L'histoire de Noriega est celle d'un jeune Panaméen né dans les quartiers pauvres qui a assuré comme personne pour atteindre un rang politique élevé, le pouvoir total, mais qui n'a plus fait QUE de la merde une fois qu'il a obtenu son poste.
Il démarre sa vie en mode hardcore, enfant du panama pauvre et orphelin, créole, il se fait victimiser à cause de son acné et sa petite taille mais est excellent élève. A la sortie de ses études il cherche à devenir médecin, chose qui lui est refusée puisque ces études sont réservées à l'élite, la classe dominante du pays.
Il rejoint alors l'armée, et à l'âge de 24 ans il fait la rencontre qui changera sa vie, celle de son supérieur le commandant Omar Torrijos. Il trouve Noriega très prometteur, et le propulse dans au service de renseignement de la garde nationale Panaméenne. Les deux hommes veulent le pouvoir, et sont dans l'armée pour ça : organiser un putch.
Mais très vite un souci arrive.
Le nouveau président Panaméen se méfie de l'armée et de son pouvoir, et organise une purge pour se couvrir, Torrijos va être envoyé à l'étranger et si ça arrive, Noriega verra toutes ses ambitions de pouvoir tomber à l'eau. Mais Torrijos prend le président au dépourvu et déclenche un coup d'état le 11 Octobre 1968, qui est un succès total. Torrijos est désormais à la tête du pays. C'est là que l'ascension de Noriega va débuter et mettre tout le panama dans la merde.
Torrijos et Noriega étant amis, Noriega est nommé à la tête du service de renseignement de la garde nationale. Il est sans pitié et n'hésite pas à tuer ou à faire disparaitre ceux qui posent problème.
Mais c'est aussi une vraie petite p**e.
A cause de la révolution Cubaine quelques années plus tôt, les Américains s'inquiètent de la montée du communisme dans cette région du monde, et ont besoin de renseignements locaux. Noriega les leur vends, il donne des renseignements sur Cuba aux Américains, mais il vend aussi ces mêmes renseignements sur les Américains à Cuba, en mode agent double.
Et il ne s'arrête pas là, il vend des renseignements à la France, au Royaume-Uni, à tout ceux à qui il peut les vendre. Très vite il gagne en influence, en pouvoir et en notoriété, mais les choses tournent assez mal. Son vieil ami, le président Torrijos signe un pacte avec les Américains, il promet de faire du Panama une démocratie si les Américains abandonnent le canal de panama. Une angoisse pour Noriega, car si le Panama devient une démocratie l'armée perdra son pouvoir, et l'armée, c'est lui.
Quelques années plus tard, Torrijos disparait dans un accident d'avion, Noriega sera soupçonné d'être impliqué dans cet "accident", il n'aurait donc pas hésité à assassiner son ancien ami.
A la mort du président Noriega est le nouvel homme fort du pays, le seul "légitime" à la présidence. Mais il a un problème, à cause de contrat passé avec les USA, il faut que le Panama ait l'air d'une démocratie, il place alors à la tête du pays un pion qu'il choisit. Manque de bol, son pion perd l'élection, pas de soucis, Noriega s'en mêle et fait disparaitre 60000 bulletins de vote en faveur de l'opposition, son pion est donc élu.
C'est là que Noriega va commencer à merder totalement. A l'instant même ou il a enfin le pouvoir total.
Non content de vendre des renseignements aux Américains sur leurs ennemis mais aussi aux ennemis des Américains, Noriega entre en contact avec une start-up qui commence à peser à l'époque : le cartel de Medellin, et il aide Pablo Escobar a envoyer sa cocaine aux USA et partout dans le monde grâce aux aéroports Panaméens. Et histoire de compléter un peu sa collection, il se lance aussi dans le trafic d'armes, pour être définitivement un pourri sur toute la ligne.
