EL-DONDO
2022-08-12 02:18:11
«Sex and The City dépeignait des femmes qui avaient réussi leurs carrières et étaient maintenant obsédées par le tic-tac de leur horloge biologique. Gossip Girl parlait de perdre sa virginité et de travailler sa cote de popularité dans un monde dans lequel personne n’avait le besoin de gagner sa vie ou même l’âge de voter.
Mais entre l’adolescence et l’âge adulte il y a cet entre-deux inconfortable dans lequel les jeunes femmes sont projetées après leurs études, un monde sans glamour ni structure. En résulte une période de flou qui est à la fois triste et hilarante et surtout bien trop humaine. C’est humiliant, c’est sexy, c’est une source d’humour intarissable.
Purs produits de la récession, ces filles sont sur-éduquées et sous-employées. Convaincues qu’elles sont trop intelligentes pour les positions qu’elles occupent comme assistantes, nounous, serveuses, mais pas forcément assez motivées pour démontrer le contraire (ou même pour faire leur boulot suffisamment bien pour avancer).
Elles sont ce mélange de je-sais-tout et de cinglante auto-dévalorisation qui est la marque des grands comédiens juifs ou de beaucoup de jeunes femmes de 24 ans avec un diplôme en sciences humaines.
Elles ont des degrés variables d’ambition mais elles ont été élevées pour réussir. Elles savent qu’elles veulent avoir du succès bien avant même de savoir dans quoi.
Elles sont les derniers enfants des baby-boomers et la première génération à avoir des mères capables d’envoyer des textos.
Ces mamans ont probablement eu des vies sexuelles beaucoup plus folles que ce dont leurs filles pourraient même jamais rêver.
Elles sont sous Ritaline depuis qu’elles ont 13 ans et sous pilules depuis qu’elles en ont 15 (même si elles n’ont pas eu de rapports sexuels avant la fac).
Elles sont tout aussi capables de coucher avec leurs patrons de 40 ans que de rouler des pelles de collégienne à un mec de vingt ans qu’elles ont rencontrées à une soirée dans un loft.
Elles ne cherchent pas à sortir avec des mecs qui ont de l’argent ou du pouvoir, mais juste des mecs qui les feront se sentir belles, drôles ou au-dessus du lot.
Certains de leurs ex-copains se sont avérés être gays. D’autres se sont avérés être Républicains (ces filles ne sont pas forcément branchées politique mais elles veulent être sur que l’avortement reste une possibilité. Toujours. Après tout, qui pense toujours à mettre un préservatif?).
Elles écrivent toujours des textos à au moins un de ces ex quand elles sont ivres, ou tristes.
Elles ont été élevées à jouir sans entrave et ensuite à s’en excuser.
Passer un master est leur plan de secours.
Elles sont la génération Facebook et assez ironiquement elles sont encore plus isolées par toute cette connectivité mise à leur disposition (elle prône le facebook-stalking, le tchat ivre par discussion instantanée, alpaguer des plans culs via twitter, elles déchiffrent les textos comme si c’était des hiéroglyphes, elles instagrament tout ce qu’elles mangent…)
Elles naviguent à vue pour essayer de sortir de la codépendance à leurs copines qu’elles ont développées à la fac, mais elles les appellent encore pour leur annoncer qu’elles ont leurs règles, qu’elles ont vu un gars se masturber dans le métro, ou qu’elles ont croisé un type qui ressemblait un peu à ce gosse avec qui elles allaient en colonie de vacances (Est-ce que c’est lui? Et si tel était le cas, est-il sur Facebook
Elles sont magnifiques et insupportables. Elles sont conscientes d’elles-mêmes et autocentrées. Elles sont vos copines, vos filles, vos sœurs ou vos employées. Elles sont mes amies et je ne les vois jamais à la télé.»
Lena Dunham.