand tu te rends compte que ton ex ne t'aime plus
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
c'est ça aussi Baudelaire
sa verticalité entre une sorte de mal-être très profond, presque impur, et de l'idéal
Le 28 mai 2023 à 18:43:15 :
Le 28 mai 2023 à 18:41:33 :
Oui superbe, mais je prefere encore celui-la, plus dark :L’Ennemi
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
à mettre en écho avec :
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,Comme le Juif errant et comme les apôtres,
À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d’autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
oui je connais...
«Nous avons salué des idoles à trompe ;
Des trônes constellés de joyaux lumineux...»
Le 28 mai 2023 à 18:45:43 :
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !c'est ça aussi Baudelaire
sa verticalité entre une sorte de médiocrité et l'idéal
ok certes mais j'ai plusieurs fois interprété ce texte comme une éloge du suicide , hypothèse à ne pas négliger
Baudelaire n'est pas qu'un manichéisme spleen vs Idéal, mais plutôt un couple comme l'indique le nom de la section : spleen ET idéal . Ce poème est loin d'être si positif que ça, n'est-ce pas " envole-toi bien loin de ces miasmes morbides "
Le 28 mai 2023 à 18:45:43 :
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !c'est ça aussi Baudelaire
sa verticalité entre une sorte de mal-être très profond, presque impur, et de l'idéal
oui, elevation, un des plus beaux...
1/2 les mecs...
"Baudelaire :
"Le joueur généreux".
1/2
Hier, à travers la foule du boulevard, je me sentis frôlé par un Être mystérieux que j’avais toujours désiré connaître, et que je reconnus tout de suite, quoique je ne l’eusse jamais vu. Il y avait sans doute chez lui, relativement à moi, un désir analogue, car il me fit, en passant, un clignement d’œil significatif auquel je me hâtai d’obéir. Je le suivis attentivement, et bientôt je descendis derrière lui dans une demeure souterraine, éblouissante, où éclatait un luxe dont aucune des habitations supérieures de Paris ne pourrait fournir un exemple approchant. Il me parut singulier que j’eusse pu passer si souvent à côté de ce prestigieux repaire sans en deviner l’entrée. Là régnait une atmosphère exquise, quoique capiteuse, qui faisait oublier presque instantanément toutes les fastidieuses horreurs de la vie ; on y respirait une béatitude sombre, analogue à celle que durent éprouver les mangeurs de lotus quand, débarquant dans une île enchantée, éclairée des lueurs d’une éternelle après-midi, ils sentirent naître en eux, aux sons assoupissants des mélodieuses cascades, le désir de ne jamais revoir leurs pénates, leurs femmes, leurs enfants, et de ne jamais remonter sur les hautes lames de la mer.
Il y avait là des visages étranges d’hommes et de femmes, marqués d’une beauté fatale, qu’il me semblait avoir vus déjà à des époques et dans des pays dont il m’était impossible de me souvenir exactement, et qui m’inspiraient plutôt une sympathie fraternelle que cette crainte qui naît ordinairement à l’aspect de l’inconnu. Si je voulais essayer de définir d’une manière quelconque l’expression singulière de leurs regards, je dirais que jamais je ne vis d’yeux brillant plus énergiquement de l’horreur de l’ennui et du désir immortel de se sentir vivre.
Mon hôte et moi, nous étions déjà, en nous asseyant, de vieux et parfaits amis. Nous mangeâmes, nous bûmes outre mesure de toutes sortes de vins extraordinaires, et, chose non moins extraordinaire, il me semblait, après plusieurs heures, que je n’étais pas plus ivre que lui. Cependant le jeu, ce plaisir surhumain, avait coupé à divers intervalles nos fréquentes libations, et je dois dire que j’avais joué et perdu mon âme, en partie liée, avec une insouciance et une légèreté héroïques. L’âme est une chose si impalpable, si souvent inutile et quelquefois si gênante, que je n’éprouvai, quant à cette perte, qu’un peu moins d’émotion que si j’avais égaré, dans une promenade, ma carte de visite.
Nous fumâmes longuement quelques cigares dont la saveur et le parfum incomparables donnaient à l’âme la nostalgie de pays et de bonheurs inconnus, et, enivré de toutes ces délices, j’osai, dans un accès de familiarité qui ne parut pas lui déplaire, m’écrier, en m’emparant d’une coupe pleine jusqu’au bord : « À votre immortelle santé, vieux Bouc ! »"
Le 28 mai 2023 à 18:46:25 :
Le 28 mai 2023 à 18:43:15 :
Le 28 mai 2023 à 18:41:33 :
Oui superbe, mais je prefere encore celui-la, plus dark :L’Ennemi
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
à mettre en écho avec :
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,Comme le Juif errant et comme les apôtres,
À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d’autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.oui je connais...