Evidement avec autant de merde à son actif, quelqu'un fini par s'en rendre compte, en la personne de Hugo Spadaffora, un révolutionnaire de gauche qui dénonce publiquement Noriega. Les médias en parlent évidement, et l'info remonte aux oreilles des Américains. Ils étaient évidement déjà au courant que Noriega aidait les Colombiens à transporter leur cocaïne, mais puisqu'ils avaient besoin de lui et le soutenaient par intérêt, ils acceptaient de fermer les yeux. Ce qui n'est plus possible désormais puisque l'information est publique. Ils en font par à Noriega, qui accepte d'arrêter.
Enfin ça c'est ce qu'il leur dit, parce que non seulement il n'arrête pas, mais en plus il se mets à aide les narcotrafiquants à blanchir leur argent dans les banques Panaméennes, on parle évidement de milliards de dollars.
Très vite la drogue fait de Noriega un homme excessivement riche, qui achète des voitures de luxe, des demeures gigantesques partout dans le monde. Il fait venir des femmes des USA, organise des fêtes, se comporte comme un parrain de la drogue. Mais il a un nouveau souci, Spadaffora le révolutionnaire commence à monter la population contre lui, plutôt que de se défendre et d'essayer de faire mieux que lui : il le fait arrêter, le décapite, et on retrouve son corps sans tête le lendemain dans un canal.
Il a été torturé avant d'être décapité. La presse fait évidement écho de cette histoire qui fait l'effet d'une bombe auprès du peuple Panaméen, et Noriega doit réagir. Une fois de plus il le fait à sa manière, il envoie ses hommes saccager les bureaux des journalistes qui ont publié l'article et les menace de mort.
Mais en Juin 1986 les vrais problèmes commencent : un journaliste du New York Times publie un article qui déballe tout sur Noriega. Trafic de drogue, liens avec le cartel de Medellin de Pablo Escobar, trafic d'armes, assassinat d'opposants politiques, et la cerise sur le gâteau : le fait que le gouvernement Américain était au courant de tout et a fermé les yeux pendant des années. Désormais les Américains ne peuvent plus afficher ouvertement leur soutien à Noriega, qui devient un vrai problème, le boulet de la bande. D'autant que les Américains ont déclaré la guerre aux cartels Colombiens.
Mais Noriega a une idée. Il propose aux Américains des renseignements pour porter un coup fatal au cartel, et le plan marche à merveille, 40 hommes sont arrêtés, des millions de dollars saisis, et des tonnes de cocaïne avec. Noriega a sauvé sa tête pour l'instant. Mais un nouveau souci arrive, le second de Noriega, l colonel Roberto Diaz Herrera a qui il a promis de transmettre son pouvoir au bout de 4 ans. Les 4 ans sont écoutés, mais Noriega ne veut pas lâcher le pouvoir, et il se contente de lui filer un poste à la con au gouvernement. Herrera n'appréciera pas.
Herrera se venge et déclare publiquement devant les journalistes que Noriega a truqués les dernières élections présidentielles, a fait assassiner Spadafora, et aussi l'ancien président Torrijos en faisant exploser son avion.
L'effet est immédiat, le lendemain, 80000 panaméens sont dans la rue et manifestent pacifiquement et demandent la destitution de Noriega. Ils se moquent de son visage ravagé par l'acné et le surnomment "face d'ananas", la réponse de Noriega est fidèle à lui-même, il envoie l'armée. L'état d'urgence est déclarée et la manifestation se transforme en boucherie. Noriega commence à perdre le contrôle du pays, mais pire encore : après ces nouvelles révélations, les USA ne peuvent plus couvrir Noriega qui est allé juste beaucoup trop loin. Ils lui somment de quitter la vie politique et se laisser tomber. Noriega refuse.
Mais en plus de refuser, il cherche à faire remonter sa côte de popularité en jouant sur le sentiment anti-Américains des Panaméens.
Peu après une nouvelle élection est sensée avoir lieu, et l'opposition l'emporte très largement.
Que fait Noriega ? Il en a tellement rien à foutre, qu'il se contente de se pointer et de dire qu'il a gagné, sans aucun respect pour le résultat du vote. Evidement, tout de suite de nouvelles manifestations ont lieu, et tout de suite Noriega renvoie l'armée dans les rues pour mater ça. Même le candidat à la vice-présidence, Billy Ford, est battu par les militaires :
L'image fait le tour du monde, un candidat vainqueur des présidentielles, mis dans le sang par l'armée d'un dictateur brutal, le tout en pleine rue.
