Les mecs qui trouvent la réincarnation rassurante
Kokolantah
2021-11-22 00:08:35
À votre avis d'où ça vient la croyance en l'"unité" ? Hé bien de notre concept du soi. Du fait qu'on croit qu'on existe en tant que sujet, en tant que moi, en tant qu'unité causale. Pourtant dans le fond encore, nous savons que "moi" est multiple.
Qu'est-ce qui vous fait croire que nous sommes une âme et une seule ? Parce qu'on dit "je" ? En quoi le fait de dire "je" garantit le fait d'avoir ou d'être une âme unique ? Ne sommes nous pas plutôt pluriel, lorsque nous hésitons, lorsque nous sommes tiraillés dans différentes directions, tourmentés par nos nombreuses pulsions ? Imaginez plutôt le corps comme une citadelle, habitées par des millions d'âmes, qui par moment font un vote et s'unissent dans une action commune - c'est le moment du "je" -, et dans d'autres circonstances, se disputent, s'affrontent, chacune visant à établir sa propre suprématie sur les autres. Leurs noms sont variés, ce sont le sens de la survie, le goût de la chair, l'envie d'éliminer, celle de s'assembler, celle de la répétition, celle de mettre dans des cases etc. Elles peuvent travailler ensemble, mais fondamentalement sont en concurrence et visent avant tout à assurer leur propre expansion. Le corps social -moi- par lequel elles s'organisent n'est qu'un moyen d'exprimer leur propre puissance. Tout ce beau monde se satisfait par la création du moi.
Et le sentiment de liberté dans tout ça ? Il vient du sentiment d'une absence de contraintes et que tout coule de source.
Quand ces pulsions ne rencontrent pas de résistances et expriment leur puissance, "on" (ou 'je "!) se sent libre. Quand elles se chammaillent, s'organisent en groupes rivaux et s'opposent et se font la guerre, vient le malaise. De là, le sentiment d'être contraint.
Exemple de guerre interne :
Quand quelqu'un vient vous obliger à faire une activité que vous n'aimez pas, des pulsions en vous ont le sentiment d'être bridées dans leur réalisation. (Ex : votre mère vous demande de faire la cuisine alors que c'est votre moment branlette)
Et dans le même temps, d'autres pulsions s'organisent pour induire l'obéissance du corps social appelé moi. C'est par exemple, la peur de se faire punir, le fait que vous aimez votre mère, le fait que vous adorez obéir, etc.
En gros, j'ai le sentiment du moi unifié et libre que lorsque des pulsions s'accordent de manière à s'exprimer à l'unisson et réussissent à vaincre des pulsions rivales, de manière à ce qu'elles ne s'expriment pas trop fort.
Le moi, c'est l'expérience d'une puissance augmentée par la multitude.
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png
Kokolantah
2021-11-22 00:17:01
Nietzsche :
«notre corps n'est en effet qu'une structure sociale composée de nombreuses âmes " (Par-delà bien et mal, § 19)
"Ce qui est plus surprenant, c'est bien plutôt le corps on ne se lasse pas de s'émerveiller à l'idée que le corps humain est devenu possible que cette collectivité inouïe d'êtres vivants, tous dépendants et subordonnés, mais en un autre sens dominants et doués d'activité volontaire, puisse vivre et croître à la façon d'un tout, et subsister quelque temps - et, de toute évidence, cela n'est point dû à la conscience. [ ... ] cette prodigieuuse synthèse d'êtres vivants et d'intellects qu'on appelle ['homme ne peut vivre que du moment où a été créé ce subtil système de relations et de transmissions et par là l'entente extrêmement rapide entre tous ces êtres supérieurs et inférieurs - cela grâce à des intermédiaires tous vivants; mais ce n'est pas là un problème de mécanique, c'est un problème moral» (FP Xl, 37 [4]).
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png
Kokolantah
2021-11-22 00:20:22
Les phénomènes psychologiques, émanations des communications interneuronales, s'organisent donc en "moi".
On peut étendre l'analyse comparative aux cellules si on veut parler biologie qui s'organisent en tissus puis en organes puis en organisme.
Et puis les organismes en familles, clans puis sociétés.
WTF microcosme et macrocosme seraient mûs par une même logique ? est-ce donc... la volonté de puissance ?https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png
Lekheyzozo
2021-11-22 00:25:58
J'ai lu kokolanta
Au moins t'es pas le dernier à poster
Kokolantah
2021-11-22 00:26:37
Le 22 novembre 2021 à 00:25:58 :
J'ai lu kokolanta
Au moins t'es pas le dernier à poster
La nouvelle est SHOCKING
Ils sont définitivement pas prêtshttps://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png
Lekheyzozo
2021-11-22 00:28:58
C'est pas mal étudié dans la sociologie ce que tu raconte la il me semble
Lekheyzozo
2021-11-22 00:30:34
Peut être aussi fans le monisme philosophique, l'esprit étant en partie la synthèse du corps qui serait lui pluriel dans ses aspirations
CancerSiDDB
2021-11-22 00:32:01
Ce qui trouvent ça rassurant n'ont rien compris à rien
Ce sont des golems
Le but dans les croyances où il y a réincarnation c'est de réussir à arrêter de se réincarner
[LesAbeilles]
2021-11-22 00:41:10
Le 21 novembre 2021 à 23:27:39 :
vis-à-vis de la mort. Au-delà de la valeur objective de cette croyance.
Comment leur expliquer que écrasement de la mémoire signifie mort ? Que y'a rien de rassurant au fait d'espérer qu'on recommencera une autre vie de zéro dans un autre corps sans aucun souvenir de nos vies précédentes (la plupart ignorent les plans d'existence et le fait qu'on puisse se remémorer à terme, restons aux choses simples).
Comment ces gens peuvent rationnellement trouver ça rassurant ?
Déjà, adhérer à la théorie de la réincarnation n’est pas une question de foi, ou une visée rassurante, mais le fruit d’une recherche philosophique. De fait, la réincarnation a lieu, puisque notre corps redevient poussière pour nourrir la vie après notre mort.
Ensuite, la mort ne se définit pas comme « l’écrasement » de la mémoire, puisque la mémoire est une chose qui se transmet, via l’art et la littérature notamment. La mort, c’est plutôt l’extinction de la conscience.
Or l’extinction de la conscience est un évènement que l’on vit chaque soir en allant dormir. Vu comme ça, ça fait relativiser le drame.
Bien sûr, l’angoisse de la mort n’est pas éliminée par une posture philosophique. Mais il me semble que ceux s’armant de leur foi et d’une forme de déni religieux se leurrent de toutes façons, puisque l’angoisse est ontologique, et s’enracine dans ce qui échappe à la maitrise de l’esprit : l’instinct.
Tout animal a peur de mourir, et nous ne saurions échapper à ce sentiment.
Mais personnellement, je pense que la chance de la vie est dans ce sentiment.
Ce sentiment est ce qui en fait une aventure unique et passionnante.
En observant les grandes destinées humaines, on discerne toujours le franchissement de multiples dangers. Chacun à notre échelle, nous pouvons observer que tout ce qui nous est cher l’est parce qu’on l’a conquis au prix d’un pari, au prix d’un morceau de notre intégrité mise en jeu.
Moi, c’est cela que j’aime. Et c’est plutôt la promesse d’un paradis où il n’y aurait rien à risquer, et donc rien à jouer qui m’ennuie. Me le proposerait-on que je le refuserais.
selechao
2021-11-22 00:48:00
Lucrèce disait si notre âme a eu une vie antérieure nous n’en n’avons aucun souvenir or l’oubli équivaut à la mort