«Nous avons salué des idoles à trompe ;
Des trônes constellés de joyaux lumineux...»
" et des palais ouvragés dont la féérique pompe
serait pour vos banquiers des rêves ruineux "
la force des diérèses qui donnent tant d'impact dans cette strophe
Le 28 mai 2023 à 18:49:03 :
https://image.noelshack.com/fichiers/2023/17/6/1682793325-1672399121-zizou.png
1/2 les mecs..."Baudelaire :
"Le joueur généreux".1/2
Hier, à travers la foule du boulevard, je me sentis frôlé par un Être mystérieux que j’avais toujours désiré connaître, et que je reconnus tout de suite, quoique je ne l’eusse jamais vu. Il y avait sans doute chez lui, relativement à moi, un désir analogue, car il me fit, en passant, un clignement d’œil significatif auquel je me hâtai d’obéir. Je le suivis attentivement, et bientôt je descendis derrière lui dans une demeure souterraine, éblouissante, où éclatait un luxe dont aucune des habitations supérieures de Paris ne pourrait fournir un exemple approchant. Il me parut singulier que j’eusse pu passer si souvent à côté de ce prestigieux repaire sans en deviner l’entrée. Là régnait une atmosphère exquise, quoique capiteuse, qui faisait oublier presque instantanément toutes les fastidieuses horreurs de la vie ; on y respirait une béatitude sombre, analogue à celle que durent éprouver les mangeurs de lotus quand, débarquant dans une île enchantée, éclairée des lueurs d’une éternelle après-midi, ils sentirent naître en eux, aux sons assoupissants des mélodieuses cascades, le désir de ne jamais revoir leurs pénates, leurs femmes, leurs enfants, et de ne jamais remonter sur les hautes lames de la mer.
Il y avait là des visages étranges d’hommes et de femmes, marqués d’une beauté fatale, qu’il me semblait avoir vus déjà à des époques et dans des pays dont il m’était impossible de me souvenir exactement, et qui m’inspiraient plutôt une sympathie fraternelle que cette crainte qui naît ordinairement à l’aspect de l’inconnu. Si je voulais essayer de définir d’une manière quelconque l’expression singulière de leurs regards, je dirais que jamais je ne vis d’yeux brillant plus énergiquement de l’horreur de l’ennui et du désir immortel de se sentir vivre.
Mon hôte et moi, nous étions déjà, en nous asseyant, de vieux et parfaits amis. Nous mangeâmes, nous bûmes outre mesure de toutes sortes de vins extraordinaires, et, chose non moins extraordinaire, il me semblait, après plusieurs heures, que je n’étais pas plus ivre que lui. Cependant le jeu, ce plaisir surhumain, avait coupé à divers intervalles nos fréquentes libations, et je dois dire que j’avais joué et perdu mon âme, en partie liée, avec une insouciance et une légèreté héroïques. L’âme est une chose si impalpable, si souvent inutile et quelquefois si gênante, que je n’éprouvai, quant à cette perte, qu’un peu moins d’émotion que si j’avais égaré, dans une promenade, ma carte de visite.
Nous fumâmes longuement quelques cigares dont la saveur et le parfum incomparables donnaient à l’âme la nostalgie de pays et de bonheurs inconnus, et, enivré de toutes ces délices, j’osai, dans un accès de familiarité qui ne parut pas lui déplaire, m’écrier, en m’emparant d’une coupe pleine jusqu’au bord : « À votre immortelle santé, vieux Bouc ! »"
la deuxième partie : citation de Usual Suspects
Le 28 mai 2023 à 18:37:36 :
Autre poème sur la fin de l'amour :Colloque sentimental
Paul Verlaine
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non.- Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! - C’est possible.- Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
- L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Qu'est-ce qu'elle est belle et bonne cette illusion passé.
