Fberger33-24
2021-01-10 11:49:54
Avoir des doutes, discuter, c'est nécessaire.
Par contre, répéter bêtement ce que les fermes à trolls russes envoient sur les réseaux, c'est nocif.
Et ceux qui se font manipuler comme ça sont les premiers à se croire " éveillés "
Alors que ce sont les moins bien formés pour résister à ces manipulations et donc, logiquement, les premiers à y croire.
Fberger33-24
2021-01-10 11:55:13
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/visite-guidee-dune-ferme-a-trolls-russe-142088
" Recroquevillée dans le canapé d'un hôtel bruxellois, la frêle Lyudmila Savchuk parle bas, le regard fuyant. Fausse impression. Cette journaliste russe de trente-six ans ne mâche pas ses mots et n'a pas froid aux yeux. En 2015, durant deux mois, elle a infiltré une des principales « fermes à troll » de son pays, la « Internet Research Agency » de Saint-Pétersbourg.
Ce grand bâtiment gris sans âme, aux fenêtres bâchées, est devenu célèbre en étant directement pointé du doigt par les autorités américaines pour interférence en 2016 sur l'élection présidentielle qui a mené Donald Trump au pouvoir.
Les Etats-Unis et l'UE, cibles prioritaires
De cette plongée dans une fabrique de « fake news », la jeune activiste, rencontrée lundi par « Les Echos », ramène un témoignage rare, bientôt traduit en livre, sur l'ampleur et les recettes de cette guerre d'un nouveau genre. Elle décrit une organisation parfaitement rodée, où plusieurs centaines de personnes, jeunes et animées par « le sentiment de servir leur pays », sont payées 400 dollars par mois pour se créer des faux profils en ligne et propager des « fake news », « produites par une autre ferme dédiée à leurs créations, en tordant des faits réels ou en les inventant ».
Elle-même y incarnera sur VK.com, le Facebook russe, une jeune ménagère, qui, entre deux partages de recettes de cuisine, s'offusque du discours anti-russe lu dans un manuel scolaire américain… qui n'existe pas. La « ferme », raconte-t-elle, tourne non-stop, avec des équipes de nuit et de jour.
Une liste des dix cibles prioritaires du moment était régulièrement distribuée. Les Etats-Unis et l'UE n'en sortaient jamais, dans une entreprise globale de diffusion d'un sentiment anti-Ouest visant à resserrer les troupes autour de Poutine. Selon elle, l'organisation qu'elle a infiltrée n'agit que pour le compte du Kremlin mais « de nombreuses autres prennent des commandes d'acteurs privés ».
Le chaos comme arme politique
Aujourd'hui, en collaboration avec l'ONG Avaaz, elle alerte : « Il n'y a aucun doute que les élections européennes seront fortement ciblées. Le but du Kremlin est toujours le même : créer du chaos pour ensuite essayer d'en tirer profit. L'Europe doit absolument muscler ses mécaniques de défense. »
Si une prise de conscience s'est bien opérée selon elle dans le grand public et chez les responsables politiques, « ces derniers sont perdus face aux réponses à apporter, qui restent désordonnées ». Elle juge « utile »le travail d'autorégulation impulsé par Bruxelles, car « les grands réseaux ont compris qu'il est dans leur intérêt d'agir ». Mais elle doute que cela suffira et défend en complément « de vraies mesures légales ». « La priorité est de lutter contre les 'fake news' à la racine, en pénalisant les trolls et en interdisant les 'bots' », insiste-t-elle.
« Tout est réactif, pas assez proactif, il faut mieux anticiper les prochains outils et attaques », s'inquiète-t-elle, témoignant du flou croissant en Russie entre vrais et faux médias.« On voit apparaître de 'faux vrais journaux', avec un siège et des équipes, qui mélangent de vrais articles sur des faits réels et des 'fake news' dictées par le gouvernement », témoigne-t-elle.
Et l'on n'a encore rien vu : une conférence organisée lundi et mardi à Bruxelles par un think tank interne à la Commission a alerté sur les « deepfake », qui s'appuient sur les progrès du trucage de vidéos. Les démonstrations en appui, avec par exemple une vidéo d'un Vladimir Poutine plus vraie que nature dont le discours était en fait contrôlé en direct par un technicien, étaient aussi impressionnantes qu'inquiétantes. "