Le 24 mars 2023 à 17:23:58 :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/24/je-peux-te-dire-qu-on-en-a-casse-des-coudes-et-des-gueules-quand-la-brav-m-derape-au-cours-d-une-interpellation_6166857_3224.html
« Tu sais que tu as une vraie tête à claques ? », lui dit un policier, tandis qu’à l’arrière-plan sonore, des voix réclament des précisions sur le nombre de personnes interpellées. « Si tu veux, je te prends tout seul », continue le policier, avant d’intimer le silence au jeune homme, qui tente de répondre : « Ferme ta gueule. »
« Efface ton sourire »
(...)
« T’as tellement de chance d’être assis là, maintenant qu’on t’a interpellé, je te jure, je te pétais les jambes, au sens propre… Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules (…) mais toi, je t’aurais bien pété tes jambes. »
« Je ne… ferme pas », bafouille le jeune homme.
Une nouvelle voix, manifestement différente de celle du fonctionnaire qui a asséné les deux gifles demande alors : « Tu commences à bégayer ! T’en reveux peut-être une, que je te remette la mâchoire droite ? »
Le jeune homme : « Surtout, hésite pas à dire ça là-bas…
Dire ça où ? interroge un policier.
Là bas.
Là bas où ? insiste le policier.
Là bas ! Vous allez me ramener où ?
Au commissariat ? Mais y a que toi qui parlera, moi j’y vais pas, hein.
Voilà, c’est pour ça que tu fais ça », conclut le jeune homme.
Puis le policier enchaîne par de surprenantes considérations, ponctuées des rires de ses collègues :
« Tu sais, moi je peux venir dormir avec toi si tu veux…
… Eh ben on y va, l’interrompt le jeune homme.
… Et c’est le premier qui bande qui encule l’autre », reprend le policier.
Une autre voix s’en mêle, toujours à l’adresse du jeune homme : « On va t’apprendre à respecter, en fait, je crois que t’as pas bien compris (…) Regarde tes copains, là : ils respectent, ils ne l’ouvrent pas bêtement, pour rien. » « Je m’en fous », répond le jeune homme. « T’es trop insolent, je te jure c’est un truc de fou », poursuit le policier, avant qu’un autre fonctionnaire n’intervienne à son tour : « Eh, t’inquiète, ta petite tête, ta petite tête, on l’a déjà en photo, t’as juste à te repointer dans la rue aux prochaines manifs (…) La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital. »
A cet instant, l’ordre est donné de faire mouvement vers le secteur de Château-d’Eau (10e), où de nouveaux heurts sont signalés par radio. « T’as de la chance, dit un policier, on va se venger sur d’autres personnes. »
Une véritable milice