2/2 Baudelaire , "Le joueur généreux"
"Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. Sur ce sujet-là, Son Altesse ne tarissait pas en plaisanteries légères et irréfutables, et elle s’exprimait avec une suavité de diction et une tranquillité dans la drôlerie que je n’ai trouvées dans aucun des plus célèbres causeurs de l’humanité. Elle m’expliqua l’absurdité des différentes philosophies qui avaient jusqu’à présent pris possession du cerveau humain, et daigna même me faire confidence de quelques principes fondamentaux dont il ne me convient pas de partager les bénéfices et la propriété avec qui que ce soit. Elle ne se plaignit en aucune façon de la mauvaise réputation dont elle jouit dans toutes les parties du monde, m’assura qu’elle était, elle-même, la personne la plus intéressée à la destruction de la superstition, et m’avoua qu’elle n’avait eu peur, relativement à son propre pouvoir, qu’une seule fois, c’était le jour où elle avait entendu un prédicateur, plus subtil que ses confrères, s’écrier en chaire : « Mes chers frères, n’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »
Le souvenir de ce célèbre orateur nous conduisit naturellement vers le sujet des académies, et mon étrange convive m’affirma qu’il ne dédaignait pas, en beaucoup de cas, d’inspirer la plume, la parole et la conscience des pédagogues, et qu’il assistait presque toujours en personne, quoique invisible, à toutes les séances académiques.
Encouragé par tant de bontés, je lui demandai des nouvelles de Dieu, et s’il l’avait vu récemment. Il me répondit, avec une insouciance nuancée d’une certaine tristesse : « Nous nous saluons quand nous nous rencontrons, mais comme deux vieux gentilshommes, en qui une politesse innée ne saurait éteindre tout à fait le souvenir d’anciennes rancunes."
Il est douteux que Son Altesse ait jamais donné une si longue audience à un simple mortel, et je craignais d’abuser. Enfin, comme l’aube frissonnante blanchissait les vitres, ce célèbre personnage, chanté par tant de poëtes et servi par tant de philosophes qui travaillent à sa gloire sans le savoir, me dit : « Je veux que vous gardiez de moi un bon souvenir, et vous prouver que Moi, dont on dit tant de mal, je suis quelquefois bon diable, pour me servir d’une de vos locutions vulgaires. Afin de compenser la perte irrémédiable que vous avez faite de votre âme, je vous donne l’enjeu que vous auriez gagné si le sort avait été pour vous, c’est-à-dire la possibilité de soulager et de vaincre, pendant toute votre vie, cette bizarre affection de l’Ennui, qui est la source de toutes vos maladies et de tous vos misérables progrès. Jamais un désir ne sera formé par vous, que je ne vous aide à le réaliser ; vous régnerez sur vos vulgaires semblables ; vous serez fourni de flatteries et même d’adorations ; l’argent, l’or, les diamants, les palais féeriques, viendront vous chercher et vous prieront de les accepter, sans que vous ayez fait un effort pour les gagner ; vous changerez de patrie et de contrée aussi souvent que votre fantaisie vous l’ordonnera ; vous vous soûlerez de voluptés, sans lassitude, dans des pays charmants où il fait toujours chaud et où les femmes sentent aussi bon que les fleurs, et cætera, et cætera… », ajouta-t-il en se levant et en me congédiant avec un bon sourire.
Si ce n’eût été la crainte de m’humilier devant une aussi grande assemblée, je serais volontiers tombé aux pieds de ce joueur généreux, pour le remercier de son inouïe munificence. Mais peu à peu, après que je l’eus quitté, l’incurable défiance rentra dans mon sein ; je n’osais plus croire à un si prodigieux bonheur, et, en me couchant, faisant encore ma prière par un reste d’habitude imbécile, je répétais dans un demi-sommeil : « Mon Dieu ! Seigneur, mon Dieu ! faites que le diable me tienne sa parole ! »"
Excellent.
Sinon il y a celui-ci, qui me fait toujours beaucoup rire :
"Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.
Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s’aller perdre où la pente les appelait.
Mon Rêve s’aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.
C’est l’olive pâmée, et la flûte câline,
C’est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos ! "
Surtout quand on sait l'histoire qu'il a derrière.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonnet_du_trou_du_cul
Le 28 mai 2023 à 18:47:45 :
Le 28 mai 2023 à 18:45:43 :
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !c'est ça aussi Baudelaire
sa verticalité entre une sorte de médiocrité et l'idéal
ok certes mais j'ai plusieurs fois interprété ce texte comme une éloge du suicide , hypothèse à ne pas négliger
Baudelaire n'est pas qu'un manichéisme spleen vs Idéal, mais plutôt un couple comme l'indique le nom de la section : spleen ET idéal . Ce poème est loin d'être si positif que ça, n'est-ce pas " envole-toi bien loin de ces miasmes morbides "
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/7/1611492741-ahi-gros.png
J'ai vu ça aussi comme une référence à un possible suicide, je trouve pourtant que ce (possible) thème macabre n'affecte en rien le côté splendide du poème, c'est une sacrée prouesse
je ne vois pas Baudelaire comme un manichéen absolument dédoublé, il n'en reste qu'il y a une sorte de partage de l'idéal à atteindre en usant de ressort presque pathétique
Le 28 mai 2023 à 18:51:46 :
Excellent.
