SingeHominidae
2022-08-14 16:53:22
Le 14 août 2022 à 16:49:02 :
La tendance au révisionnisme historique existe à tous les égards chez la Jeune Fille mais elle n’est jamais aussi forte que quand elle repense à ses relations passées. Quand la flamme s’éteint, quand, comme le chantait Rutebeuf, l’amour est morte, l’idée qu’elle ait pu, autrefois, être dans un autre état d’esprit que celui dans lequel elle se trouve aujourd’hui lui devient absurde, impensable, impossible. Il est impossible qu’elle ait aimé ce mec, qu’aujourd’hui elle méprise : donc elle a seulement cru l’aimer. Si elle a cru l’aimer, c’est qu’il a tout fait pour qu’elle y croie. S’il a tout fait pour qu’elle y croie, c’est qu’elle a été manipulée. Si elle a été manipulée, c’est presque comme si elle avait été violée. Par voie de conséquence, elle est, d’abord et avant tout et surtout à ses propres yeux, une victime. Et leur ex compagnon, forcément un manipulateur, un pervers narcissique, un sadique, un sale type, etc.
Le statut de victime est un statut merveilleux, et que la Jeune Fille recherche par-dessus tout. En effet :
Une victime est avant tout à plaindre, non à juger.
Une victime n’a pas à remettre en question ses actes : elle n’a rien fait de mal, elle a seulement subi.
Une victime n’a pas à se demander quelle part elle a pris à son propre malheur : elle est pure et vierge de tout reproche.
Grâce à ce merveilleux statut, la Jeune Fille est donc capable d’aller d’homme en homme et d’histoire en histoire sans jamais rien apprendre et sans jamais remettre en question ses propres méthodes, ni sa propre façon d’être.
La Jeune Fille pense ainsi pouvoir échapper à la réalité, à la douleur, en se créant un monde imaginaire fait de contes de fées et de rêves impossibles. Malheureusement, ce monde imaginaire est fragile, et il n’y a pas de fée marraine pour venir la sauver quand les choses vont mal.
Quand on est dans un conte de fées, on est toujours en train d’attendre que le prince charming vienne nous sauver. Or, la réalité est tout autre : dans la réalité, on est souvent obligé de se sauver soi-même.
La Jeune Fille a peur de la réalité, peur de la douleur, et c’est pour cela qu’elle préfère vivre dans son monde imaginaire. Hélas, ce monde imaginaire n’est pas fait pour durer.