La pression monte à Washington, et les Américains sont obligés de demander la démission de Noriega.
Noriega refuse évidement, mais les nargue en plus, en affirmant devant ses médias qu'il n'a pas peur des Américains ni de la mort, et qu'il n'ira nulle part. Le souci c'est que 40.000 Américains vivent au Panama, et que les tensions entre Noriega et le gouvernement US commencent à inquiéter sérieusement. La goutte d'eau qui fait déborder le vase arrive le 16 Décembre 1989, un militaire Panaméen abat un militaire Américain qui essayait d'éviter un checkpoint. Cette fois c'en est trop, les Américains décident de se débarrasser du cas Noriega pour de bon, qu'il a foutu trop de merde.
4 jours plus tard, le gouvernement Américain envoie 20000 soldats pour envahir le Panama, l'armée Panaméenne résiste, mais Noriega disparait dés le premier jour sans donner UN SEUL ordre, aucune consigne aux militaires qui pourtant résistent malgré l'infériorité. Le foutage de merde de Noriega a atteint le stade final : le Panama est en guerre.
Après 4 jours sans nouvelles de leur chef, les forces Panaméennes se rendent, avec un bilan de 1000 soldats tués, et environ 2000 civils tués. 24 tués et 325 blessés côté Américain.
Noriega qui s'était refugié dans l'ambassade du Vatican se rend 2 jours plus tard, il est extradé vers les USA et condamné à 40 ans de prison pour trafic de drogue, racket, et blanchiment d'argent.
Qui ici peut s'asseoir à la table de Manuel Noriega et lui dire : "Je m'en bats plus les couilles que toi" ?
Il y a rien de drôle,il y a des dizaines de millions d'Américains qui vivent dans des shitholes à cause de ce genre de personnages d'extrême-droite maintenus au pouvoir contre le peuple par les USA pendant qu'ils transforment leur pays en un narco-Etat ultra violent et corrompu avec l'aide de l'armée,la police et des groupes paramilitaires (et les narco).C'est pareil au Salvador,au Honduras (et quand un opposant est élu,les américains y font un coup d'état),au Pérou (récemment Pedro Castillo y a été élu et il est déjà menacé d'un putsch par l'armée,la Police et la bourgeoisie,soutenus par les USA),en Colombie,en Equateur,en Bolivie (coup d'état en 2019 contre Morales,en un an les putschistes ont quasiment ruiné et détruit le pays)...etc...etc
Et quand un pays arrive à prendre son indépendance des USA,il subit des sanctions économiques et des embargos comparables à un crime contre l'humanité (Cuba,Venezuela,Honduras..etc)
En plus l'invasion US a surtout tué des civils et pas des militaires
Super docu Arte sur lui pour les kheys que le sujet intéresse
Le 06 juin 2022 à 04:00:34 :
En plus l'invasion US a surtout tué des civils et pas des militaires
Tactique américaine classique
Quoi le mec s'en tire avec 40 ans de taule en mode petite tape sur la main ahi
J'ai tout lu.
Intéressant.
Très bon résumé de la vie de Noriega l'auteur, j'ai tout lu
Et dire qu'il a aussi purgé une peine en France à la prison de La Santé, sauf qu'il ne bénéficiera pas des mêmes conditions de détention qu'aux USA où il était un prisonnier de guerre et avait de gros privilèges.
Le 06 juin 2022 à 04:42:44 :
J'ai tout lu.Intéressant.
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/30/4/1501187858-risitassebestreup.png
Très intéressant et bien raconté, je te up mon khey
Pour ceux que ça intéresserait, je vous partage une vidéo super bien faite expliquant le bordel monstre qu'ont foutu les USA en amérique latine, c'est terrifiant :
https://youtu.be/j8NVpke3chk
les forces de défense panaméenne (le FDP)
ça porte bien son nom
Merci pour ce moment fort intéressant d'histoire khey