Sinon il y a celui-ci, qui me fait toujours beaucoup rire :"Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s’aller perdre où la pente les appelait.Mon Rêve s’aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.C’est l’olive pâmée, et la flûte câline,
C’est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos ! "Surtout quand on sait l'histoire qu'il a derrière.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonnet_du_trou_du_cul
" chanaan féminin "
Le 28 mai 2023 à 18:52:02 :
Le 28 mai 2023 à 18:47:45 :
Le 28 mai 2023 à 18:45:43 :
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !c'est ça aussi Baudelaire
sa verticalité entre une sorte de médiocrité et l'idéal
ok certes mais j'ai plusieurs fois interprété ce texte comme une éloge du suicide , hypothèse à ne pas négliger
Baudelaire n'est pas qu'un manichéisme spleen vs Idéal, mais plutôt un couple comme l'indique le nom de la section : spleen ET idéal . Ce poème est loin d'être si positif que ça, n'est-ce pas " envole-toi bien loin de ces miasmes morbides "
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/7/1611492741-ahi-gros.png J'ai vu ça aussi comme une référence à un possible suicide, je trouve pourtant que ce (possible) thème macabre n'affecte en rien le côté splendide du poème, c'est une sacrée prouesse
je ne vois pas Baudelaire comme un manichéen absolument dédoublé, il n'en reste qu'il y a une sorte de partage de l'idéal à atteindre en usant de ressort presque pathétique
clairement Baudelaire reste toujours dans la virtuosité
Le 28 mai 2023 à 18:52:33 :
Le 28 mai 2023 à 18:51:46 :
Excellent.
Sinon il y a celui-ci, qui me fait toujours beaucoup rire :"Obscur et froncé comme un œillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s’aller perdre où la pente les appelait.Mon Rêve s’aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.C’est l’olive pâmée, et la flûte câline,
C’est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos ! "Surtout quand on sait l'histoire qu'il a derrière.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonnet_du_trou_du_cul" chanaan féminin "
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/13/4/1522325846-jesusopti.png
la flûte canine, la céleste praline.
C'est perle sur perle ce poème.
Le 28 mai 2023 à 18:52:02 :
Le 28 mai 2023 à 18:47:45 :
Le 28 mai 2023 à 18:45:43 :
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !c'est ça aussi Baudelaire
sa verticalité entre une sorte de médiocrité et l'idéal
ok certes mais j'ai plusieurs fois interprété ce texte comme une éloge du suicide , hypothèse à ne pas négliger
Baudelaire n'est pas qu'un manichéisme spleen vs Idéal, mais plutôt un couple comme l'indique le nom de la section : spleen ET idéal . Ce poème est loin d'être si positif que ça, n'est-ce pas " envole-toi bien loin de ces miasmes morbides "
https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/7/1611492741-ahi-gros.png J'ai vu ça aussi comme une référence à un possible suicide, je trouve pourtant que ce (possible) thème macabre n'affecte en rien le côté splendide du poème, c'est une sacrée prouesse
je ne vois pas Baudelaire comme un manichéen absolument dédoublé, il n'en reste qu'il y a une sorte de partage de l'idéal à atteindre en usant de ressort presque pathétique
c est plutôt une evocation du voyage astral selon moi, concept esoterique bien connu et assez dans l air du temps a l epoque, age d or de l esoterisme sous toutes ses formes... (desole probleme de clavier)
c est plutôt une evocation du voyage astral selon moi, concept esoterique bien connu et assez dans l air du temps a l epoque, age d or de l esoterisme sous toutes ses formes... (desole probleme de clavier)
J'y vois surtout un éloge du poète, de celui qui peut décoder intuitivement la création et la sublimer, s'émerveiller des fruits terrestres qui suggèrent une sorte d'idée céleste.
C'est totalement confirmé dans les deux derniers vers d'ailleurs :
" Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes ! "
Le 28 mai 2023 à 18:59:07 :
c est plutôt une evocation du voyage astral selon moi, concept esoterique bien connu et assez dans l air du temps a l epoque, age d or de l esoterisme sous toutes ses formes... (desole probleme de clavier)
J'y vois surtout un éloge du poète, de celui qui peut décoder intuitivement la création et la sublimer, s'émerveiller des fruits terrestres qui suggèrent une sorte d'idée céleste.
C'est totalement confirmé dans les deux derniers vers d'ailleurs :
" Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes ! "
quand on fait de l'exégèse, on se retient de dire " c'est confirmé par " , il y a que des hypothèses ici, aucune certitude